Rwanda: 10’000 personnes au pèlerinage de Kibeho (030691)

L’évêque de Butare: Soyons prudents avant d’admettre «les apparitions»

Butare (Rwanda), 3juin(APIC) Environ 10’000 personnes se sont rendues le

15 mai dernier à Kibeho, au Rwanda, pour célébrer le 10e anniversaire de

phénomènes religieux liés à des apparitions du Christ et de la Vierge Marie. C’est ainsi que la Sainte Vierge serait apparue à six jeunes filles et

à un garçon. Jésus serait apparu également à deux voyants. Le 15 mai, selon

des témoins, l’apparition de la Vierge aurait duré plus de trois heures,

précédée par des signes dans le ciel. Mgr Jean-Baptiste Gahamanyi, évêque de Butare (Rwanda), interrogé lundi par l’agence APIC, met cependant en garde l’opinion publique face à certaines déclarations des voyants qui paraissent à première vue un peu extravagantes, soit du point de vue de la réalité des faits soit du point de vue de la tradition authentique de la foi catholique.

Des voyants ont donné le témoignage suivant: «L’apparition de la Sainte

Vierge a commencé à 16h30. Nous avons vu alors une étoile dans le ciel,

puis le soleil a dansé et a diffusé des couleurs bleues et blanches». Valentine Nyiramukisa, une voyante à qui la Sainte Vierge serait apparue pour

la première fois le 15 mai 1982, a de son côté affirmé: «l’apparition annonçait la présence de l’eucharistie dans ce soleil d’un aspect inhabituel

et nous la remarquions». Ces mêmes témoins disent que le message parlait

spécialement de l’utilité qu’il y a «à prier le rosaire, pilier et toit de

vie du chrétien».

Dans sa déclaration à l’agence APIC, Mgr Gahamanyi affirme n’avoir pas

été présent sur les lieux du pèlerinage le 15 mai, mais qu’une commission

théologique diocésaine avait fait le déplacement pour mieux saisir ce qui

se passe exactement dans ce lieu de pèlerinage. Cette commission est en

train de mettre sur pied un rapport sur les événements de Kibeho. Mais selon l’évêque de Butare, beaucoup de gens viennent pour la première fois et

ont tendance à exagérer, voire à présenter des visions fantaisistes. C’est

ainsi qu’une personne, parmi les voyants, a commencé à annoncer des événements extraordinaires concernant la guerre et qui menaçaient certaines personnalités politiques du pays. Quant aux manifestations dans le ciel (étoile, soleil qui danse), elles existaient déjà dans des «apparitions» précédentes; elles sont signalées dans l’étude qui tente de faire le point sur

ces questions controversées autour du fameux pèlerinage marial rwandais,

insiste l’évêque de Butare. Mgr Gahamanyi est en outre troublé par le fait

que la conduite d’une voyante «ne correspond pas aux faveurs qu’elle prétend avoir reçues de la Sainte Vierge».

La prudence s’impose dans l’interprétation des événements

Par conséquent, après les derniers événements du 15 mai, l’évêque demande que l’on reste très prudent pour interpréter les apparitions de Kihebo.

Il s’en tient aux déclarations qu’il avait faites en octobre 1988.

Mgr Gahamanyi avait alors autorisé un culte public à Kibeho en octobre

1988 tout en signalant que «sa décision ne signifiait pas une reconnaissance officielle par l’Eglise de l’authenticité des apparitions. Son approbation, ajoutait-il, est conforme à la pratique habituelle de l’Eglise qui

fait la distinction entre la permission d’un culte public et la reconnaisssance du caractère surnaturel des apparitions ou révélations qui sont censées s’être produites».

L’évêque de Butare estimait déjà à l’époque qu’il peut arriver – et

l’histoire de l’Eglise le montre – que des apparitions ne soient pas reconnues alors que le culte public est permis; il y a eu aussi des cas où l’approbation du culte public a coïncidé avec la reconnaissance du caractère

surnaturel des apparitions. Bref, le souci de l’Eglise est double: si elle

veut rester «prudente» et même «réticente» envers les apparitions, elle désire cependant sauvegarder les fruits spirituels de ce pèlerinage. (apicbicer/com/ba)

3 juin 1991 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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