La Sainte Famille/photo:evangile-et-peinture.org
Homélie

Homélie du 27 décembre 2015 ( Lc 2, 41-52)

Abbé Wolfgang Birrer – Basilique Notre-Dame, Lausanne

Fête de la Sainte Famille

Lectures bibliques : 1 Samuel 1, 20-22.24-28 ; Psaume 83 (84) ; 1 Jean 3, 1-2.21-24 ; Luc 2, 41-52


Le dimanche qui suit la Nativité du Seigneur est dédié à la Sainte Famille. En cette Année sainte de la Miséricorde, nous fêtons aujourd’hui le Jubilé des familles, et nous prions pour et avec les familles dans le monde entier.

La fête de ce jour nous donne de regarder la Sainte Famille – Jésus, Marie et Joseph – dans leur vie de tous les jours et d’entrer dans l’ordinaire de leur quotidien. C’est une vie ordinaire et un quotidien où il ne s’est pas rien passé : la vie ordinaire de la Sainte Famille nous dit que le quotidien devient un lieu de sanctification et de rencontre avec Dieu ; un lieu où il est possible de grandir dans notre humanité et de grandir également dans notre relation à Dieu, et ceci dans le déroulement ordinaire de la vie quotidienne.

Marie et Joseph ont évolué dans leur lien à leur Fils

Regardons Marie et Joseph dans leur souci de parents et du suivi de l’Enfant-Jésus. Tout spécialement dans cet évangile du pèlerinage annuel des Hébreux au Temple de Jérusalem, l’évangéliste saint Luc nous montre, à l’issue de cette épreuve de l’Enfant-Jésus perdu et retrouvé, comment Joseph et Marie ont grandi dans leur compréhension de Dieu et comment ils ont progressé dans leur regard sur leur Fils, qui s’est retrouvé au Temple « chez son Père », ainsi qu’Il le leur dit ! Marie et Joseph ont évolué dans leur rôle de parents après cette épreuve (de fait, c’était une vraie épreuve : pour quel mère et père n’y aurait-il pas pire épreuve que de ne pas savoir où se trouve son enfant, et ceci d’autant plus s’il n’est pas encore adulte !). Marie et Joseph n’ont pas été désavoué dans leur rôle de parents, mais cet épisode nous montre qu’ils ont aussi évolué dans leur lien à leur Fils Jésus, Lui qui s’inscrit pleinement dans leur filiation.

Croissance du Fils de Dieu dans le cadre habituel d’une vie de famille

Il en va de même pour l’Enfant-Jésus : sa vie à Nazareth a été pour Lui le lieu où le Fils de Dieu a accepté de grandir dans son humanité, comme tout-un-chacun, « en sagesse, en taille et en grâce » nous dit saint Luc. Il a accepté de grandir en étant soumis à saint Joseph et à la Bienheureuse Vierge Marie. Cette croissance du Fils de Dieu, du Verbe fait chair dans son humanité s’est faite dans la succession et la discrétion des jours ordinaires, dans le cadre habituel d’une vie de famille.

Pour la Sainte Famille : épreuves et joie

La Sainte Famille a traversé et connu des épreuves : nous en avons une relatée dans l’évangile de ce jour (la disparition de l’Enfant-Jésus). Avant cela, il y a les difficultés dans lesquelles la naissance du Christ a eu lieu : pendant un voyage de recensement, les auberges étant pleines de monde à Bethléem au moment même de l’enfantement, puis il y a eu la fuite et l’exil pendant plusieurs mois en Egypte… Mais nous croyons que les membres de la Sainte Famille sont toujours et malgré tout restés dans une joie, une joie intime, « parce qu’ils s’aiment, qu’ils s’aident et surtout qu’ils sont certains que Dieu, qui s’est fait présent dans l’Enfant Jésus, est à l’œuvre dans leur histoire » (Benoît XVI, Angélus du 13 décembre 2009).

Vie cachée de la Sainte Famille qui  enseigne recueillement, intériorité

La Sainte Famille – Jésus, Marie et Joseph – offre une vie exemplaire, que ce soit dans leur vie cachée ou publique. Le 4 janvier 1964, le Bienheureux pape Paul VI était en pèlerinage à Nazareth. A cette occasion, avec des mots qui restent très actuels, Paul VI dit que la vie de la Sainte Famille à Nazareth, spécialement dans son aspect méconnu, non-public, caché (c’est-à-dire vécu dans le déroulement discret et ordinaire de la vie de tous les jours), la vie de la Sainte Famille à Nazareth offre l’exemple d’une vie active dans un climat de silence et de travail dont l’exemple peut nous soutenir aujourd’hui encore : « Que renaisse en nous l’estime du silence, nous dit Paul VI à Nazareth, cette admirable et indispensable condition de l’esprit, en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de tracas et de cris dans notre vie moderne bruyante et hypersensibilisée ». Paul VI souligne combien la vie cachée de la Sainte Famille à Nazareth nous enseigne « le recueillement, l’intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ». Elle nous redit l’importance « de l’étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret ». (Paul VI, Discours à la basilique de l’Annonciation à Nazareth, le 4 janvier 1964).

Au Christ, rien de notre vie humaine n’est inconnu

Cette fête d’aujourd’hui nous redit combien rien n’est inconnu et étranger au Christ : pas même les grandeurs, les difficultés et les défis de la vie familiale dans laquelle le Fils de Dieu a fait son éducation dans son humanité. Au Christ, rien de notre vie humaine n’est inconnu, ni à Marie, ni à saint Joseph. Cette certitude est pour nous cause d’une grande sérénité et d’une grande paix. C’est dans la succession et la discrétion des jours ordinaires que le plan de Dieu a mûri et qu’il est advenu à maturité dans la Sainte Famille.
Il en va de même pour nous, et en cela le Christ nous accompagne. Nous le recevons à nouveau avec gratitude et émerveillement dans la sainte Communion, sainte Communion à laquelle nous pouvons aussi nous unir spirituellement. Nous y donnons à Jésus avec confiance toutes nos intentions de prière, l’humanité toute entière et spécialement les familles, ainsi que les personnes qui nous sont chères et avec lesquelles nous vivons. La prière d’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie et de saint Joseph nous accompagne et nous soutient.


 

La Sainte Famille/photo:evangile-et-peinture.org
27 décembre 2015 | 09:10
Temps de lecture: env. 4 min.
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