Homélie du 14 juillet 2013
Prédicateur : Mgr Joseph Roduit, abbé
Date : 14 July 2013
Lieu : Abbaye de Saint-Maurice
Type : radio
« Elle est près de toi cette parole, dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique. »
Par cette phrase du Livre du Deutéronome, la Bible nous donne un des enseignements des plus importants de Moïse. Aujourd’hui encore combien pensent que Dieu est muet. Et voilà que Moïse enseignait déjà qu’il parle par notre bouche et dans notre cœur. Saint Augustin découvrira que Dieu est plus intime à chacun de nous que notre propre intimité. Ne cherchons pas Dieu au dehors, il est au dedans de nous. Ne cherchons pas sa parole au loin, elle parle en nos cœurs.
La parabole dans nos vies
Nous sommes tous concernés par la parabole du Bon Samaritain.
Elle se vit chaque jour dans nos vies. On peut passer à côté et faire semblant de n’avoir rien vu, comme on peut porter secours de bien des manières à un blessé de la vie.
Ça va de l’épouse qui souffre en silence et qu’un mari méprise, de l’époux qu’on évite et se sent rejeté.
Ça va de l’infirme sur sa chaise roulante qu’on ne regarde pas trop à un membre de son propre entourage qu’on évite quand on sent qu’il voudrait nous parler.
C’est encore l’adolescent que l’on gronde sans cesse sans essayer de comprendre son désarroi ou le vieillard qu’on n’écoute plus parce qu’il raconte toujours les mêmes histoires.
Ou encore cela va l’ouvrier étranger qui ne connaît pas la langue et qui a de la peine à s’intégrer jusqu’au mendiant dont on fuit le regard. Qui n’a pas détourné son regard de ceux qui, assis parterre, vous tendent la main ?
Les exemples de personnes qui auraient besoin d’un regard de bonté ou de compassion ne manquent pas.
Tout cela nous le savons bien. Je n’ai pas besoin d’insister. Je suis d’ailleurs le premier à devoir m’accuser de tous mes manques d’égards et de regards, mes manques d’amour et de patience.
Un jour que je me trouvais en France, dans une ville, et j’ai causé un instant , successivement, à trois mendiants. Quand je suis repassé par là, une demi-heure plus tard, ils étaient tous trois attablés à une table de bistrot et m’ont invité à partager un verre avec eux. Et ils m’ont dit : « Tu ne nous as rien donné, mais tu as parlé avec chacun de nous. C’est pour cela que nous voulons te remercier ensemble. » Ce jour-là, j’ai reçu une belle leçon !
Tirons tout de même un premier enseignement de cette parabole : osons poser un regard de bienveillance sur les autres. C’est une première manière de se faire le prochain de l’autre, comme l’a demandé Jésus à celui à qui il a adressé cette parabole.
Ce n’est pas pour rien que ceux qui suivent des cours de premiers secours, on les appelle des samaritains. Parfois, en famille, en société, en communauté, les premiers secours, les premiers soins, sont ceux du dialogue qu’on n’a pas fui, du temps qu’on a pris pour écouter et soulager une peine.
Sens spirituel de la parabole
Voilà pour le sens pratique et quotidien. Mais il y a une autre interprétation spirituelle de cette parabole. On la trouve chez les Pères de l’Eglise, ces théologiens des premiers siècles. Tel Origène, un grand docteur de l’Eglise d’Alexandrie en Egypte.
Pour lui, l’homme descendant de Jérusalem à Jéricho, c’est Adam venant du paradis et allant vers le monde. L’attaque des bandits, c’est l’assaut des tentations, c’est le péché originel. L’homme est dépouillé de ses vêtements, c’est-à-dire qu’il perd l’innocence par le péché d’origine. Il est laissé à demi-mort dans son humanité blessée.
Le prêtre qui passe d’abord, c’est la Loi. Le Lévite, ce sont les prophètes. Le bon Samaritain , c’est Jésus lui-même.
Le vin, c’est la parole de réconfort, la parole de Dieu. L’huile versée sur les plaies ce sont les sacrements. L’hôtellerie, c’est l’Eglise. Les deux deniers qu’il laisse à l’aubergiste, ce sont les deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain.
Cette interprétation allégorique d’Origène donne un sens à chaque personnage, à chaque geste. Juste avant cet évangile, Jésus s’exclamait : « Heureux êtes-vous d’entendre ce que vous entendez ! Beaucoup de prophètes auraient désiré entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu ; voir ce que vous voyez, mais ne l’ont pas vu »
Or les apôtres ont entendu et vu.
Il en est de même pour nous aujourd’hui. C’est un bonheur d’entendre ces paroles et paraboles de l’évangile.
Car le blessé au long du chemin de la vie, c’est chacun de nous. Chacun de nous a été pris en charge par le Christ, conduit à l’Eglise par des parents, des personnes qui ont donné l’exemple. Chacun a été soigné par les sacrements, réconforté par la Parole de Dieu.
Comme à celui qui a demandé « qui est mon prochain ? » Jésus nous répond encore : Le prochain c’est celui qui s’est fait proche de celui qui est blessé par la vie. Et à chacun de nous Jésus, qui nous soigne et guérit, nous dit encore : « Va et toi aussi fais de même ! »»
15e dimanche du temps ordinaire
Lectures bibliques : Deutéronome 30, 10-14; Colossiens 1, 15-20 ; Luc 10, 25-37
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