Démenti du cardinal Silvestrini

Rome: aide du Saint-Siège aux criminels nazis (130292)

Rome, 13 février(APIC) Le cardinal Achille Silvestrini, responsable pour

les Affaires étrangères du Saint-Siège de 1979 à 1988, n’exclut pas que des

nazis puissent avoir été aidés par des membres de l’Eglise à fuir en Amérique du Sud dès la fin de la seconde guerre mondiale. Le cardinal souligne

cependant que cette aide n’a pas été apportée sur ordre du Saint-Siège.

Les déclarations de Mgr Silvestrini interviennent après la signature du

décret, la semaine dernière, par le président argentin Carlos Menen, autorisant la levée du secret qui frappait les archives concernant l’activité

des criminels nazis en Argentine, mais aussi à la suite des déclarations

émanant du Centre Wiesenthal selon qui le Vatican avait facilité la fuite

des nazis en leur octroyant sa «protection morale».

Cette semaine encore, le rabbin Marvin Hier, du Centre Simon Wiesenthal

de Los Angeles (Etats-Unis), a révélé avoir demandé au Secrétaire d’Etat du

Saint-Siège, le cardinal Angelo Sodano, d’ouvrir les archives du Vatican

«pour mieux comprendre comment certaines personnes», comme par exemple le

tristement célèbre docteur Josef Mengele, «ont pu s’en aller de Rome vers

l’Amérique du Sud».

La requête du rabbin Hier fait également suite à l’ouverture des archives autorisée par le président Menen, que les membres du Centre Wiesenthal

ont pu examiner en partie. Après consultation, leur soupçon concernant

«l’aide apportée par le Vatican à la fuite de différents criminels de guerre nazis a été renforcé».

Dans une interview que publie jeudi le quotidien italien «La Repubblica», le Cardinal Silvestrini déclare que «depuis toujours, en pratique,

l’Eglise fournit une aide chrétienne à des gens traqués sans les regarder

en face». Il remarque que: «Au cours de l’occupation allemande de Rome, divers anti-fascistes ont pu, grâce à l’aide d’ecclésiastiques, trouver refuge dans des bâtiments extra-territoriaux du Vatican ou dans des Instituts

religieux de la capitale ou dans ses alentours».

L’ancien «ministre des Affaires étrangères» du Saint-Siège poursuit en

relevant que l’inverse s’est produit après la guerre. «Certains personnages

qui s’étaient compromis avec les fascistes et les Allemands ont été aidés

dans leur fuite par des ecclésiastques ou des religieux. Mais pas sur ordre

du Saint-Siège», insiste Mgr Silvestrini.

A propos des archives du Vatican, ce dernier note que les archives du

Vatican antérieures à 1922 peuvent être librement consultées. Il relève que

l’ensemble de la documentation couvrant la période allant de 1939 à mai

1945 a été intégralement publiée. «Non seulement les documents politiques,

mais aussi les documents humanitaires comme par exemple ceux qui concernent l’intervention du pape en faveur des juifs ont été publiés», préciset-il.

Les archives contiennent-elles des informations sur la fuite de diverses

personnes dès la fin de la guerre? Mgr Silvestrini répond: «Elles ne contiennent même pas ce que Pie XII a fait pour sauver des gens des mains des

nazis».

La version du jésuite américain Robert Graham

Dans son dossier consacré à cette page de l’histoire, «La Repubblica»

donne également la parole au jésuite américain Robert Graham, spécialiste

de l’histoire du Vatican durant la seconde guerre mondiale. Le jésuite ne

croit pas que le Saint-Siège a fourni des passeports à des criminels de

guerre. «Au plus, explique-t-il, quelqu’un aura pu arracher une recommandation de certains ecclésiastiques ambigus. Il y avait un évêque pro-nazi à

Rome, Alois Hudal, connu comme l’évêque noir. Recteur du Collège Sainte-Marie de l’Ame, il a combiné des expatriations ou des choses de ce genre.

Mais il ne faisait pas partie du Vatican. Pie XII ne le supportait du reste

pas. J’ai passé presque toute ma vie d’historien à examiner ces choses.

J’ai remarqué qu’on a publié et qu’on continue à publier une grande quantité de stupidités. (apic/jt/pr)

13 février 1992 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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