Homélie du 07 avril 2013

Prédicateur : Chanoine Alexandre Ineichen
Date : 07 avril 2013
Lieu : Abbaye de Saint-Maurice
Type : radio

Selon l’Evangile que nous venons d’entendre, saint Thomas, l’un des Douze, manque son rendez-vous avec l’histoire. En effet, chers frères et sœurs, chers auditeurs, le soir du premier jour de la semaine, dimanche de Pâques passé, Jésus, après sa mort scandaleuse sur une croix, se tenait là au milieu de ses disciples, mais Thomas n’y était pas. Son absence à l’une des premières manifestations de Jésus ressuscité lui permet de manifester son impatience et son doute. Thomas ne croira que lorsqu’il aura vu et touché les plaies de son maître, de ses mains comme de son côté. Puis, quelques temps plus tard, huit jours exactement comme le précise l’évangéliste saint Jean dont nous savons combien il affectionne les nombres et leur signification cachée, Jésus était là bien que tout fût verrouillé. Cette seconde manifestation du Christ à tous ses disciples réunis, avec Thomas cette fois, non seulement donne la foi en notre Seigneur et notre Dieu à Thomas l’incrédule en lui demandant d’avancer son doigt sur son côté et de voir la marque des clous dans ses mains, mais aussi elle dit que le bonheur est accordé à ceux qui croient sans avoir vu.

Ainsi ces deux apparitions, l’une sans Thomas, l’autre avec, l’une au dimanche de Pâques, l’autre huit jours plus tard c’est-à-dire aujourd’hui, fondent le témoignage des apôtres, inaugurent l’Eglise appelée justement apostolique car c’est par l’affirmation des apôtre en la résurrection du Christ, vainqueur de la mort, que notre foi se nourrit, s’épanouit et s’accomplit enfin. Je pense même que cette double manifestation n’en est qu’une seule et explicite deux conséquences du mystère pascal. D’ailleurs, à l’évocation de Thomas, saint Jean ne se prive pas de donner la signification de son nom : jumeau. A ces huit jours qui en réalité n’en compte qu’un contemplons cette Pâques éternelle du Fils dont le Père nous partage les fruits.

Premièrement, le don de l’Esprit est la poursuite par les apôtres, par l’Eglise de la mission du Verbe de Dieu. « Recevez l’Esprit-Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme a qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. » La foi des apôtres dans la résurrection du Christ, leur réception de l’Esprit et leur envoi en mission fondent l’Eglise qui est une continuation ici et maintenant de l’action du Père par le Fils dans l’Esprit. A cette première apparition, Thomas est absent comme nous le sommes, et le furent les chrétiens des siècles passés et le seront ceux des siècles à venir. Nous ne pouvons que recevoir le témoignage des apôtres et de l’Eglise après eux. Mais, nous le savons aussi, c’est en participant au don de l’Esprit dans l’Eglise que peut se propager cette foi qui nous sauve, vivre cette espérance qui nous engage, se réaliser cette charité qui nous appelle à aimer et à être aimé.

A cette première apparition, saint Jean en propose une seconde où Thomas est présent, malgré ses doutes et son impatience. Là, Jésus répond, il est vrai, à ses demandes, à sa mise à l’épreuve de Dieu même. Mais, il est un apôtre. Comme les autres, il a touché le Verbe fait chair, mort sur une croix, ressuscité le troisième jour. Ce que Thomas a vécu avec les Douze n’est donc pas une illusion. Il est normal que son témoignage s’édifie sur le partage qu’il a vécu en Galilée avec Jésus de Nazareth. Il doit donc comme les autres comprendre que ce Jésus, ce prédicateur aussi fameux soit-il, est aussi vainqueur de la mort car il est le Fils de Dieu. Mais, après avoir rejoint les Douze dans leur témoignage, après son rendez-vous réussi cette fois avec l’histoire du salut et être passé de l’incrédulité à la foi, Thomas, comme s’il était l’un d’entre nous, peut entendre ce que Jésus lui dit, et nous dit : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

En effet, nous ne sommes pas des apôtres, des témoins de la vie de Jésus et de sa résurrection. Notre bonheur n’est pas là. Il l’est plutôt dans le témoignage des apôtres, de l’Eglise, et de ceux qui ont cru sans avoir vu et, qui, à la suite des apôtres, construisent le corps du Christ. Huit jours sépare la première manifestation de la seconde que l’Evangile d’aujourd’hui nous relate. Et comme je le disais, ces huit jours n’en forme qu’un, non pas comme un éternel recommencement, mais comme le jaillissement dans notre temps de l’éternité de Dieu. Nous n’avons pas été témoin direct, ni oculaire de la résurrection du Christ. Nous le serons seulement dans l’éternité que Dieu veut nous partager si nous le voulons et si nous nous associons par notre baptême, c’est-à-dire par la mort et la résurrection du Verbe de Dieu.

Alors, comme le Christ le dit à Thomas l’incrédule, trouvons notre bonheur à croire sans avoir vu, osons dans le temps qui nous dure et nous pèse laisser la place à cette éternité que le Père nous offre dans son Fils par l’Esprit.»

2e dimanche de Pâques – dimanche de la miséricorde

Lectures bibliques : Actes 5, 12-16; Apocalypse 1, 9-11a.12-13.17-19; Jean 20, 19-31

7 avril 2013 | 15:13
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 4  min.
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