Saint-Maurice le 15 octobre 2016. Dominique-Anne Puenzieux, directrice générale des Editions Saint.-Augustin, annonce le projet digital pour les journaux paroissiaux. (Photo: B. Hallet)
Suisse

Saint-Augustin tisse sa toile

Saint-Augustin passe au digital et permettra, en 2017, à ses journaux paroissiaux d’investir le web et les réseaux sociaux pour «élargir» son audience. En pleine mutation, l’éditeur catholique a dressé, le 15 octobre 2016, le bilan de la nouvelle mouture de l’Essentiel, lors d’une journée dont Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion, était le «Grand invité».

«La communication digitale», titre anodin de la deuxième partie de la 18e Journée de la presse paroissiale, cachait une véritable révolution. Dominique-Anne Puenzieux, directrice générale des Editions Saint-Augustin, a annoncé la digitalisation prochaine du contenu des journaux. Les paroisses auront la possibilité de publier tout ou partie du contenu de leur bulletin simultanément sur un blog, une page Facebook, sur l’application Instagram et de le diffuser sous forme d’une newsletter électronique. Le brouhaha qui a suivi l’annonce était à la proportion de la surprise. Après la refonte des bulletins, l’éditeur agaunois amorce donc le virage du digital. Avec le risque de voir disparaître, à terme, la version «papier» des journaux?

«Ce n’est pas la mort du papier, je n’y crois pas, assure Dominique-Anne Puenzieux. Il s’agit avec ces outils, de jouer la complémentarité et d’ouvrir nos bulletins à un autre type de public qui ne lit pas», argumente-t-elle. En ligne de mire: un lectorat plus jeune, grand consommateur de contenu via les tablettes et smartphones. «Les 16-30 ans consacrent environ trois heures quotidiennes à consulter du contenu digital contre moins d’une heure pour le papier. Nous n’avons pas le choix, nous devons nous adapter», tranche-t-elle.

Lancement du bouquet en 2017

L’éditeur planche depuis six mois sur le projet dans lequel il a investi 35’000 francs. Prévu pour le printemps 2017, il passera par une phase de test. Dominique-Anne Puenzieux a demandé à cinq rédactions volontaires de jouer les cobayes dès le mois de janvier. Un bilan permettra d’ajuster les paramètres techniques de cette nouvelle plateforme et le prix du service avant son lancement. La prestation est actuellement estimée à 3’000 francs par an et par secteur, «mais pourra faire l’objet d’une adaptation», promet la directrice.

Comme pour les bulletins, l’équipe de Saint-Augustin gèrera la plateforme et répondra aux demandes des rédactions, qui auront le choix de prendre tout ou partie du bouquet proposé. L’auditoire a accueilli favorablement le projet mais n’a pas manqué d’interpeller Dominique-Anne Puenzieux sur la publication des photos d’enfants et de paroissiens sur Facebook. Les membres des rédactions ont également manifesté leur inquiétudes quant à une possible «cannibalisation» de la version papier de leur journal au profit du digital.

Une nouvelle formule s’installe

«Les mises en page sont magnifiques, nos journaux ont fière allure. Nos efforts communs ont été payants». Plus tôt dans la matinée, Dominique-Anne Puenzieux a dressé un bilan élogieux de la refonte graphique et visuelle des bulletins paroissiaux lancée l’année passée. Invité à s’exprimer, l’auditoire, plus sévère, a notamment pointé un corps de police trop petit pour un lectorat âgé, des fonds de couleur qui gênaient la lecture et des rubriques mal signalées par l’absence de couleurs. La couverture a focalisé les critiques en raison des contraintes que la place du logo et le bandeau «trop grand et inutile» imposés aux rédacteurs.

Un sondage parmi les participants a malgré tout permis de constater que la nouvelle mouture des journaux a été globalement bien reçue par le public. La plupart des équipes tablent sur la durée pour installer L’Essentiel dans le paysage catholique romand. Le changement a parfois dérouté des abonnés plutôt âgés. «Certains ont jeté le magazine à la poubelle, pensant qu’il s’agissait d’une publicité», ont rapporté plusieurs équipes. L’aspect visuel plus aéré a séduit. «Je le trouve mieux qu’avant, cette formule redonne un nouveau souffle aux bulletins», a souligné une rédactrice. Toutes les rédactions sont passées à la nouvelle formule, à l’exception du secteur de la Sionne, en Valais (Arbaz, Grimisuat, Ayent et Savièse) qui a souhaité garder Le Parvis dans sa forme actuelle, et qui assurera donc la distribution de son bulletin. La collaboration avec Saint-Augustin se poursuit pour la mise en page.

Des nouveautés

Au titre des nouveautés, la rubrique «Vu de Rome» évolue pour être «Vu de Genève ou de Canterbury, ou d’autres lieux importants de réflexion théologique», annonce la rédaction romande. La rubrique consacrée à la famille verra sa forme actuelle alterner avec des témoignages de familles qui vivent des situations particulières. La rubrique «Libraire» fait son apparition et regroupera des suggestions de lecture proposées par la rédaction romande et les équipes pastorales. L’édito devient un «point de vue» pour éviter de «doublonner» avec celui des rédactions locales. Saint-Augustin a annoncé un hors-série consacré à Saint Nicolas de Flüe à l’occasion de son 600e anniversaire.

«Soyez des instruments de construction»

En «grand invité du jour», Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion, a donné une conférence sur «La force du témoignage et la puissance de la parole». Citant le discours que le pape François a adressé aux journalistes le 22 septembre dernier, l’évêque a exhorté ses auditeurs à être des ‘instruments de construction’».

Mgr Lovey a rappelé que les témoins de l’Evangile sont montés sur les épaules des prophètes pour voir plus loin et accroître la lumière jusqu’à la venue du Christ, «la somme de tous les témoignages». «J’insiste pour que vous osiez cette gymnastique de monter sur les épaules des évangélistes afin de continuer à témoigner de l’Evangile. Vous en serez soulevés à une hauteur gigantesque», a lancé l’évêque à son auditoire.

«Comment être les témoins de l’Evangile aujourd’hui?» L’évêque a suggéré, entre autres, de donner la parole aux témoins, de rédiger un journal axé sur l’information locale, «au goût du terroir» et dans lequel tous les paroissiens se retrouvent. «Le bulletin doit être un instrument pour lutter contre l’analphabétisme religieux» a insisté Mgr Lovey. Il a clos sa conférence en saluant l’engagement de Saint-Augustin et en remerciant chaleureusement les équipes des bulletins pour leur enthousiasme et leur générosité. (cath.ch/bh)

Saint-Maurice le 15 octobre 2016. Dominique-Anne Puenzieux, directrice générale des Editions Saint.-Augustin, annonce le projet digital pour les journaux paroissiaux.
16 octobre 2016 | 09:12
par Bernard Hallet
Temps de lecture: env. 4 min.
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