L'islamiste  Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement marocain (Photo:
International

Les islamistes veulent durcir au Maroc la répression contre le non-respect du jeûne et l’adultère

Rabat, 4 mai 2015 (Apic) Le gouvernement marocain, dirigé par les islamistes «modérés» d’Abdelilah Benkirane, du Parti de la justice et du développement (PJD), envisage de durcir les sanctions contre le non-respect du jeûne, en public, pendant le mois de ramadan, et l’adultère.

Selon le quotidien marocain «Libération», l’avant-projet de loi du Code pénal en cours de rédaction prévoit l’emprisonnement de toute personne qui  interromprait volontairement le jeûne. Les rapports sexuels hors mariage entre deux adultes consentants continueront eux aussi d’être sévèrement réprimés par une peine d’emprisonnement. L’article 490 du Code pénal marocain, basé sur la loi islamique, érige en infraction les relations sexuelles hors mariage.

Pas question de remettre en cause «les valeurs de l’islam»

«Pas question de discuter de la rupture du jeûne pendant le Ramadan et des relations sexuelles hors mariage, qui sont contre les valeurs de notre société et remettent en question l’islamité de notre pays», a déclaré fin avril le ministre de la Justice Mustapha Ramid, lors d’une conférence de presse de présentation du projet.

Il s’interdit de revoir «ces articles du Code pénal relatifs aux valeurs de l’islam». Un avocat, dont l’identité n’a pas été publiée, a estimé que l’avant-projet de loi du Code pénal «menace les acquis démocratiques et place les libertés individuelles sous haute surveillance».

Le modèle de société que veulent les islamistes, tenants du pouvoir, «est aux antipodes de la démocratie, de la liberté, et de  la modernité», a déploré pour sa part, un militant d’un parti de gauche, l’Union socialiste des forces populaires (USFP).

Contrairement à  la rupture volontaire du jeune et à l’adultère, le projet  de nouveau code pénal comporte des points positifs, considérés comme «des avancées». Il prévoit des peines alternatives aux peines de prison, la criminalisation du harcèlement sexuel, des sanctions dures contre les crimes liés à la disparition forcée, à la traite des humains, à l’appel à la haine ou encore la corruption.

Retour de la polygamie

Le quotidien local «Libération» relève encore que la polygamie, officiellement interdite au Maroc, fait «son grand retour» au sein même du gouvernement. «Le ministre marocain des Relations avec le Parlement, Lahbib Choubani, convolera bientôt en secondes noces avec sa collègue ministre déléguée auprès du ministre de l’Enseignement supérieur, Soumia Benkhaldoun. En secondes noces, non parce que L. Choubani a divorcé ou est veuf, mais parce qu’il est déjà marié», écrit le quotidien français «Le Monde». Alors que le Code du statut personnel a rendu difficile la polygamie en la conditionnant à des contraintes, un troisième membre du gouvernement s’apprête à prendre une deuxième femme.

Sur la toile, la colère prend de plus en plus de proportions. Dans les rangs des partis de l’opposition, la résistance s’organise alors que la société civile entend se mobiliser pour défendre les libertés mais aussi la dignité des femmes. «En fait, la polygamie est loin de gêner les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD). C’est même leur marque de fabrique qu’ils sont aujourd’hui en train de banaliser. Et quand c’est un ministre, censé donner l’exemple, qui devient polygame en 2015, cela indique bien à quel modèle de société nous avons affaire», s’est indigné un défenseur des droits des femmes. (apic/liberation/ibc/b)

 

L'islamiste Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement marocain
4 mai 2015 | 13:12
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
Adultère (2), Islamistes (26), Jeûne (32), Maroc (59)
Partagez!