Homélie du 26 janvier 2014

Prédicateur : Mgr Rémy Berchier
Date : 26 janvier 2014
Lieu : Institut Sainte-Croix, Bulle
Type : radio

Mes Sœurs,

Chers frères et sœurs dans le Christ,

Au cœur de leur train train quotidien, 4 pêcheurs aux prises avec leurs filets, leurs barques, leur pêche sont soudainement happés par le regard et la parole du Christ. « Venez derrière moi…. » et c’est tout ! ils ne savent rien de ce qui les attend ! Ils n’ont ni contrat, ni promesse de salaire, ni perspective d’avenir, et ne savent pas pourquoi ils sont engagés ! Ah oui, Jésus va juste dire à deux d’entre eux : « Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. » Vous vous imaginez ce que cela a dû leur dire ? Et de plus ils connaissent à peine Celui qui les appelle ! Un seul regard, une seule parole de Jésus ont provoqué un tel séisme, un tel bouleversement ! Comment expliquer cette rencontre qui a bouleversé la vie de ces hommes ? « Aussitôt, laissant leurs filets, leur barque et leur père, ils le suivirent. » Pas une question, pas une hésitation, pas de pourparlers !

Dès lors nous comprenons mieux la première partie de l’Évangile de ce jour, la citation d’Isaïe que nous rapportait déjà la première lecture : « Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre et de la mort, une lumière s’est levée. » Ces quatre hommes cheminent dans les ténèbres et la lumière qu’est Jésus les rejoint au plus profond de leur ombre. Un regard, une parole, et ils comprennent qu’ils peuvent être guéris définitivement. C’est un amour tellement fort qui vient les guérir qu’ils abandonnent tout pour le suivre, qu’ils vendent tout pour l’acquérir, lui et lui seul ! la lumière est tellement contagieuse qu’ils en sont irradiés. L’Appel de Jésus est tellement irrésistible que ce qui faisait leur vie jusqu’à ce jour : leur métier, leurs instruments de travail, leur père même, ne font plus le poids. Ils ont rencontré tellement plus beau, plus fort, plus lumineux que plus rien ne peut les arrêter.

Nous vivons tous, de ces changements plus ou moins radicaux qui nécessitent des morts à nous-mêmes pour renaître, des conversions, des passages de ténèbres à la lumière. Ce peut-être un changement d’orientation professionnelle, une maladie, le départ d’un proche, des contingences économiques, des remises en question fondamentales qui engendrent un changement de vie. Les Sœurs de la Sainte Croix de Menzingen, chez qui nous nous trouvons ce matin vivent en plein cette réalité. D’une maison florissante, grouillante d’étudiantes avec de nombreuses et jeunes religieuses pour les entourer, enseigner et annoncer la Bonne Nouvelle, voilà que cette grande bâtisse est pratiquement vide et le sera complètement à la fin de cette année : plus de jeunes filles depuis bien des années, une dizaine de sœurs qui réorientent leur vie et préparent leur départ : à chaque fois c’est une blessure, une souffrance, une peur, un désappointement. Qu’en faisons-nous ? « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte » nous dit le psaume. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière… Tu as fait grandir la joie… Ils se réjouissaient devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson » nous dit Isaïe.

Le peuple est en marche, l’Évangile nous dit aussi que Jésus marche au bord du lac de Galilée. Voilà une certitude : nous sommes en marche, rien ne s’arrête définitivement en nos vies et nos cœurs. L’essentiel se situe dans ce que nous sommes, dans ce que nous devenons au cœur de ces changements et, pour nous croyants, l’essentiel est en Celui qui nous appelle, qui est lumière, qui habite nos cœurs, qui est amour irrésistible, qui nous précède à chaque étape de nos vies, et qui, toujours, fait route avec nous. Jésus ne nous lâche jamais. Après l’appel adressé aux quatre pêcheurs il va vivre trois ans avec eux puis il sera présent autrement comme il l’est pour nous aujourd’hui.

Et nous leur ressemblons bien à ces quatre disciples : ils vont se décourager, ils refuseront de comprendre l’enseignement de Jésus, ils protesteront même. Nous aussi, nous nous débattons avec nos peurs du lendemain, l’exigence de la situation, l’incompréhension des décisions. Au soir du Jeudi Saint ils vont même s’enfuir, leur amour n’aura pas encore été définitivement fortifié ! Au soir de Pâques ils douteront et ne croiront pas ce que leur rapportent les femmes. Afin qu’ils deviennent amour pour toujours il leur faudra la Pentecôte et l’Esprit-Saint, envoyé par Jésus. Et voilà à nouveau la lumière, le feu qui vient embraser leur amour pour toujours.

A vous toutes et tous qui devez vivre un changement dans votre vie, à vous qui devez entreprendre un chemin de mort à vous-même, avec cette communauté réunie ici à Bulle et en communion avec la communauté des auditeurs nous prions l’Esprit Saint pour qu’une grande lumière se lève, pour que la joie grandisse en vous et qu’où que nous soyons, quoi que nous fassions nous annoncions la Bonne Nouvelle et soyons pêcheurs d’hommes.

Amen

3e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Isaïe 8, 23b–9, 3 ; Psaume 26 ; 1 Corinthiens 1, 10-13.17 ; Matthieu 4, 12-23

26 janvier 2014 | 15:04
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 4  min.
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