Homélie du 18 novembre 2012

Prédicateur : Chanoine Antoine Salina
Date : 18 novembre 2012
Lieu : Abbaye de Saint-Maurice
Type : radio

Frères et soeurs,

Ces textes sont d’un abord un peu difficile, le prophète Daniel nous promet un temps de détresse et l’Evangile de ce jour évoque une terrible détresse ; si nous nous en référons à l’époque que nous traversons, ces paroles même trouvent un écho dans la réalité que notre monde traverse et dans le quotidien que beaucoup d’entre nous vivent, soit de manière exceptionnelle, soit dans une vie tissée d’épreuves.

Marc, dans le début du chapitre 13, évoque même clairement toutes les grandes difficultés et persécutions que les premiers chrétiens seront appelés à traverser du fait même de leur appartenance à notre Seigneur; épreuves dont il conviendra de se préserver parfois, mais qui souvent conduiront au martyre…

Et pourtant, l’Evangile n’est-il pas une bonne nouvelle ?

Ces épreuves ne nous laissent-elles pas espérer plus qu’une simple rémission ?

Le chant d’introduction à la liturgie de ce jour nous dit que Dieu est à l’oeuvre en cet âge, l’apôtre lui-même en évoquant les épreuves du monde présent parle des douleurs de l’enfantement et finalement le pauvre Job aussi fait l’expérience de la lumière du fond de sa détresse ; l’Evangile de ce jour, à la suite du prophète Daniel ne fait pas exception ; le

Monde semble ne pas devoir sombrer dans la destruction, c’est plutôt de la naissance d’un Monde Nouveau qu’il s’agit ici, mais quand et comment ?

« Le Soleil s’obscurcira et la Lune perdra son éclat, les étoiles tomberont du ciel »: il convient de comprendre que, comme dans l’Apocalypse, nous sommes à la fin des idoles et que le Christ seul resplendira, il viendra dans les nuées avec grande puissance et grande gloire.

Daniel lui-même, après un temps de détresse, nous évoque la gloire et la lumière promises aux justes.

Le Fils de l’Homme est présent chez Daniel mais aussi chez le Christ à propos de lui-même; c’est aussi pour nous une manière de souligner l’éminente dignité à laquelle notre humanité est promue par la grâce de l’incarnation.

La pousse silencieuse et lente des feuilles du figuier doit nous aider à comprendre qu’un monde nouveau est en marche, mais qu’il est discret dans sa réalisation ; à nous de savoir en percevoir les signes : « Ciel et Terre passeront par les paroles du Christ » -quant au jour et à l’heure, comment comprendre, frères et soeurs, que pas plus le Christ que les anges ne le sachent ? Difficile à croire ou bien doit-on croire que le Christ a tellement bien revêtu notre condition humaine tout en étant Dieu qu’il partage notre difficulté à voir ?…

«Cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive… » -Nous pouvons comprendre, si nous voulons nous situer dans une perspective eschatologique – des fins dernières donc – que lorsque cela surviendra, la dernière génération à lire ces textes pourra s’y reconnaître.

Frères et soeurs, ces textes sont denses, peut-être un peu compliqués et culturellement éloignés de notre compréhension et pourtant le propre de notre humanité n’est-il pas d’expérimenter cette attente de l’avènement d’un nouveau monde ?

A l’heure où le présent prend peut-être trop d’importance – en ce sens où les soucis matériels et les difficultés des uns, les désirs de richesse et de sécurité des autres, nous détournent de l’essentiel – n’oublions pas que l’Evangile est Bonne Nouvelle, que le Christ est vainqueur, lui qui s’est offert en unique sacrifice et donc définitivement pour le Pardon de nos péchés, comme nous le rappelle la Lettre aux Hébreux ; ainsi Christ est vainqueur de la mort, de toute détresse, fût-elle extrême ; il vient nous rassembler, à nous de savoir veiller.

Chrétiens, baptisés, soyons donc des veilleurs – chacun avec notre grâce propre – sachons reconnaître le Christ, notre maître dans nos frères et ayons à cæur de témoigner de sa venue; il s’agit non pas de la Fin du Monde mais de la Fin d’un monde – pour un Monde Nouveau, un monde meilleur.

… au fond, quand nous concluons notre prière à Marie, ne disons-nous pas: « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort ?  » -C’est donc à ce moment même qu’il convient d’être présent, sachant qu’il nous transporte déjà dans la perspective de Ia Gloire – Sachons lire ces textes comme une consolation.»

33e dimanche du temps ordinaire

Lectures bibliques : Daniel 12,1-3; Hébreux 10, 11-14-18; Marc 13,24-32

18 novembre 2012 | 15:24
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 3  min.
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