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Homélie

Homélie du 8 mai 2016 (Jn 17, 20-26)

Chanoine Michel-Ambroise Rey – Eglise du Feddey, Leysin

 

Chères auditrices, chère mamans, chers malades, chers frères et sœurs,

Pour la première fois dans ma vie, le jeudi 14 avril 2016, j’ai vu un volcan en pleine activité. C’était un spectacle éblouissant et prodigieux. Une immense colonne de fumée grisâtre de plus de 5 kilomètres de haut et d’une largeur d’environ cinq cents mètres s’élevait dans les cieux azurs des Andes péruviennes. L’émotion m’envahit encore jusqu’à présent lorsque je pense à cet événement exceptionnel.

Pourtant cette merveille de la nature est incomparablement beaucoup moins belle que la petite créature qu’une maman façonne dans son sein lorsqu’elle est enceinte. Chaque fois que je rencontre une maman en attente de mettre au monde un enfant je rends grâce au Seigneur pour ce miracle de la Vie et j’admire le plan divin qui permet qu’à partir de la rencontre d’un ovule et d’un chromosome un être humain organise déjà tout son être avec beaucoup de justesse et d’adresse. Quelle œuvre admirable et combien nous pouvons nous émouvoir devant la sagesse du Créateur qui a prévu un tel déroulement de la Vie dans le sein de nos mamans. Oui, très chères mamans, à vous toutes un immense et très reconnaissant merci pour l’amour avec lequel vous portez votre enfant et le mettez au monde.

«Très chères mamans, un immense merci pour l’amour avec lequel vous portez votre enfant et le mettez au monde»

Vous façonnez tout d’abord le corps de chacun d’entre nous, chères mamans, puis une fois que nous avons découvert le monde visible, votre mission ne s’arrête pas, car il vous revient encore de nous engendrer à la vie sociale et si possible à la vie spirituelle en nous octroyant vos qualités morales et, bien sûr, aussi votre foi en Dieu le Père et en Jésus le Christ dans l’Esprit Saint, vous pouvez ainsi vous rendre compte de l’éminente splendeur de votre mission.

Pourtant  tout cela n’est encore rien en comparaison du bonheur que chacun d’entre nous peut éprouver dès aujourd’hui s’il comprend que le mystère pascal que nous célébrons ces jours-ci nous ouvre à la joie et l’action de grâce,   car nous sommes les membres du corps du Christ et sa Résurrection est déjà notre victoire, son Ascension est aussi déjà notre victoire. Comme le dit saint  Paul dans sa lettre aux Romains (cf.8,34 – 39) «  nous vivons en Christ, nous sommes affermis dans l’espérance de vivre avec le Christ. Qui donc pourra nous séparer de Lui, ni la mort, ni la fatigue, ni la maladie, ni l’angoisse, ni les peines, ni les douleurs. Oui, j’en ai l’assurance, poursuit  saint Paul, ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni le présent, ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs, ni celles des profondeurs, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ, notre Seigneur ».

«Christ est vivant et il recommence son exode humble et caché pour chaque homme »

Pour vous très chers malades, très chers prisonniers comme pour nous tous  le souffle pascal est là et il a comme mission de nous remplir de cette espérance qui nous est donnée en Christ que tout homme, toute femme, quelle que soit sa situation sociale, morale, politique, économique, même complètement mort aux yeux de la société peut toujours ressusciter à la Vie par la grâce du Christ Jésus.

J’aime ce temps pascal parce qu’il ranime en nous par les célébrations de la mort et de la résurrection de Jésus la certitude que « le Seigneur nous rejoint sur nos sentiers, puisqu’il s’est levé d’entre les morts, Jésus, le Fils de Dieu, notre frère. Il a saisi notre destin au cœur du sien pour le remplir de sa lumière. Christ est vivant auprès du Père et son exode humble et caché, le Fils aîné le recommence pour chaque homme ».

Cette hymne pascale le proclame haut et fort. Elle nous permet de comprendre la beauté et l’incroyable amour que le Seigneur a à l’égard de chacun d’entre nous puisqu’il recommence pour chaque homme son exode humble et caché. En Jésus s’accomplissent toutes les prophéties et toute l’histoire biblique et  puisque nous sommes les membres de son corps, nous pouvons encore dire qu’ en nous aussi s’accomplissent toutes les prophéties et toute l’histoire biblique. C’est tout à fait prodigieux et splendide. La dimension pascale qui nous est proposée est si admirable que nous pouvons alors comprendre que le sacrifice du Christ, notre Pâque, est une œuvre plus merveilleuse encore que l’acte de la création au commencement du monde. Nous pouvons comprendre ainsi l’éminente dignité de chaque homme et de chaque femme, de chaque enfant de l’homme et enfant de Dieu puisque aux yeux de notre Dieu nous avons davantage de valeur que la création tout entière !

En poursuivant dans cette perspective pascale, demandons au Seigneur d’augmenter en nous la grâce de saisir chaque jour davantage quel baptême nous a purifiés, quel Esprit Saint nous a fait renaître et quel sang nous a rachetés. C’est dans ce sens-là que je vois la très grande importance de baptiser les enfants dès leur plus jeune âge.

Voyez-vous : Jésus saisit notre destin de malades, de prisonniers, de femmes abandonnées, violées pour le placer dans le sien pour le remplir de son amour et de sa lumière; Jésus saisit notre destin de migrants, de méprisés, de miséreux pour le placer dans le sien pour le remplir de son amour et de sa lumière ; il saisit notre destin d’enfant, de jeune, de personne âgée pour le placer dans le sien pour le remplir de son amour et de sa lumière  et c’est alors que la Pâque, c’est-à-dire le passage du Seigneur,  se réalise en chacun d’entre nous, et c’est alors que la résurrection n’est plus quelque chose d’extérieur à notre vie, mais elle devient partie intégrante et intégrale  de notre existence et nous vivons dès lors sur cette terre illuminée par la grâce de Dieu en enfants de lumière.

Quel admirable destin nous offre notre vie en Christ puisque nous devenons réellement ce que nous recevons dans la sainte communion le corps du Christ, nous devenons par la grâce pascale un autre Christ et nous sommes alors invités à vivre sur cette terre comme le Christ, avec la charité du Christ, avec son amour, avec sa miséricorde, sa bonté et sa simplicité.

«Une vie humaine est réussie lorsque nous faisons de notre vie un chemin pascal»

Le volcan Sabancaya auquel j’ai fait allusion est une œuvre splendide ;  l’enfant dans le sein de sa maman est une œuvre encore plus splendide ;  toutefois la résurrection et l’ascension du Christ à la droite du Père provoquent notre admiration qui  dépasse tout entendement. Finalement,  tout cela n’est encore absolument rien en comparaison de la révélation de Jésus dans l’évangile de ce jour : que tous soient un en nous, eux aussi, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi, remplis de la gloire de Dieu.

Par la contemplation du mystère de la Sainte Trinité, par la prière avec Jésus dans l’Esprit Saint nous pouvons comprendre que notre destinée terrestre que nos parents nous offrent en nous mettant au monde est appelée à s’épanouir dans la vie divine en partageant la gloire que le Père offre à son Fils Jésus et par lui et en lui à tous ses enfants d’adoption et dans ce sens-là je peux dire qu’une vie humaine est réussie, est pleinement réussie lorsque nous faisons de notre vie un chemin pascal, car au-delà de notre mort, Jésus nous attend sur le rivage (cf. Hymne pascale : Il s’est levé d’entre les morts)  pour que nous entrions dans la gloire de Dieu.

L’Esprit Saint nous ouvre alors à la joie et à l’action de grâce car nous croyons que le Christ est dans la gloire auprès du Père et nous croyons aussi qu’il est encore avec nous jusqu’à la fin des temps comme il nous l’a promis. Il souhaite que là où Il est, nous soyons aussi avec Lui en contemplant sa gloire et la gloire que Dieu donne à tous ceux qui font sur cette terre sa volonté.


7e DIMANCHE DE PÂQUES

Lectures bibliques : Actes 7, 55-60; Psaume 96; Apocalypse 22, 12-14.16-17.20; Jean 17, 20-26


 

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8 mai 2016 | 09:15
Temps de lecture: env. 6 min.
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