Homélie du 05 octobre 2014

Prédicateur : Chanoine Roland Jaquenoud
Date : 05 octobre 2014
Lieu : Abbaye de Saint-Maurice
Type : radio

« Le royaume de Dieu vous sera enlevé, pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit » (Mt 21, 43)

Mes frères, mes soeurs, quand Jésus prononces ces paroles terribles, Il s’adresse aux chefs des prêtres et aux pharisiens, c’est-à-dire aux bons croyants de son temps. C’est à eux qu’Il annonce que le Royaume leur sera enlevé pour être donné à des gens qui lui feront porter son fruit. Aujourd’hui, Jésus LEUR, Jésus NOUS raconte une parabole, parce que en ce début du vingt et unième siècle les bons croyants, mes frères, mes sœurs, c’est nous, qui sommes ici.

La parabole de la vigne nous dit que cette vigne, c’est le Royaume de Dieu, confié à chacun de nous, et à nous tous ensemble réunis en église. Le Royaume de Dieu, c’est effectivement une belle et bonne vigne, qui produit de beaux fruits, les fruits de foi, d’espérance et de charité, les fruits qui font de nous des images ressemblantes de Dieu, des fruit qui peuvent faire de nous des saints. Mais, mes frères, mes sœurs, l’Evangile de ce jour nous avertit, nous qui sommes, ou qui croyons êtres de bons chrétiens, en nous disant que les vignerons qui s’occupent de cette vigne n’ont pas reçu les messagers du Seigneur, et finalement ont même tué son Fils. Comment comprendre cette parabole ? Mes frères mes soeurs, nous sommes, vous et moi, de bon chrétiens, mais il n’empêche que, bien souvent, quand l’Eglise nous dit quelques chose, nos ordonne quelque chose, non pas parce que cela lui plaît, mais parce que c’est pour nous le chemin de la communion parfait avec Dieu, nous le recevons comme une offense faite à notre liberté. Bien souvent nous ne le recevons même pas. Les premiers qui devraient dire, reprendre les chrétiens, lorsqu’ils se retrouvent sur un chemin de traverse, c’est nous, les prêtres, qui nous tenons ici, pour vous avertir, pour nous avertir. Il n’y a qu’un chemin vers Dieu, le chemin de la grâce, de la miséricorde, le chemin de l’observance des commandements, et il n’y en a pas d’autres. Il est finalement assez rare que nous, les prêtres, nous nous permettions de reprendre ou d’avertir. Bien souvent nous nous contentons de bons sermons bien préparés, qui parlent de belles choses, et lorsque nous, lorsque vous ressortez de la Messe, tout va bien, c’était une belle Messe. Mais notre fonction ici serait d’abord d’avertir, voire même de faire des reproches, lorsque les choses deviennent graves. Nous ne le faisons pas en raison de notre faiblesse. Nous ne le faisons pas aussi bien souvent parce que nous avons l’impression que notre voix ne sera pas reçue, que nous faisons la morale, que cela ne convient plus à notre temps.

Mes frères mes sœurs, la morale et la spiritualité, c’est tout un. Une morale sans spiritualité, bien sûr, c’est affreux. Mais une morale spirituelle qui nous dite le chemin vers Dieu, cette morale-là nous est nécessaire, et cette morale-là doit parfois nous corriger. Mais sommes-nous prêts à recevoir cette correction ? Aujourd’hui, mes frères, mes soeurs, le Seigneur nous rappelle que le Royaume de Dieu, pour nous, n’est pas un acquis. Nous devons le faire fructifier, nous devons être des témoins. Nous devons prendre conscience que ce Royaume de Dieu est très important. Qu’il est même sans doute ce qu’il y a de plus important. Au loin bien des nouveaux chrétiens savent l’importance de ce Royaume et lui donnent tout, jusqu’à leur vie, là où ils sont persécutés. Et nous, nous sommes ici, assis. Nous venons à l’Eglise pour prier un peu, pour recevoir un peu de réconfort. Mais lorsqu’on nous parle des exigences de ce Royaume, nous fermons nos oreilles. Combien de fois, mes frères mes sœurs, sommes nous sortis de l’Eglise, non pas en nous disant : « c’était un joli sermon », ou au contraire « aujourd’hui, ce n’était pas très intéressant », mais en nous demandant : « Qu’est-ce que le Seigneur a voulu me dire, aujourd’hui, par les parole bien imparfaites de ce prêtre, qui s’est adressé à nous. Nous avons, mes frères mes sœurs, un seul Maître, Jésus Christ, et Jésus a choisi de pauvres intermédiaires, vos prêtres et vos évêques, pour transmettre quelque chose à chacun de vous. Il n’est pas nécessaire, à la sortie de la Messe, de pouvoir faire un plan du sermon qui a été prononcé. Il est nécessaire, à la sortie de la Messe, de rentrer en mon coeur pour me dire : qu’est-ce que le Seigneur a voulu me dire à moi, aujourd’hui, qu’est-ce que je dois changer, qu’est-ce que je dois faire pour répondre à Sa volonté.

Mes frères, mes sœurs, si nous sommes d’accord de venir ici pour nous faire déranger, si nous sommes d’accord de venir ici pour nous faire convertir par Jésus Christ, si nous sommes d’accord de venir ici afin de changer tout ce qui en nous ne correspond pas à l’image de Dieu, à la ressemblance de qui nous sommes faits, alors oui, nous avons notre place en cette église, nous avons notre place en l’Eglise. Mais lorsque je viens ici pour entendre ce que je vœux entendre, lorsque je viens ici pour mon repos, pour mon confort, alors je suis comme les vignerons de la Parabole, qui ne reçoivent pas les Messagers de Dieu, et qui peut-être bien un jour finiront par tuer le Fils, c’est perdre la foi. Mes frères mes sœurs, cette Parole que nous lisons et commentons doit nous transformer, doit nous convertir, doit faire de nous des hommes et des femmes nouveaux, afin de vivre avec le Christ, en Son Royaume, là où Il nous attend et où nous avons notre place si nous écoutons sa voix. Amen»

27e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Isaïe 5, 1-7; psaume 79; Philippiens 4, 6-9; Matthieu 21, 33-43

5 octobre 2014 | 14:37
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 4  min.
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