
Un doigt dans l'oreille et de la salive sur la langue
Avez-vous déjà rencontré un sourd-muet ? C’est un handicapé lourd. Non seulement il ne peut pas parler, mais en plus, il n’entend pas ce qu’on lui dit. Pour communiquer avec un tel homme, il faut beaucoup de patience et de cœur.
De même, il est un peuple qui ne voit pas les signes de Dieu, qui n’entend pas et ne comprend pas sa Parole. Ce peuple est comme un sourd-muet qui a besoin d’une guérison. Ce peuple est comme chacun d’entre nous : nous avons besoin de l’aide de Dieu pour parvenir à la guérison. Guérir, pour voir les signes de la Beauté de Dieu, de sa proximité, de sa solidarité avec nos souffrances, guérir pour entendre sa Parole qui nous enseigne la Vérité et la Liberté. Guérir pour faire le Bien et éviter le Mal.
Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus est en pleine Décapole. Ces dix villes de Transjordanie étaient soustraites à l’administration d’Hérode et rattachées par Pompée à la province de Syrie. Imaginez ce début de désert qui conduit à l’Irak et à l’Iran, et que traversent aujourd’hui les oléoducs du pétrole du golfe persique. Bref, Jésus est dans un désert païen, loin des grandes foules et des juifs.
Si Jésus est dans un désert païen, c’est une fois de plus pour nous rappeler que Dieu est venu pour tous les hommes. C’est la très belle dimension universelle du salut que Dieu veut nous apporter Jésus-Christ.
Si Jésus est dans le calme, un peu à l’écart c’est pour être dans le lieu et les conditions où il va pouvoir enseigner le petit groupe qui le suit (douze hommes et quelques femmes) sans savoir encore qui Il est.
Et voilà qu’on lui amène un sourd-muet. Et contrairement aux guérisseurs païens qui se donnaient en spectacle, Jésus amène le malade à l’écart, loin de la foule.
Car Jésus recherche une relation particulière et intime avec le malade. Cet élément est très important : Jésus veut nous amener, chacun individuellement, à une relation personnelle avec son Père. Et cela ne peut se réaliser que dans la solitude et le silence intérieur, ce lien ne peut se réaliser que si nous acceptons d’être amené un peu à l’écart.
Concrètement cela veut dire qu’il faut se donner du temps, au quotidien, pour prier Dieu dans le calme et la paix. Un peu à l’écart, par exemple un peu comme dans une église ou une chapelle. Car c’est dans le désert, un peu à l’écart des curieux, que Dieu veut nous guérir chacun, personnellement.
«Jésus lui mit les doigts dans les oreilles, et, prenant de la salive, il lui toucha la langue. Puis les yeux levés au ciel il soupira et lui dit: «Ephata!», c’est-à-dire: «Ouvre-toi».
Avouons que ces gestes sont étonnants, presque un peu choquants. Et pourtant, la guérison se fait par ces gestes corporels. Dieu ne guérit pas de loin, à distance, sans nous, sans nous toucher, sans nous effleurer. Non, Dieu nous guérit en se faisant tout proche de nous. L’Amour de notre Dieu, ce n’est pas des théories désincarnées, mais au contraire la tendresse et la miséricorde qui se font tout proches et qui touchent par des gestes tout simples.
De même aujourd’hui : Dieu se donne par des gestes concrets, des gestes simples et corporels. Ces gestes par lesquels Dieu se donne de façon privilégiée, ce sont les sacrements: le baptême, la confession, la Sainte Communion, l’onction des malades…
Dieu se donne en se faisant si proche QUE L’INTÉRIEUR DE DIEU DEVIENT L’INTÉRIEUR DE L’HOMME. Vous vous souvenez du récit de la Genèse ? Adam n’était qu’un terreux, que de la glaise. Et Dieu « insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant (GN 2, 7)».
L’INTÉRIEUR DE DIEU EST DEVENU L’INTÉRIEUR DE L’HOMME.
C’ÉTAIT LA CRÉATION ORIGINELLE.
Eh bien, la création nouvelle, la recréation de Dieu, la guérison par Dieu de l’homme blessé par son péché, cette guérison se produit de la même façon. Dieu se fait tout proche, tout intime, et c’est son souffle de Vie qui nous ouvre à la Vie nouvelle. C’est l’Esprit-Saint qu’il veut ex-pirer dans notre cœur.
L’INTERIEUR DE DIEU EST DEVENU L’INTERIEUR DE L’HOMME.
C’EST LA CRÉATION NOUVELLE.
Nul ne peut entendre la Parole de Dieu, si le Seigneur ne lui ouvre d’abord les oreilles et le cœur. Nul ne peut voir les merveilles de Dieu, si le Seigneur ne lui ouvre les yeux. Oui Seigneur, avec la foule nous pouvons dire : « Tout ce que tu fais est admirable, tu fais entendre les sourds et voir les aveugles ». Un peu comme un écho aux paroles de la Genèse : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, voilà, c’était très bon » (Gn 1, 31).
Seigneur pose la main sur moi, prends moi à l’écart, loin de la foule.
Touche-moi au plus intime de moi-même par ta Parole qui libère.
Que ton intérieur devienne mon intérieur. Ton Esprit, mon esprit.
Dis-moi « Ephata ! », que je m’ouvre à ton Amour débordant.
Amen. Père Jérôme Jean.
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