encore moins d’être Noir et catholique
Pas facile d’être Noir aux Etats-Unis, (261291)
Témoignage de Mgr James Terry Steib, évêque auxiliaire de Saint Louis
Saint Louis, 26décembre(APIC) Il n’est pas facile d’être Noir aux EtatsUnis, mais il est encore plus dur d’être Noir et catholique, affirme Mgr
James Terry Steib, évêque auxiliaire de Saint Louis, dans l’Etat du Missouri. Les catholiques noirs ont pourtant confiance en l’Eglise catholique,
car elle leur semble être la seule institution capable de les libérer.
C’est le message adressé par Mgr J. Terry Steib, président du Comité épiscopal pour les catholiques noirs, à ses collègues de l’épiscopat américain.
Dans son édition du 13 décembre, le journal catholique «National Catholic Reporter» (Kansas) propose de larges extraits de l’exposé de Mgr Steib
lors de la dernière assemblée plénière de l’épiscopat américain.
Des survivants
«Les Afro-Américains chantent des gospels, des chants qui leur donnent
du courage, des chants qui disent une histoire. Mais l’histoire n’est pas
jolie. Sous certains aspects, la musique gospel classique cache une triste
réalité : il n’est pas facile d’être Noir en Amérique», avoue l’évêque auxiliaire de Saint Louis, qui a le sentiment d’appartenir à une «communauté
de rescapés».
«Nous avons survécu au passage de l’Afrique à l’Amérique. Nous avons
survécu à un esclavage qui nous a été imposé. Nous avons survécu aux lois
de Jim Crow, aux Eglises séparées, aux salles de bain séparées, (…) Nous
avons survécu aux lynchages tant par la corde que par les médias, nous
avons survécu au racisme qui a causé tout cela… Nous avons survécu et
nous sommes plus forts».
Les Noirs partout au bas de l’échelle sociale
Que les Noirs aux Etats-Unis soient aujourd’hui plus forts ne dissipe
pas les craintes de l’évêque de couleur, qui voit se profiler une nouvelle
menace : la famille afro-américaine est en crise. Ainsi, en dix ans, de
1976 à 1986, le nombre des inscriptions dans les collèges a chuté de 35 % à
28 % et 20 % des Noirs (jusqu’à 50 % dans certaines villes) n’arrivent pas
au bout de leurs études secondaires. Un Noir sur trois doit se contenter
d’un revenu qui se situe en-dessous du seuil de pauvreté. Les Noirs représentent 12 % de la population américaine, mais 48 % de la population carcérale.
Et ce n’est pas tout : un enfant noir a deux fois plus de chance qu’un
enfant blanc de naître prématurément, de présenter un faible poids à la
naissance, de mourir avant d’avoir atteint l’âge d’un an, de naître d’une
mère de moins de vingt ans ou célibataire, ayant reçu peu de soins prénataux (ou alors tardivement), de vivre dans un taudis, d’avoir des parents
chômeurs…
Une spiritualité «globale»
Est-il difficile à Mgr Steib d’être Noir ? L’intéressé répond par l’affirmative. Il l’avoue d’autant plus volontiers que l’expression «Il n’est
pas facile d’être Noir en Amérique», ce n’est pas lui qui l’a inventée.
C’est le titre d’une recherche menée par l’Université John Hopkins. L’évêque noir rappelle les trois conclusions de cette étude : «Nous vivons dans
une société qui est consciente de la race; la couleur de la peau sombre est
probablement un indice qu’on est exposé au stress psycho-social; le taux
élevé d’hypertension parmi les Noirs est dû aux tensions engendrées par le
racisme, la pauvreté et un bas niveau d’éducation».
S’il est effectivement dur d’être Noir aux USA, il est doublement dur
d’être Noir et catholique. Mais l’évêque d’ajouter : «Nous sommes cependant
fiers d’être les deux. Voyez-vous, pour les Afro-Américains, il n’y a pas
de distinction entre ce qu’ils vivent dans l’Eglise et ce qui se passe dans
leur vie quotidienne». En effet, souligne-t-il, «la spiritualité noire est
globale», et c’est pourquoi «l’Eglise devrait être, peut être et est
souvent le centre de nos vies. Pour nous, la vie quotidienne et la vie
spirituelle sont tissées ensemble. Mais le tissu montre également la
souffrance». (apic/cip/be)