Homélie du 23 mars 2014

Prédicateur : Abbé Pascal Desthieux
Date : 23 mars 2014
Lieu : Eglise Saint-Joseph, Genève
Type : radio

Chers enfants, chers paroissiens et chers auditeurs, cette réponse de Jésus à ses disciples qui ramènent le casse-croûte de midi m’a intrigué. Les disciples aussi sont très étonnés. Ils avaient laissé Jésus à l’ombre du puits le temps qu’ils aillent au village acheter de quoi manger. À leur retour, ils le voient discuter avec une femme ; ils en sont déjà très surpris. Celle-ci laisse sa cruche et court vers le village. Les disciples appellent Jésus : « Rabbi, viens manger », et voilà qu’il répond : « pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas ». Comme nous, les disciples se demandent : quelle est cette nourriture ? Est-ce que quelqu’un lui aurait apporté à manger ?

Réponse de Jésus : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre ». C’est clair, il parle d’une autre nourriture, qui rassasie plus que celle qui ne nourrit que pour un temps. De même, il venait de parler à la Samaritaine d’une autre boisson qui étanche vraiment la soif et peut devenir en elle « source jaillissante pour la vie éternelle ».

Mais alors, quelle est cette nourriture que les disciples ne connaissent pas et cette eau que Jésus donne pour qu’elle devienne source jaillissante de vie ?

Cette nourriture, dit Jésus, c’est de faire la volonté du Père qui l’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Jésus reconnaît que ce jour-là, la volonté du Père et son œuvre de salut passe par cette rencontre avec une femme, une étrangère, une non-juive. L’œuvre du Père s’accomplit par ce dialogue, parce que la Samaritaine va accomplir en quelques minutes un véritable chemin de conversion : cet étranger, qui n’était au départ qu’un juif, elle va d’abord le reconnaître comme un prophète, avant que Jésus lui révèle qu’il est lui-même le Messie.

Au final, c’est comme si Jésus disait : cette rencontre, elle m’a vraiment nourri. Nous aussi pouvons en faire l’expérience quand nous vivons une belle rencontre, profonde, nourrissante : la nourriture devient secondaire, parce que nous sommes nourris autrement.

Pour cette Samaritaine, cette rencontre va transformer sa vie. Cette femme reste une Samaritaine, avec son histoire, mais avec cette rencontre, elle devient quelqu’un de beaucoup plus grand. C’est elle qui va amener des gens de son village à découvrir aussi cette nouvelle source. Avez-vous remarqué qu’elle repart sans sa cruche ? Pourtant, elle avait marché, aux heures les plus chaudes du jour, jusqu’à ce puits dans un seul but : ramener de l’eau au village. Et voilà que cette eau devient totalement secondaire. Elle a découvert une autre eau qui étanche vraiment la soif.

Cet Évangile nous offre ce matin une belle occasion de nous demander : qu’est-ce qui nous nourrit vraiment ? Qu’est-ce qui étanche vraiment notre soif ? Quelles sont ces rencontres qui sont vraiment nourrissantes ? Ces temps de prière, de méditation qui apaisent notre soif. Ces lectures spirituelles qui nous nourrissent. Et une fois que nous avons commencé à les nommer, c’est important de leur donner la priorité. Car nous perdons tellement de temps à plein d’autres choses beaucoup plus futiles.

Cela me fait penser à cette histoire que vous connaissez peut-être.

Un jour un vieux professeur fut engagé pour donner une formation sur : «la planification efficace de son temps ». Le vieux prof dit aux élèves : « nous allons réaliser une expérience ».

Il prit un grand pot, qu’il posa délicatement en face de lui. Ensuite il prit une douzaine de cailloux qu’il plaça dans le grand pot.

Lorsque le pot fut rempli jusqu’au bord , il demanda : « est-ce que le pot est plein ? »

Tous répondirent : « oui ». « Vraiment ? ».

Alors il prit un récipient rempli de graviers, et versa ce gravier sur les gros cailloux puis remua le pot. Les graviers s’infiltrèrent entre les gros cailloux jusqu’au fond du pot.

Le vieux prof demanda encore : « est-ce que le pot est plein ? » .

L’un des élèves répondit : « probablement pas ! »

« Bien » dit le vieux prof.

Il prit alors un sac de sable qu’il versa dans le pot. Le sable alla remplir les espaces entre les gros cailloux et le gravier.

Encore une fois il demanda : « est-ce que le pot est plein ? »

Cette fois, sans hésiter, les élèves répondirent « Non ! ».

« Très juste ! » dit le vieux prof.

Il prit alors un pichet d’eau et remplit le pot jusqu’à ras bord.

Le vieux prof demanda finalement :

« Quelle grande vérité nous démontre cette expérience ? »

Un des élèves, songeant au sujet du cours, répondit : « cela démontre que, même lorsqu’on croit que notre agenda est complètement rempli, si on veut vraiment, on peut y ajouter plus de rendez-vous, plus de chose à faire ».

« Non, dit le vieux prof, ce n’est pas du tout cela ! La grande vérité que nous montre cette expérience est la suivante : si on ne met pas les gros cailloux en premier dans le pot, on ne pourra jamais les faire entrer tous. » « Quels sont les gros cailloux de votre vie ? : C’est à vous de voir!»

Ainsi, quand nous organisons notre journée, notre semaine, notre année, il faut d’abord mettre les gros cailloux, le plus important, le plus nourrissant. Tout le reste trouvera sa place. Mais si nous commençons par le gravier ou le sable, il n’y aura plus de place pour les gros cailloux, pour ce qui est vraiment important.

Recherchons donc la vraie nourriture, et la vraie boisson.

Et pour nous, très concrètement aujourd’hui, la vraie nourriture c’est ce pain que Jésus donne. « Si tu savais le don de Dieu ». « Heureux les invités au repas du Seigneur ». Ce pain de vie, c’est Jésus lui-même. Nous allons le recevoir ici dans cette église Saint-Joseph. Et vous tous qui nous écoutez, j’espère que vous avez aussi l’occasion de recevoir le pain de la vie, le corps du Christ. S’il ne vous est pas possible de vous rendre dans une église, n’hésitez pas : téléphonez à votre paroisse. Dans chaque paroisse, il y a des personnes qui viennent très volontiers vous apporter la communion.

Et cette source jaillissante en vie éternelle, pour nous, c’est l’eau du baptême. Par notre baptême, nous sommes déjà passés de la mort à la vie, nous avons été plongés avec le Christ dans la mort pour ressusciter avec lui. Rendons grâce pour notre baptême. Et prions pour tous les catéchumènes qui vont être baptisés à Pâques. Ici, à la paroisse Saint-Joseph, nous aurons la joie de baptiser sept adultes à Pâques. En Suisse romande, plus de 80 adultes se préparent à recevoir le baptême dans quelques jours. Les troisième, quatrième et cinquième dimanches de Carême sont traditionnellement des occasions de prier pour les catéchumènes afin que leur libre décision de suivre le Christ soit affermie ; c’est ce que l’on appelle les scrutins. Tout à l’heure, nous prierons pour eux.

Je vous invite à rechercher pleinement ce qui vous nourrit vraiment et cette eau jaillissante en vie éternelle.

Et puisque nous sommes ici à Genève dans le quartier des Eaux-Vives, nous vous souhaitons de découvrir pleinement cette eau vive, source de vie !

3e dimanche de Carême

Lectures bibliques : Exode 17,3-7 ; Psaume 94 ; Romains 5,1-8 ; Jean 4, 5-42.

23 mars 2014 | 14:24
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 5  min.
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