Homélie du 23 septembre 2012

Prédicateur : Père Marie-Dominique Goutierre
Date : 23 septembre 2012
Lieu : Eglise Saint-Germain, Savièse
Type : tv

Il y a quelques instants, nous entendions ce verset : « Dieu nous appelle à partager la gloire de Jésus ». Telle est la fécondité de l’évangile. Fécondité du fruit que les vignes taillées portent en abondance pour la joie de notre cœur – comment ne pas évoquer aujourd’hui le vin du Liban dont parle l’Écriture ? Mais surtout, fécondité glorieuse de cette Vigne du Père que Jésus est lui-même : « Moi, je suis la Vigne, et mon Père est le vigneron » ; « ce qui glorifie mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit ».

L’évangile est une Personne. Non pas un livre, ni une doctrine, ni une morale ! Mais quelqu’un qui est le Vivant. Mort, grain de blé tombé en terre pour porter beaucoup de fruit, et ressuscité pour la gloire du Père et nous sauver, c’est-à-dire pour nous unir à Lui, de sorte que nous vivions sa propre vie, son propre amour, sa propre béatitude éternelle.

Être chrétien, c’est accueillir par la foi une Personne : le Fils éternel du Père ; c’est le recevoir, lui qui s’est fait l’un de nous. En le recevant, nous devenons enfants de Dieu ; et nous le sommes.

Fruit éternel de la fécondité de la Vie du Père, il s’est fait tout proche de nous : il est devenu le Fils de Marie parce qu’il est le Fils éternel du Père. Il est le tout-petit qui, éternellement, reçoit tout du Père et donne tout au Père dans l’amour.

Ce tout-petit, s’est manifesté à nous : il s’est donné aux hommes en se faisant le Fils de Marie ; et au milieu de nous, il s’est abaissé, il s’est anéanti jusqu’à la mort de la Croix. Dans cette Terre Sainte où nous sommes aujourd’hui en esprit, s’est accompli ce mystère de Dieu au milieu des hommes : petitesse joyeuse de Bethléem, petitesse douloureuse de la Croix.

Il est difficile d’être vraiment chrétien car, en recevant cette initiative de Dieu, c’est lui-même, et non pas l’homme seul, qui est devenu le cœur de la vie humaine. Sa propre plénitude de vie nous est donnée, ce qui ne détruit pas l’homme, mais l’élève et l’agrandit à la taille de Dieu. Rien plus que le christianisme n’a grandi l’homme, puisqu’en recevant Jésus, nous recevons Dieu qui s’est fait homme pour que l’homme devienne fils de Dieu.

Comment cela est-il possible ? Grâce à l’amour : un amour qui nous fait naître « d’en-haut » à chaque instant. Seul l’amour nous permet de nous quitter nous-mêmes pour recevoir quelqu’un d’autre pour lui-même, dans sa propre personne.

Le Christ est dérangeant : il nous déloge, nous décentre de nous-mêmes. Ses Apôtres eux-mêmes, nous dit l’évangile, ne comprenaient pas et avaient peur de l’interroger !

L’histoire des hommes est ponctuée par cette épreuve… mais elle se renouvelle par la victoire de l’Amour dans le cœur des saints : ces amis de ce Dieu qui s’est fait l’ami des hommes. Eux ont accepté de se laisser bouleverser, de le recevoir Lui, par la foi, l’espérance et l’amour. Telle est la gloire, c’est-à-dire la plénitude de Vie, qui nous est promise.

Cette béatitude, nous la vivons dès maintenant si nous laissons l’Esprit Saint nous transformer, faire de nous des enfants de Dieu : « Ce sont ceux qui sont mus par l’Esprit Saint qui sont enfants de Dieu », nous dit saint Paul. Les 7 lumières portées par ces jeunes au début de la messe symbolisent le chemin de lumière et d’amour que nous inaugurons aujourd’hui en communion avec nos frères du Liban. Chemin qui s’ouvre à la Croix du Christ et nous conduit à la plénitude de l’amour et de la vie.

La Croix du Christ est glorieuse, elle est ce signe de Vie. De malédiction, elle est devenue signe de bénédiction, parce qu’elle est le lieu de la Révélation et de la communication du plus grand amour : un amour victorieux des plus grandes luttes, de l’échec apparent, des contradictions les plus profondes.

C’est ce signe, et c’est le Fleuve inépuisable de lumière et d’amour jaillissant du Cœur blessé du Christ, qui nous met en communion avec nos frères chrétiens d’Orient : en Irak, en Iran, en Arabie saoudite, en Syrie, en Arménie, en Turquie, et tout particulièrement au Liban où notre Pape se trouvait il y a quelques jours. Les hommes peuvent bien fermer leur porte au Christ ! Mais le Christ est partout et aucune porte ne l’arrête, parce qu’il est le Sauveur de tous les hommes, sans aucune exception.

Ce chemin il est le chemin des béatitudes évangéliques dont la clé est l’amour : un bonheur plénier nous est promis, à nous qui étions malheureux, blessés, meurtris, pécheurs :

Chemin de pauvreté dans l’adoration, qui nous libère de l’égoïsme.

Chemin de douceur, qui nous libère de la dureté de nos opinions et nous permet de conquérir tous les cœurs au Christ.

Chemin de purification dans les larmes, qui nous libère de toutes nos idoles.

Chemin de désir ardent pour la justice, dans la force des martyrs.

Chemin de miséricorde, dans le pardon donné sans compter.

Chemin de pureté du cœur pour voir Dieu, qui nous libère de tous nos intégrismes.

Chemin de paix, car TOUT homme est appelé à rencontrer le Christ et à être fils de Dieu.

Tant que nous sommes sur la terre, c’est aussi un chemin de persécution : de cela, le Seigneur nous parle ouvertement ! En Orient, comme en Occident, cela est on ne peut plus actuel. Devant cela, la Joie divine doit nous transfigurer : celle qui jaillit d’une plénitude d’amour plus forte que toute haine, que tout péché, que tout refus.

En communion avec nos frères chrétiens d’Orient, soyons donc les témoins joyeux de cette Bonne Nouvelle : le Seigneur s’est fait l’un de nous pour que nous devenions semblables à lui. La clé en est l’Amour.

23 septembre 2012 | 15:53
par Barbara Fleischmann
Temps de lecture : env. 4  min.
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