Homélie du 24 août 2014

Prédicateur : Abbé François Dupraz
Date : 24 août 2014
Lieu : Basilique Notre-Dame, Lausanne
Type : radio

Shebna, chers amis, Shebna le maître du palais du roi Ézéchias, est donc destitué – 1ère lecture – au profit d’Élyaqim. C’est une disgrâce comme il s’en rencontre à toutes les cours de toutes les époques sans doute. Et ce qui a retenu mon attention, ce sont surtout les paroles d’investiture adressées à son successeur le haut fonctionnaire Elyakim. Je les cite ces paroles : « Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira. »

Ces paroles ont retenu mon attention car – dans l’Evangile de ce jour – c’est une image semblable que reprend Jésus à Césarée de Philippe pour confier à Pierre le pouvoir des clés : « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux.»

Pierre… il venait de professer vaillamment sa foi : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. ». Plus tard, par-delà les larmes ô combien salutaires de son reniement, il redira – humblement cette fois( !) –tout son amour à Jésus : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime » (Jean 21, 17). C’est alors, mais alors seulement, en un amour purifié désormais de l’orgueil natif, qu’il pourra affermir ses frères et les ouvrir « aux profondeurs dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu » comme le dit l’apôtre Paul en notre deuxième lecture.

Comprenons-le bien : plus qu’un porteur de clés ou qu’un concierge de paradis, Pierre est devenu, par-delà le feu purificateur de la Passion, une clé – la clé… – qui ouvrira désormais l’Eglise naissante au vaste monde païen d’alors. « S’ils ont reçu de Dieu le même don que nous – dit-il à des juifs irrités de ce qui leur apparaissait pour une impardonnable tolérance à l’égard des païens – s’ils ont reçu de Dieu le même don que nous, en croyant au Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je, moi, pour empêcher l’action de Dieu ? » (Actes 11,17).

On entend déjà par-delà les siècles les paroles du bon Pape François d’aujourd’hui: « Qui suis-je, moi, pour juger qui que ce soit ? ». « Je suis d’ailleurs, poursuit un jour François, je suis comme les autres, un pécheur ; un pécheur pardonné… ».

Oui, pour ouvrir, encore faut-il un esprit d’ouverture… Cet esprit, Pierre, conscient désormais de sa propre fragilité – mais relevé aussi, dans la grâce du pardon reçu et dans la puissance de l’Esprit de cette fragilité – cet esprit d’ouverture, Pierre le reçut aux jours de la Passion.

Aujourd’hui, nous le voyons bien, plus que jamais en la personne du « bon Pape François », Pierre est demeuré celui qui ouvre ; qui ouvre en grand les portes de l’Eglise au vaste monde qui l’entoure. Et que dire de ses prédécesseurs Jean XXIII, Paul VI, le sourire de Jean-Paul 1er, Jean-Paul II l’infatigable pèlerin – JP « hors les murs » comme on l’appelait à Rome – et tous les autres…

Eh bien l’Eglise entière de son côté – aujourd’hui vous et moi avec François – se doit d’être celle qui ouvre ; qui ouvre en grand ses portes au vaste monde qui l’entoure. Une Eglise qui éveille les esprits à l’intelligence du mystère, les cœurs à l’accueil de la tendresse ; une Eglise qui dégage les portes de l’espérance et du pardon ; une Eglise qui, de ses mains fragiles – les miennes et les vôtres – livre passage à l’illimité de l’Amour trinitaire. Voilà ce que ne cesse de rappeler de nos jours par sa vie et ses paroles le « bon » Pape François.

Que le Seigneur qui, chemin faisant, ouvrait autrefois les yeux des aveugles et les oreilles des sourds, donne à l’Eglise, « l’unique » clé dont elle ait réellement besoin pour servir la famille humaine aujourd’hui: celle qui ne verrouille pas, mais libère. Passons dès lors nous-mêmes en Dieu(…) – cela nous appartient à tous et à chacun en particulier – et devenons à notre tour, avec François et tant d’autres, ces passeurs dont le monde a tant besoin : Des hommes et des femmes libres et joyeux qui ouvrent en grand les portes du Royaume à un monde qui se meurt de désespérance sur des rivages d’éternité. Amen»

21e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Isaïe 22, 19-23 Ps : 137; Romains 11, 33-36; Matthieu 16, 13-20

24 août 2014 | 15:27
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 3  min.
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