Homélie du 03 mai 2015
Prédicateur : Chanoine Jean-Paul Amoos
Date : 03 mai 2015
Lieu : Abbaye de Saint-Maurice
Type : radio
«Demeurez en moi comme moi en vous».
Mes frères, mes sœurs, chers auditeurs,
L’Évangile de ce dimanche nous offre un extrait du merveilleux testament de Jésus livré au soir du Jeudi-Saint.
Dans les premiers versets de son chapitre 15, saint Jean nous dit que « c’est la gloire du Père que nous portions du fruit et devenions les disciples de Jésus ». C’est aussi la joie et la gloire du paysan lorsque ses arbres, son blé ou sa vigne portent beaucoup de fruits.
Les fruits dont parle Jésus dans l’Evangile que nous venons de lire sont les fruits de l’amour que tout chrétien se doit de porter.
Jésus qui sait mieux que nous que le plus ne peut pas sortir du moins, sait aussi très bien que nous n’avons pas en nous la capacité d’aimer d’un amour véritable; c’est la raison pour laquelle, il nous parle au travers d’une réalité que ses disciples et nous-mêmes connaissons bien : la vigne. Il veut se faire comprendre en parlant de cep et de sarments.
C’est l’histoire de la vigne en Europe au cours de ces derniers siècles, qui va nous permettre de bien saisir ces paroles de Jé-sus :
« Je suis le cep, vous êtes les sarments ».
Comme vous le savez peut-être, il s’en est fallu de peu pour que la vigne disparaisse de nos coteaux. Cela tout simplement à cause d’un petit parasite, le phylloxera qui anéantissait tous les ceps.
Heureusement, un jour, on a trouvé un nouveau plant : « l’américain » comme on le nomme, le 3309, découvert en 1881 par Georges Couderc. Ce plant américain provient d’un cep qu’on appelle le « pied-mère, une sorte de « pied-souche ». Et chose fabuleuse, le phylloxéra ne peut rien contre lui. Quelle merveilleuse trouvaille.
Sur des tiges de 30 à 50 cm de ce nouveau plant beaucoup plus fort, nos vignerons se sont mis à greffer nos bons cépages indigènes : chasselas, pinot ou malvoisie et autres…
Si je me suis attardé avec vous sur l’histoire du greffage de la vigne, c’est afin de mieux comprendre l’unité qu’il y a entre Jésus et nous.
L’homme, tout homme a été atteint par le phylloxéra du péché, donc voué à la mort, à l’impossibilité de réaliser de véritables œuvres d’amour. Nous sommes donc tous invités à nous laisser greffer sur ce nouveau plant, qui ne s’appelle pas le plant américain, mais le Christ lui-même qui a vaincu la mort.
Greffés nous le sommes déjà depuis notre baptême; et si nous acceptons ce greffage, nous vivons de la sève, de l’énergie puisée par chacun de nous dans le mystère de la passion-résurrection du Christ, une sève unique qui permet de produire des fruits en abondance.
Les paroles de Jésus sont claires : « hors de moi vous ne pouvez rien faire ». Donc, si, nous chrétiens, nous avons parfois le sentiment de pouvoir faire quelque chose sans le Christ, il faut nous méfier. Ce que nous faisons n’est peut-être qu’illusion à la manière d’un vigneron qui voudrait faire du vin sans raisin !
De plus, pour porter des fruits, Jésus nous invite à nous laisser tailler et travailler lorsqu’il nous dit : « tout sarment qui ne porte pas de fruit, il l’enlève et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde pour qu’il en porte encore plus.
Mais comment savoir si nous portons en nous des sarments morts ou des sarments vivants ?
Trois tests tout simples, nous permettent d’y répondre :
Le premier test concerne nos relations avec Dieu. Est-ce que je prie ? Si oui, je peux déjà dire que je suis habité de la sève du Christ, cette sève monte en moi, donc vivant, sinon, sans cette sève, je suis mort, car je ne peux pas imaginer avoir la vie sans sève.
Le deuxième test concerne mes relations avec les autres ? Est-ce que j’aime les autres ? Quelle est la qualité de mes relations ? Si elles sont teintées d’égoïsme, de fermeture, de haine, de violence, je puis dire, sans crainte de me tromper qu’il y a en moi du bois mort à jeter, à tailler. Si j’ai le sens de l’autre, si je sais ouvrir les yeux, tendre la main, écouter les autres, je suis sûr qu’il y a en moi de bons sarments, à émonder, à fortifier, d’où la nécessité d’un contact régulier avec Dieu.
Le troisième test concerne plus directement mon devoir d’état, ma manière de vivre, ma situation personnelle. Est-ce que je suis sérieux dans mon travail, dans mes loisirs. Si mon travail n’est pas de qualité, si mes loisirs sont mal gérés ou disproportionnés, il faudra accepter de couper ce qui risque de m’entraîner au désastre, à l’échec.
En ce temps pascal, il est bon de lire les signes, qui nous sont offerts afin d’accomplir le désir du Seigneur : devenir ses disciples et porter du fruit.
Dans un monde qui ne sait pas toujours très bien ce qu’est l’amour véritable, nous avons, si nous le voulons bien, une merveilleuse œuvre à accomplir.
Parmi ces œuvres, il y celle évoquée par saint Jean dans sa première lettre : Aimer non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité.»
5e dimanche de Pâques
Lectures bibliques : Actes 4, 8-12; Psaume 117 (118); 1 Jean 3, 1-2; Jean 10, 11-18
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