dans les églises des images sacrées à la vénération des fidèles

Vatican : le pape souhaite que l’on continue de proposer (050288)

Rome, 5 février 1988 (APIC/CIP) Dans une nouvelle lettre apostolique adressée à tous les évêques du monde, le pape Jean-Paul II encourage la pratique

séculaire de l’Eglise, qui consiste à proposer des images sacrées à la

vénération des fidèles.

Cette lettre apostolique, dont les premiers mots sont «duodecimum seculum», est publiée à l’occasion du 1200e anniversaire du deuxième Concile de

Nicée. Dans ce Concile, rappelle le pape, «sans ignorer le péril d’une

résurgence toujours possible des pratiques idolâtriques du paganisme»,

l’Eglise avait admis que «le Seigneur, la bienheureuse Vierge Marie ou les

martyrs et les saints fussent représentés sous des formes picturales ou

plastiques pour soutenir la prière et la dévotion des fidèles».

Saint Grégoire le Grand, mort en 604, avait d’ailleurs insisté, durant

son pontificat, sur le caractère didactique des peintures dans les églises

: à défaut de pouvoir se laisser enseigner par les livres, les fidèles illettrés pouvaient ainsi «lire sur les murs» ce que Dieu pouvait leur dire

par la main des artistes.

Mais le pape n’ignore cependant pas que tout un mouvement iconoclaste a

considéré que cette vénération d’images sacrées révélait un retour à

l’idolâtrie. Les apôtres de ce mouvement iconoclaste partaient, en effet,

du principe, que l’on ne pouvait pas représenter quelqu’un qui appartenait

non seulement au monde des hommes mais au monde de Dieu. Dilemme, donc,

mais dilemme qui met proprement en cause «toute la vision chrétienne de la

réalité de l’Incarnation», souligne Jean-Paul II. Car le mouvement iconoclaste repose, en fait sur des principes qui ne perçoivent pas «les rapports de Dieu et du monde», et surtout «la spécificité de la Nouvelle Alliance que Dieu a conclu avec les hommes en Jésus-Christ».

«Car voir représenté le visage humain du Fils de Dieu, icône du Dieu invisible, c’est voir le Verbe fait chair», souligne Jean-Paul II dans sa

nouvelle lettre apostolique.

L’art sacré aujourd’hui : irremplaçable

Rapprochant les affirmations du 2e Concile de Nicée de ce qui se vit à

l’époque actuelle, le pape observe que, depuis quelques années, il y a un

regain d’intérêt pour la théologie orientale et en particulier pour la spiritualité. Il y voit un signe pour l’Eglise, c’est dans cette perspective

qu’il invite, dans sa lettre apostolique adressée aux évêques, à «maintenir

fermement la pratique de proposer dans les églises des images sacrées à la

vénération des fidèles». «Le croyant d’aujourd’hui, explique-t-il, doit

pouvoir être aidé, comme celui d’hier, dans sa prière et sa vie spirituelle, par la vue d’oeuvres qui tente d’exprimer le mystère et jamais ne l’occultent. C’est pourquoi, aujourd’hui comme par le passé, la foi est l’inspiratrice nécessaire de l’art de l’Eglise.»

«L’art pour l’art, qui ne renvoie qu’à son auteur, sans établir un rapport avec le monde de Dieu, n’a pas sa place dans la conception chrétienne

de l’icône», souligne en revanche Jean-Paul II. «Tout art sacré, quel que

soit le style qu’il adopte, écrit-il, doit exprimer la foi et l’espérance

de l’Eglise. La tradition de l’icône montre que l’artiste doit avoir conscience de remplir une mission de l’Eglise.»

Mais qu’est-ce que l’art chrétien ? «L’art chrétien authentique est celui qui, à travers la perception sensible, donne l’intuition que le

Seigneur est présent dans son Eglise, que les événements de l’histoire du

salut donnent sens et orientation à notre vie, que la gloire qui nous est

promise transforme déjà notre existence.»

En publiant cette lettre, Jean-Paul II espère aussi que la redécouverte

de l’icône chrétienne «aidera à prendre conscience de l’urgence qu’il y a

de réagir contre les effets dépersonnalisants et parfois dégradants de ces

multiples images qui conditionnent nos vies dans la publicité et les medias, car l’icône est une image qui porte sur nous le regard d’un autre,

invisible, qui nous donne accès à la réalité du monde spirituel et eschatologique».

En conclusion, telle est pour le pape l’actualité du deuxième Concile de

Nicee – septieme Concile Oecuménique – 1200 ans après ses assises: il renvoie l’Eglise d’aujourd’hui comme hier à sa tâche d’évangélisation. Cette

tâche, note Jean-Paul II, est d’autant plus urgente que les chrétiens vivent dans une société «plus largement étrangère aux valeurs spirituelles,

au mystère de (notre) salut en Jésus-Christ, à la réalité du monde à venir». (apic/cip/bd)

5 février 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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