6’000 visiteurs quotidiens dans la chapelle de la médaille miraculeuse
Paris: le mystère de la chapelle de la rue du Bac (240792)
Paris, 24juillet(APIC) Moments privilégiés pour la flânerie et les visites touristiques de tous genres, les vacances offrent mille et un lieux
pour aller à la découverte. Paris l’été, ville morte et «vide», n’offre pas
moins aux visiteurs ses habituels rendez-vous touristiques. Notre-Dame de
Paris en est un, avec des centaines d’autres. Le quotidien catholique «La
Croix», par Benoît Vandeputte, part à la découverte d’un autre, moins connu
du grand public, mais que 6’000 personnes visitent quotidiennement: la chapelle de la médaille miraculeuse». Attirés qu’ils sont par le mystère qui
entoure cette chapelle de la rue du Bac. Mystère lié aux apparitions de la
Vierge Marie à Soeur Labouré, en 1830.
Question: quel lieu à Paris voit défiler chaque jour, hiver comme été,
de 5’000 à 6’000 personnes, soit presque deux millions par an? Ce n’est pas
un lieu culturel comme le Louvre, ni architectural comme l’Arche ou la Défense. Ce n’est pas non plus Notre-Dame de Paris… Pourtant des ressortissants de la moitié du monde y défilent. On y trouve même de la documentation en coréen.
La réponse se trouve rue du Bac, à la chapelle de Notre-Dame de la Médaille miraculeuse. Derrière cette appelation très XIXe siècle, se cache
l’histoire de Catherine Labouré, une Soeur de la Charité de Saint-Vincent
de Paul.
En juillet 1830, et pendant plusieurs mois, Soeur Labouré voit la Vierge
Marie. Le message est simple et nouveau à la fois: confiance en la prière
et l’intercession de la Mère de Dieu, et – avant la définition du dogme en
1854 par Pie IX – invocation de son «Immaculée Conception».
Pas d’acte ecclésial de reconnaissance officielle
Ces apparitions n’ont jamais fait l’objet d’un acte ecclésial de reconnaissance officielle; mais le culte de Notre-Dame de la Médaille miraculeuse a été autorisée par l’Eglise. Les conversions et les guérisons n’ont pas
manqué depuis le siècle dernier.
«Les gens viennent ici pour prier, car il n’y a rien à visiter», explique le Père Benoît, prêtre lazariste, l’un des animateurs du sanctuaire. On
le croit volontiers, tant les bâtiments affichent un style à la fois désuet
et guimauve que le siècle dernier à sécrété. Pourtant, les lieux ont incontestablement une âme: la prière est presque palpable quand on pénètre dans
la chapelle.
«C’est ce qui attire les pèlerins, ajoute le Père Benoît, à moins que
des amis ne leur aient recommandé de venir». En tout cas, c’est une population bigarrée qui fréquente la place: un maréchal de France, le commerçant
du coin, des Tamouls ou des Polonais…. Les demandes de ceux qui frappent
aux portes de l’accueil restent très diverses.
D’abord, il y a ceux qui cherchent un conseil spirituel, un éclaircissement sur un point de morale, ou encore qui viennent chercher un confesseur.
Avec Saint-Louis-d’Antin, près de la gare Saint-Lazare, c’est probablement
à la rue du Bac que l’on confesse le plus dans la capitale. Le sacrement de
réconciliation, largement ignoré ailleurs, reste un des ministères essentiels des prêtres du sanctuaire.
Pour le Père Benoît, «cela appartient au charisme du pèlerinage. Il y a
là souvent des confessions vraies, profondes; bien des gens arrivent qui ne
se sont pas confessés depuis des années et des années». Il y a aussi probablement ceux qui viennent chercher la discrétion et l’anonymat que leur
confère la foule.
Un laboratoire
En fait, l’expression du lazariste pour qualifier son travail évoque
bien l’importance d’un tel lieu dans une ville comme Paris. «Nous sommes un
laboratoire, nous sommes aussi des ’passeurs’ qui oeuvrons un peu comme
dans une gare de triage». Tout un travail d’orientation s’accomplit régulièrement: il va falloir apprendre à ceux qui défilent au sanctuaire à se
prendre en charge eux-mêmes, et leur donner les moyens d’approfondir leur
foi.
Lieu de passage, la rue du Bac le reste jusque dans les contradictions
et les épreuves que l’Eglise traverse. En effet, il arrive que des intégristes aussi fréquentent la chapelle. «Prier, oui, explique le Père Benoît.
Célébrer la messe de saint Pie V, non. De toute façon, nous avons fait fuir
quelques centaines de fidèles, ajoute-t-il, en disant ce que nous avions à
dire sur le racisme, l’antisémitisme, et l’exclusion nationaliste».
En fait, à l’écouter, on réalise qu’une chapelle comme celle de la rue
du Bac, reste un extraordinaire lieu d’alternative et de rencontre de
l’Eglise. Pèlerins, déçus des paroisses, curieux de la foi, blessés de la
vie: tous y trouvent l’endroit adapté à leur type de demande. (apic/cr/bvpr)