La Chaux-de-Fonds: Célébration de Carême le mercredi en milieu de journée

La Chaux-de-Fonds, 22 mars 2015 (Apic) Un prêtre distribue les feuilles de chant à l’entrée de l’église, alors que ses confrères se changent dans la sacristie. Les fidèles affluent en petits groupes, un musicien accorde sa guitare et la sacristine prépare les objets liturgiques. Aucun doute: une messe se prépare. Et pourtant il est midi et quart, en ce mercredi de Carême.

Qui ne connaît pas l’église Notre-Dame de la Paix à La Chaux-de-Fonds risque fort de ne pas la trouver. L’édifice, clocher compris, ne dépasse pas en hauteur les immeubles et même les maisons individuelles environnants, et encore moins les industries et les bureaux du quartier situé au sud-ouest de la gare. Le bâtiment en béton, de forme cubique, date de 1956, une époque d’effervescence industrielle et de forte arrivée de travailleurs du Sud, en majorité catholiques.

Les cloches sonnent à 12h05. Les fidèles convergent en rangs dispersés vers le lieu de culte. L’abbé Jean-Marie Oberson accueille les arrivants en leur tendant une feuille de chants. Un guitariste accorde son instrument, pendant qu’un technicien installe les micros. Tout est prêt. A midi et quart, la messe peut débuter.

L’assemblée compte une petite majorité de personnes âgées, mais également des travailleurs (près d’un tiers selon un des célébrants), ainsi que quelques familles avec enfants en bas âge. Bref: une assemblée «ordinaire» d’une messe dominicale. Quelques retardataires, peut-être retenus au bureau par leur chef, arrivent durant le rite d’entrée ou les lectures. Au total, une septantaine de fidèles des Montagnes neuchâteloises (La Chaux-de-Fonds et environs) participeront à cette célébration de la mi-journée. Pour les encadrer, pas moins de 5 prêtres célébreront la messe, soit l’ensemble du clergé de La Chaux-de-Fonds et du Locle, (y compris le jeune aumônier de la Mission italienne), l’aumônier cantonal des Missions portugaises, ainsi que l’animatrice pastorale.

Messe «garantie» en 30 minutes

L’information sur internet au sujet de cette célébration garantit une messe «en 30 minutes». La promesse sera tenue, sans empressement et tout en respectant une ambiance recueillie, et aucune rubrique liturgique ne sera oubliée. «Nous tenons à rassurer les travailleurs, afin qu’ils sachent la durée de leur absence durant la pause de midi», explique l’abbé Jean-Claude Dunand, curé de la paroisse Notre-Dame de la Paix depuis 4 mois et auparavant modérateur dans l’Unité pastorale de la région de Bulle.

Même les quelques enfants présents à la célébration, s’ils manifestent un peu d’impatience à partir de l’homélie, restent très tranquilles dans l’ensemble. L’ambiance est en même temps très priante et très conviviale. Les gens ne se connaissent pas tous – ils viennent de plusieurs communes des Montagnes neuchâteloises – mais on perçoit clairement l’esprit communautaire qui anime certaines communautés de passage, comme lors des pèlerinages par exemple.

Mais qu’est-ce qui pousse des catholiques à se rendre à la messe au milieu de la semaine aux heures de midi? «C’est un temps spécial, c’est Carême. Alors on fait un petit sacrifice», glisse une dame âgée à la sortie de la célébration, avant de rejoindre la salle paroissiale où sera servie une soupe, du pain, du fromage, du jambon et quelques gâteaux. «Ces messes sont plus conviviales que celles du dimanche. En plus, les prêtres de la région sont là, nous pouvons les rencontrer et nous pouvons partager un repas ensemble. Que demander de plus?», affirme une autre paroissienne.

Une autre dame entre deux âges, très engagée dans la paroisse, ressent une réelle ferveur lors de cette célébration de la mi-journée. «Les participants ont choisi tout à fait volontairement de vivre une messe, sans que l’habitude ni le contexte social n’y soient pour quelque chose. D’où cette ambiance particulièrement recueillie», affirme-t-elle. Ajoutant: «Et cela me fait particulièrement plaisir de voir les prêtres de la région».

Une septantaine de participants à chaque messe

Les autres célébrations des mercredis de Carême ont également attiré une septantaine de participants, mais pas toujours les mêmes, selon l’abbé Dunand. Ainsi, aucune famille avec enfants n’était présente les deux premières fois. Il dit apprécier cette expérience intercommunautaire, qui lui permet aussi de rencontrer ses confrères de la région et échanger des nouvelles avec eux.

«C’est la première fois cette année que nous proposons la messe à 12h15 durant le temps de Carême. Ordinairement, la messe du mercredi se déroule le matin et n’attire qu’une quinzaine de personnes», souligne-t-il. Est-ce à dire que l’expérience pourrait même se prolonger en dehors des temps spéciaux comme Carême ou l’Avent? «Pourquoi pas? Ce n’est pas exclu. Nous allons sonder les fidèles et évaluer l’expérience», affirme Jean-Claude Dunand.

En arrivant dans les Montagnes neuchâteloises après un ministère en Gruyère, l’abbé Dunand a rencontré une communauté très différente de ce qu’il a déjà vécu. La population locale se caractérise par une forte proportion de ressortissants d’origine étrangère, venus se faire embaucher dans le canton à l’époque du fort développement industriel. «J’ai eu la volonté de créer des synergies avec mes confrères des missions linguistiques. Nous pouvons ainsi bénéficier davantage des richesses des uns et des autres», souligne-t-il.

La soupe servie dans la salle paroissiale à l’issue de la célébration a d’ailleurs été mijotée par une famille portugaise, selon une recette de leur pays. La semaine précédente, c’était une Africaine qui s’était acquittée de cette tâche. La majorité des fidèles sont venus partager ce repas, et la plupart des retraités présents prolongeront même ce moment de fraternité durant l’après-midi. (apic/bb)

L'abbé Jean-Claude Dunand , curé de la paroisse de Notre-Dame de la Paix à La Chaux-de-Fonds
22 mars 2015 | 11:09
par Bernard Bovigny
Temps de lecture: env. 4 min.
Carême (160), La Chaux-de-Fonds (8), Messe (273)
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