Le théologien Eugen Drewermann conteste publiquement son évêque (230991)
«Je crois être fidèle et ne veut pas me retracter»
Bonn, 23septembre(APIC) Eugen Drewermann, prêtre et psycho-thérapeute, a
refusé la demande de retractation faite par Mgr Joannes Joachim Degenhardt,
archevêque de Paderborn, au sujet de ses positions controversées. Il ne
peut accepter cette exigence de l’évêque, car il ne retrouve pas dans ses
propres déclarations les reproches que lui fait l’archevêque, a dit le
théologien lundi devant des journalistes à Bonn. Maintenant il veut ouvrir
publiquement son dossier.
Au sujet de la question de l’avortement, on est obligé de procéder à un
éclaircissement, a précisé Eugen Drewermann. La mort d’un embryon reste la
mort d’un être humain et donc une faute grave, mais il existe des «cas véritablement tragiques», dans lesquels «la faute grave» est inévitable. Il
convient de poser la question: «Est-il hérétique, non-catholique et inopportun, dans de tels cas, d’exiger de la part de l’Eglise compréhension et
miséricorde au lieu de l’excommunication et des punitions qui mènent parfois à la prison?»
Eugen Drewermann reproche en outre à son évêque une «claire volonté de
le condamner». Quand de nombreuses tentatives d’explication faites honnêtement dans un esprit de dialogue ont échoué, il ne me reste alors que la solution d’une explication publique, a encore dit le prêtre. «Une Eglise,
dans laquelle un évêque a l’audace d’être en même temps accusateur, juge et
exécutant des peines, devient une Eglise que Jésus n’a pas voulue. J’ai dénoncé depuis toujours une telle Eglise, et me référant à l’homme de Nazareth, une telle Eglise ne me paraît pas chrétienne».
Peter Eicher, théologien de Paderborn, reproche de son côté à l’archevêque de faire un chantage à Eugen Drewermann. Mgr Degenhardt aurait quitté
brusquement une réunion de conciliation, en juillet 1990, sans en donner
les raisons. Or selon la propre volonté de l’évêque , une telle discussion
aurait dû ouvrir un processus d’entente. Mais dans une lettre du 17 septembre, l’archevêque aurait «menacé» Eugen Drewermann de lui interdire l’enseignement et de le «suspendre» comme prêtre. Il lui a donné en outre la
date du 5 octobre pour se rétracter. Peter Eicher précise qu’un tel ultimatum comme les suspensions prévues ne peuvent être prononcées que lorsque
l’Eglise est en extrême danger. Il ajoute: même pour le théologien suisse
Hans Küng, on n’est pas aller jusque-là. (apic/gs/ba)