contentieux entre catholiques de rite latin et uniates
Pologne : Le pape Jean Paul II veut régler le lourd (030691)
Mgr Lubachivsky accepte un compromis concernant la cathédrale de Przemysl
Lvov/Przemysl, 3juin(APIC) Le pape Jean Paul II, surprenant la foule rassemblée à Przemysl, une ville au sud-est de la Pologne près de la frontière
soviétique, a offert symboliquement dimanche aux catholiques de rite byzantin (uniates) l’église du Sacré-Coeur. Sous les applaudissements, il a promis d’élever cette église au rang de cathédrale. Jean Paul II a tenté ainsi
d’apaiser les tensions entre gréco-catholiques (uniates) d’origine ukrainienne et catholiques polonais de rite latin. Chef de file des catholiques
ukrainiens, le cardinal Miroslav Ivan Lubachivsky a qualifié ce geste de
«compromis acceptable». Le pape a encore annoncé en langue ukrainienne
qu’il se rendra à Lviv (Lvov) en Ukraine dès que cela lui sera permis.
La remise aux uniates polonais de l’église du Sacré-Coeur, une ancienne
église de garnison autrichienne, devrait compenser l’impossible restitution
de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste (actuellement appelée cathédrale SteThérèse), qui fut de 1785 à 1946 la cathédrale des gréco-catholiques, jusqu’à l’arrestation par le gouvernement polonais de l’évêque ukrainien catholique Josaphat Kotsylovsky et son expulsion en URSS. Cette cathédrale
aurait dû être rendue l’an dernier aux uniates, mais des manifestations nationalistes polonaises ont empêché cette restitution.
Des catholiques de rite latin s’étaient enfermés dans la cathédrale et
avaient entamé une grève de la faim. Mgr Martyniak, l’évêque gréco-catholique de Pologne, aurait dû y être installé solennellement le 13 avril dernier, mais des manifestations nationalistes l’en ont empêché, malgré un accord entre l’évêque uniate et la Conférence épiscopale polonaise. Un accord
avait en effet été sign, permettant aux catholiques ukrainiens de Przemysl
d’utiliser l’église en attendant qu’une nouvelle cathédrale soit bâtie pour
les gréco-catholiques.
Jusqu’à une date récente, les catholiques ukrainiens de Pologne ne disposaient pratiquement d’aucun lieu de culte, leurs églises ayant été après
la guerre soit fermées, soit remises aux catholiques polonais de rite latin. Les manifestants nationalistes polonais qui occupaient la cathédrale
de Przemysl – où Jean Paul II devait rencontrer la communauté gréco-catholique – ont dû être évacués par la police à la veille de l’arrivée du pape,
qui n’a donc pas pu y voir les uniates.
Le cardinal Lubachivsky a déploré le comportement des manifestants de
rite latin à l’égard des uniates. Il a cependant salué l’offre de l’église
du Sacré-Coeur faite par le pape et relevé que la promesse de l’élever au
rang de cathédrale était un pas pour sortir des tensions entre catholiques
de différents rites. Plusieurs observateurs religieux ont cependant estimé
que cette solution faisait plutôt l’affaire des milieux «fondamentalistes
et nationalistes» du catholicisme polonais. Le chef de l’Eglise catholique
ukrainienne s’est encore félicité de l’attitude des autorités soviétiques
qui n’ont fait aucune difficulté aux frontières pour les quelque 10’000
catholiques venus d’Ukraine.
Larmes de déception chez de nombreux catholiques ukrainiens
Sortis de la clandestinité il y a un an à peine, de nombreux catholiques
ukrainiens ont fait un long déplacement et ont dû passer la nuit dans leurs
bus. Pour la plupart d’entre eux, le franchissement de la frontière polonaise était une grande première. La déception n’en a été que plus amère
quand nombre d’entre eux n’ont pu voir le pape de près, faute de cartes
d’accès à l’église du Sacré-Coeur. Pauvrement vêtus, ces catholiques ukrainiens ont été retenus derrière les grilles par les responsables locaux de
la visite du pape. Ils se consoleront avec l’annonce d’une prochaine visite
du pape en Ukraine. (apic/cic/kna/kpr/be)