Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo, vicaire pour  la Palestine du Patriarcat latin de Jérusalem |  Maurice Page
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Nazareth: L'Eglise lance un appel pressant aux pèlerins pour venir en Terre Sainte

Nazareth, 14.08.2015 (cath.ch-apic) L’Eglise catholique en Palestine et en Israël lance un appel pressant aux fidèles afin qu’ils continuent de venir en pèlerinage en Terre Sainte.

De Nazareth, Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo interpelle ainsi les chrétiens d’Europe: «Vous voulez abandonner la Terre Sainte à son sort? Pèlerins, continuez de venir! Vous êtes ici plus en sécurité qu’en Europe ! Libérez-vous de la peur et venez».

Mgr Marcuzzo, vicaire pour Israël du Patriarcat latin de Jérusalem, affirme que le pèlerinage en Terre Sainte est sûr. Il affirme que les craintes des pèlerins «sont toutes irrationnelles» tandis que «les fruits d’un voyage spirituel sur les lieux de Jésus sont si riches qu’ils peuvent changer nos vies». Mgr Marcuzzo, qui réside à Nazareth, s’est associé aux appels lancés ces derniers jours par le custode franciscain de Terre Sainte, le Père Pierbattista Pizzaballa, et par de nombreux autres responsables de l’Eglise, afin que l’on n’abandonne pas la Terre Sainte.

Par peur, les gens renoncent au pèlerinage en Terre Sainte

«Ces derniers mois, grâce à Dieu, de Dan à Beersheva, nous bénéficions d’une sécurité totale et d’une tranquillité générale. Un souci raisonnable serait un signe de prudence, de bon sens et de sagesse, poursuit l’évêque de Nazareth. Mais la crainte est dénuée de tout fondement, non seulement elle ne produit rien, mais paralyse les gens et bloque toute initiative et ingéniosité en faveur de la croissance et du progrès. Il est impressionnant de constater combien de dommages peuvent causer cette crainte infondée».

Mgr Marcuzzo a pu constater, lors des colloques et des rencontres qu’il a eus avec des fidèles en Europe, que les gens ont peur et renoncent au pèlerinage en Terre Sainte. Ces fidèles mentionnent les massacres et les enlèvements qui se produisent en Syrie, en Irak, en Libye et même maintenant en Tunisie. Mais Mgr Marcuzzo relève qu’entre ces pays et la Terre Sainte, «géographiquement et politiquement parlant, il y a une distance abyssale… La Terre Sainte est loin de ces problèmes. Nous sommes plus confiants en Terre Sainte qu’en Europe ou en Italie!».

Le pèlerinage, un moyen efficace d’aider les chrétiens locaux

Les pèlerins demandent souvent à Mgr Marcuzzo: «Que pouvons-nous faire pour aider les chrétiens de Terre Sainte?». Et l’évêque de répondre qu’il existe plusieurs façons d’aider, «mais la plus ‘simple’ et la plus efficace demeure encore le pèlerinage. Un pèlerinage fait du bien au pèlerin tout comme au chrétien local, et ne fait porter de charges supplémentaires à personne».

Les pèlerinages aident surtout économiquement les chrétiens locaux. «Un bon pourcentage des chrétiens – à Bethléem et à Jérusalem, on les estime à environ 30% – tirent leurs revenus du secteur touristique et spécialement des pèlerinages». Cela signifie que quand il y a des pèlerinages, au moins 30% des chrétiens travaillent normalement, mais lors d’une baisse de la fréquentation, «30% d’entre eux sont exposés de plein fouet au chômage et donc, directement ou indirectement, sont poussés à émigrer», note l’évêque.

Le principal soutien est d’ordre moral

«Mais le soutien principal que les pèlerins peuvent offrir aux chrétiens locaux, celui qui prime sur tous les autres aspects, est d’ordre moral, social et ecclésial. Toujours du fait de notre statut de petite minorité, l’Eglise locale se découvre forte et encouragée par l’Eglise universelle; quand elle sent qu’elle fait partie d’un ensemble plus grand, elle se rend compte qu’elle n’est pas oubliée ou abandonnée seule face à ses difficultés. En d’autres termes, chaque fois que les chrétiens à Nazareth, Jérusalem, Bethléem et Amman voient un bus de pèlerins arriver, ils disent quelque chose comme ceci: ‘Ah ! ils sont là! Ils ne nous ont pas oubliés, plus encore ils aiment notre terre et vont partager pendant au moins quelques jours nos vies’».

«Visiter la Terre Sainte, c’est aider économiquement les chrétiens locaux qui travaillent dans le domaine de l’hébergement des pèlerins. Malheureusement, au fil du temps, la baisse des arrivées se traduit par une perte de revenus, une augmentation du chômage et la tentation pour de nombreux chrétiens arabes, de quitter le Moyen-Orient et chercher fortune ailleurs. Tout cela met sérieusement en péril la présence chrétienne dans le pays même où est né le christianisme», écrit pour sa part Mgr William Shomali sur le site www.terrasanta.net.

L’incendie de l’église de Tabgha, «un cas exceptionnel»

Vicaire du Patriarcat latin de Jérusalem et président de la commission pèlerinages de l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte, Mgr Shomali relève que Nazareth, Jérusalem, Bethléem «sont des endroits sûrs. L’incendie criminel perpétré par de jeunes extrémistes juifs qui a visé l’église de la Multiplication des pains à Tabgha «demeure un cas exceptionnel, condamné publiquement par tous les religieux locaux». (apic/be)

 

Mgr Giacinto-Boulos Marcuzzo, vicaire pour la Palestine du Patriarcat latin de Jérusalem | Maurice Page
14 août 2015 | 11:24
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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