Toujours des polémiques à propos d’Escriva de Balaguer
Espagne : Béatification du fondateur de l’Opus Dei (231291)
Madrid, 23décembre(APIC) La béatification par le pape Jean Paul II, en
mai prochain, de Mgr Escriva de Balaguer, marquis de Perralta, suscite toujours la polémique en Espagne. Le professeur Juan Martin Velasco, une personnalité en vue du monde catholique espagnol, n’hésite pas à parler de
«scandale». De l’avis du professeur Velasco, la déclaration de la sainteté
d’Escriva de Balaguer «affaiblira la crédibilité de l’Eglise». Des affirmations qui, à n’en point douter, vont susciter une réplique fulgurante de la
part de l’Opus Dei.
Professeur à Salamanque et à Madrid, Juan Martin Velasco affirme que
cette mesure est destinée «à sanctionner un privilège donné à certains secteurs de l’Eglise». «Et pourquoi ne pas privilégier ceux qui sont du côté
des pauvres?» se demande-t-il en relevant que l’on favorise dans ce cas
certains secteurs sociaux et pas d’autres. Et le professeur Velasco de se
demander, considérant la rapidité de la procédure concernant Escriva de
Balaguer, pourquoi la cause du pape Jean XXIII, «qui a eu un poids
important dans l’histoire de l’Eglise comme figure charismatique et
providentielle», va si lentement. Et pourquoi ne pas faire pareil pour les
martyrs de l’Amérique latine, les jésuites, des laïcs, Mgr Roméro ?,
questionne encore le professeur espagnol.
Dans une interview publiée dans la dernière édition du bimensuel catholique italien «Il Regno», de Bologne, le professeur Velasco précise ce
qu’il entend par «scandale». Il met d’abord en cause le fait que la personne d’Escriva de Balaguer – une figure contestée – soit proposée, par la
béatification, comme modèle de vie chrétienne.
«Nous ne croyons pas que l’on puisse désigner comme modèle d’exercice de
la vie chrétienne quelqu’un qui s’est servi du pouvoir, a utilisé le pouvoir pour mettre sur pied l’Oeuvre (l’Opus Dei, ndr), pour l’étendre, qui
l’a dirigée avec des critères obscurs – la mafia blanche -, n’acceptant pas
le magistère du pape et des évêques quand il ne coïncidait pas avec sa façon de voir les choses, bien qu’à présent, ils se présentent comme les paladins de la papauté. Ce n’était pas comme cela à l’époque de Paul VI et du
Concile».
Ordonné prêtre en 1956, Juan Martin Velasco est né en 1934 près d’Avila;
il est docteur en philosophie de l’Université catholique de Louvain (il a
également suivi des cours à Fribourg et à la Sorbonne) et fut recteur du
séminaire et de l’Institut supérieur de pastorale à Madrid. Pour lui, «béatifier le ’père’ signifie encore une fois sanctionner l’oeuvre du ’père’,
qui a bien des côtés négatifs: que l’on pense aux méthodes employées, aux
prises de position adoptées, à la façon de recruter et de rendre présent le
christianisme dans les milieux du pouvoir politico-économique.»
Juan Martin Velasco reproche «d’authentiques anomalies» à la procédure
de béatification du fondateur de l’Opus Dei. Il affirme que certaines personnes connaissant bien le «père», parce qu’ils furent membres de l’Oeuvre,
voulaient témoigner, mais que leur témoignage n’a pas été recueilli lorsque
le procès s’est ouvert à Madrid. Quant au miracle attribué au futur bienheureux – «la guérison subite, parfaite et permanente» d’une carmélite madrilène, Soeur Concepcion Boullon Rubio -, Juan Velasco le met en doute,
affirmant que la famille Rubio est liée à l’Opus Dei et que «selon mes informations, il paraît que l’équipe médicale chargée de certifier le miracle
serait de l’Université de Navarre, qui appartient à l’Opus Dei». Le professeur en conclut que toute l’affaire a été organisée par l’Opus Dei, «profitant du vent favorable soufflant à Rome» et que cette décision aura des
conséquences pour «le prestige du magistère de l’Eglise». (apic/reg/cickna/be)