Cri d’alarme des missionnaires dans la zone frontalière avec l’Ouganda
Nord du Rwanda: La guerre oubliée fait de nombreuses victimes (190292)
Rukomo, 19 février(APIC) Des bandes armées du Front patriotique rwandais
venues d’Ouganda sèment la mort depuis plus d’un an dans le Nord du Rwanda,
dans les préfectures frontalières de Ruhengeri et de Byumba. L’Eglise locale, témoin des atrocités et des destructions commises par les «terroristes»
contre la population civile, a lancé mercredi un véritable SOS. Elle demande que les négociations entre le Front patriotique et le gouvernement rwandais aboutissent le plus vite possible pour alléger les souffrances de la
population civile.
Dans un message intitulé «Le cri des abandonnés» et parvenu à l’agence
APIC, un quinzaine de prêtres missionnaires des paroisses de Rukomo, Nyarurema, Rushaki, Nyagahanga (décanat du Mutara), en pleine zone de guerre,
lancent cet appel : «Arrêtez cette guerre… Faites quelque chose… Faites
vite!». Depuis plusieurs mois, des attaques sanglantes ont lieu quasi quotidiennement et plusieurs zones frontalières de la commune de Kiyombe ont
été abandonnées. Plus à l’intérieur du pays, des secteurs entiers sont désertés la nuit par leurs habitants, en raison d’attaques continuelles qui
ont déjà fait des dizaines de victimes civiles. Les populations apeurées
cherchent refuge dans les bois ou les bananeraies.
Les attaques nocturnes n’épargnent même pas les personnes déplacées.
Lors de la dernière attaque sur Rukomo, dans la nuit du 1er au 2 février,
six personnes ont été tuées, tandis que le centre de santé et une école secondaire privée ont été sérieusement endommagés. Le camp de personnes déplacées de Rwebare, dans la paroisse de Rukomo, sous la protection de l’armée, a subi une violente attaque qui a fait trois morts. Les assaillants
ont laissé sur le terrain une douzaine de cadavres portant l’uniforme de
l’armée ougandaise, affirment les missionnaires catholiques du Mutara.
Les auteurs du message affirment que les médias tant étrangers que rwandais ignorent la vraie nature de cette guerre oubliée qui est tout juste
mentionnée au titre des faits divers au Rwanda même : «Ce ne sont plus des
batailles entre deux armées, mais du terrorisme à l’encontre de populations
paisibles».
Les paroisses frontalières de Bungwe, Rushaki, Nyarurema et Rukomo ont
subi destructions, pillages, enlèvements et massacres. Plusieurs dizaines
de milliers de personnes sont désormais déplacées, rien que pour les quatre
paroisses mentionnées. Malgré l’aide de la Croix-Rouge et d’autres organismes humanitaires, ces populations déplacées souffrent de malnutrition et de
maladies dues au manque d’hygiène. Il y également de nombreux problèmes sociaux causés par la dispersion des familles, de nombreux orphelins et des
cas d’enfants mutilés. (apic/bicer/be)