Un milliard de dollars ou l’équivalent de 24’166 ans
Michael Jackson signe le contrat publicitaire du siècle avec Sony (050491)
de travail pour un Suisse à raison de 5’000 francs par mois
Fribourg, 5avril(APIC) Un milliard de dollars, c’est peu et beaucoup à la
fois. Peu en regard de la dette extérieure globale du tiers monde estimée à
1’200 milliards de dollars. Beaucoup si l’on considère ce qu’il serait possible de faire avec une telle somme pour venir en aide aux 20 millions
d’Africains menacés de famine ou pour tenter d’enrayer l’épidémie de choléra qui ravage le Pérou. Un milliard de dollars, disions-nous? Le montant
quotidien à quelques francs près dépensé par les alliés durant la guerre du
Golfe, mais aussi le cachet que touchera le chanteur américain Michael
Jackson pour assumer la publicité de la firme japonaise Sony. Un milliard
de dollars, un peu moins d’1,5 milliard de francs suisses. En d’autres termes la somme que gagnerait un ouvrier péruvien par exemple s’il travaillait
durant 1’208’334 ans. Ni plus ni moins.
Le champion de l’excentricité, le champion de la vente de disques vient
d’empocher 1,450’000’000 milliard de francs, fruit du marché juteux proposé
par le groupe américain Sony. Le contrat porte sur six disques compacts,
des films et des vidéos pour lesquels Sony achète l’exclusivité, a confirmé
à l’agence APIC Rainer Muller, responsable des relations publiques pour la
Suisse de la firme Sony à Zurich. Des programmes TV et le droit de se servir du label Jackson ainsi que l’obligation faite au chanteur d’utiliser
dans la mesure du possible les appareils produits par Sony complètent les
clauses du contrat, précise-t-on à Zurich. Le cachet publicitaire du siècle
a donc fait un milliardaire supplémentaire. Il faut dire que Michael Jackson avait joint les deux bouts ces dernières années en s’octroyant un salaire de quelque 700 millions de francs dont 145 pour l’année fiscale
1989/90.
1,450 milliard de francs? Choquant et scandaleux, commentent les
différentes oeuvres d’entraide contactées en Suisse qui se battent pour
obtenir les fonds nécessaires à leurs programmes d’aide au tiers monde.
Avec cette somme, déclare Herbert Oberholzer, architecte à Rapperswil et
membre de la Commission d’experts de l’Action de Carême pour «Mission et
développement», 3’918 écoles primaires pour 120 enfants comme celle
construite l’an dernier en Tanzanie auraient pu être édifiées. Comme on
aurait pu construire 4’531 hôpitaux de 65 lits du type de celui, pour
tuberculeux, réalisé l’an dernier en Tanzanie également.
370’000 francs pour l’école et 320’000 francs pour l’hôpital, faites le
calcul. De quoi venir en aide à bon nombre d’analphabètes et de malades de
dénutrition dans le tiers monde. Et pourquoi pas ailleurs et même aux
Etats-Unis, puisque selon le Centre de recherche alimentaire de Washington,
un enfant sur quatre âgé de moins de 12 ans souffre de la faim dans ce pays
considéré comme l’un des plus riches du monde? 5,5 millions d’enfants souffrent de la faim et 6 millions d’autres n’ont pas assez à manger aux
Etats-Unis, indique ce Centre. La misère en d’autres termes pour ces gosses
appelés à consommer du Michael Jackson.
Un milliard de dollars pour quelque années à travailler pour Sony. En
d’autres termes, l’équivalent de 24’166 ans de sueur pour un ressortissant
Suisse à raison de 5’000 francs par mois. Mais aussi, calcul à l’appui selon les chiffres fournis par les ambassades, l’équivalent de 207’142’877
jours de travail pour un Philippin de Manille au bénéfice d’un salaire moyen de 7 francs la journée; de 22’307’692 mois de labeur pour un ouvrier mozambicain; de 2,416 millions d’années – et des poussières – pour l’ouvrier
du Tchad, alors qu’il ne faudra que 1,208 millions d’années à un Péruvien
et un peu plus de 929’000 ans à son collègue colombien pour réunir cette
somme. En mettant tout dans un bas de laine. (apic/Pierre Rottet)