Pascal Fessard

Catéchèse pour la génération porno

Un phallus en peluche pour les toutes-petites; serait-ce la nouvelle stratégie commerciale des supermarchés érotiques? Peut-être. Dans le cas présent, il s’agit surtout d’un nouveau matériel scolaire. L’Union Démocratique Fédérale (UDF), parti d’obédience chrétienne, a réagi par une pétition contre ce qu’elle appelle la sexualisation de l’école obligatoire. Un beau combat, certes, mais qui, s’il tord le coup à une innovation malheureuse, ne résout pas le problème posé par la pornographie de masse sur internet.

 

Sous l’égide de la Commission fédérale pour l’enfance et la jeunesse (CFEJ), la Haute école pédagogique de Lucerne a développé un Centre de compétence pour l’éducation sexuelle à l’école. Ce dernier élabore un programme complet d’éducation sexuelle devant supplanter un enseignement traditionnel jugé inefficace, abandonné au bon vouloir d’enseignants mal formés et au mutisme de parents dépassés. Dans le même temps, la jeunesse se confronte de plus en plus tôt à la pornographie. Fini les salles confidentielles chez le vidéothécaire, grâce à l’internet les enfants disposent d’une offre invasive et illimitée, à la maison, sur l’ordinateur familial ou le téléphone offert par grand-maman. Pour la CFEJ, cette génération dite «porno» n’est pas une génération d’obsédés, mais elle a besoin d’un espace de discussion que seule l’école pourrait offrir.

 

La sexualisation de la société est partout. Nous devrions parler de «civilisation porno». Sur l’internet, 50% des requêtes revêtent un caractère sexuel. Autant dire que les enfants ne sont pas les seuls en cause, bien au contraire. Face à cette déferlante, il paraît complètement illusoire de les préserver dans une bulle d’innocence. Un lieu d’éducation, de dialogue ouvert et de valeurs s’impose donc. Mais l’Etat démocratique laïc court là où se situe la majorité ; on le voit mal résister à l’invasion pornographique.

 

Laissez-moi prêcher pour un renouveau de la morale sexuelle chrétienne lors des catéchèses. L’Eglise a ici une richesse à faire valoir, et pas seulement en matière de pédophilie. Elle défend des valeurs édifiantes comme le mariage, la famille, la fécondité, l’intimité du couple, la fidélité. Et la jeunesse en redemande. Le succès de la JMJ – plus d’un million de jeunes rassemblés à Madrid cette année – s’explique par le désir de partager de telles valeurs. Les jeunes n’y viennent pas d’abord par l’effet d’un mysticisme exacerbé ou d’une vocation mûrie, mais par l’envie de rencontrer un futur mari, une future femme, quelqu’un «d’épousable» voulant une famille unie et des enfants. Ils espèrent bâtir une civilisation d’amour.

 

«Youcat«, le catéchisme de l’Eglise catholique pour les jeunes, me paraît constituer un bon point de départ. Il condamne fermement la pornographie et s’adresse aux jeunes (mais pas aux enfants). Offrons-nous en conclusion un sympathique extrait: «De même que pour faire de la bière il faut du houblon, du malt et de l’eau, de même l’Eglise considère que le plaisir sexuel, l’amour et la transmission de la vie forment un tout. Si un homme avait une femme pour le plaisir, une autre pour la poésie de l’amour, une troisième pour des enfants, il les instrumentaliserait toutes les trois, sans en aimer vraiment aucune!»

 

Pascal Fessard

19 septembre 2011 | 08:51
par Pascal Fessard
Temps de lecture : env. 2  min.
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