Egypte: Du bon usage de la qualification d’infidèle selon l’Université al-Azhar

Terroristes oui, mais infidèles non

Le Caire, 15 décembre (Apic) L’Université d’al-Azhar, au Caire, reconnue comme une des principales autorités de l’islam sunnite, a réaffirmé explicitement que la définition d’infidèle ou d’apostat (en arabe kâfir) ne peut être légitimement appliquée qu’aux non musulmans. Elle ne peut donc être attribuée à aucun fidèle islamique, quels que soient ses crimes.

Quelqu’un ne peut être défini comme infidèle que lorsqu’il nie la profession de foi islamique (shahada), souligne l’université dans un communiqué, rapporté par l’agence d’information vaticane Fides.

Les groupes et les factions de la galaxie djihadiste tels que les miliciens du prétendu «Etat islamique» traitent constamment d’infidèles, d’athées et d’apostats les autres musulmans. De tels groupes se font ainsi les artisans d’une manipulation de l’islam, dénonce al Azhar. Dans le monde arabe, cette déviance sectaire qualifie d’hérétiques tous les musulmans qui ne partagent pas son point de vue. Elle légitime ainsi leur élimination physique. Elle est qualifiée de «takfirisme».

Cependant, selon les interprètes d’al-Azhar, pour éviter précisément de tomber dans l’erreur du «takfirisme», il faut s’abstenir de qualifier d’infidèles ou d’apostats les miliciens djihadistes, même s’ils répandent la terreur parmi les populations au nom de leur idéologie islamiste en s’appuyant sans relâche des versets du Coran. Les responsables musulmans ne peuvent donc pas émettre de sentences d’apostasie contre un croyant abstraction faite de ses péchés.

Pas de contradiction

Mgr Antonios Aziz Mina, évêque copte catholique de Guizèh, ne relève pas de contradiction entre la condamnation du terrorisme exprimée par al-Azhar et son attitude tendant à refuser de donner la qualification d’athées et d’infidèles aux groupes djihadistes. «Ceux qui commettent des actes de terrorisme sont des terroristes. Ils doivent être condamnés en tant que tels, même lorsqu’ils déclarent agir au nom de Dieu et du coran. Les qualifier d’athées ou d’infidèles peut servir à escamoter le vrai problème, à savoir la perpétuation du fanatisme à l’intérieur de courants qui fondent leur violence sur une interprétation déviante de l’islam, réactualisant une ‘théologie du sang’ qui appartient à des époques désormais passées de la civilisation islamique». (apic/fides/mp)

15 décembre 2014 | 14:43
par webmaster@kath.ch
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