Traduire la Bible en langues inuites est un défi considérable (Photo:United Nations/Flickr/CC BY-NC-ND 2.0)
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La Bible en langues inuites, une démarche de réconciliation

Le premier congrès sur la traduction de la Bible en langues inuites s’est tenu à Toronto, au sud du Canada, du 30 janvier au 3 février 2017. Au-delà de l’aspect linguistique, la démarche s’inscrit dans un processus de réconciliation avec les peuples autochtones.

Parmi la quarantaine de participants, certains ont parcouru plus de 5000 kilomètres pour assister au congrès, rapporte l’agence d’information catholique québécoise Proximo. La rencontre servait notamment à peaufiner la formation des équipes de traduction, tant en matière de méthode que d’exégèse. Lors de la conférence d’ouverture, Mgr David Parsons, évêque anglican du diocèse de l’Arctique, a insisté sur l’importance pour chaque chrétien d’avoir accès aux textes sacrés dans sa langue maternelle.

Un défi considérable

Après 111 ans d’existence, la Société biblique canadienne, qui parraine l’événement, a une grande expérience en matière de traduction biblique. Elle a déjà entrepris des traductions dans de nombreuses langues amérindiennes. Mais ce genre de démarche demeure un défi considérable, remarque Proximo. En 2012, une première Bible en inuktitut, la langue inuite la plus répandue chez les peuples du Nord, avait été présentée, après 34 ans de travail. L’approche méthodologique a ainsi évolué avec les ans. Il s’agit à présent de mieux tenir compte des contextes de pratique de ces langues fortement ancrées dans des traditions orales. Les traducteurs s’efforcent également aujourd’hui d’exploiter les nouveaux outils informatiques disponibles.

Quand le Canada voulait éradiquer la culture inuite

La Société biblique canadienne voulait aussi inscrire la démarche dans le processus de réconciliation avec les peuples autochtones. Plusieurs Eglises, dont l’Eglise anglicane du Canada, voient dans ces efforts de traduction une manière de réparer des relations mises à mal au fil des décennies avec les peuples du Nord. «Il y a plusieurs années, on leur a enlevé leurs enfants. Ça a contribué à faire perdre la langue et la culture», rappelle le traducteur Réjean Lussier, évoquant la page sombre des pensionnats autochtones canadiens. Entre la fin du XIXe siècle et 1996, plus de 150’000 enfants autochtones ont été arrachés à leur famille et placés dans des pensionnats, pour la plupart sous l’égide de communautés religieuses. Quelque 3200 enfants y sont morts – pour la plupart avant 1940 – de diverses maladies, dont la tuberculose. Les conditions sanitaires y étaient telles que le taux de mortalité était près de cinq fois plus élevé qu’au sein du reste de la population. De l’aveu même du gouvernement de l’époque, sous couvert d’éduquer ces jeunes, cette politique avait pour but premier de les assimiler et d’éradiquer leur culture.

«Ces efforts de traduction peuvent aider à préserver la culture et les dialectes. Pas pour compenser, mais peut-être pour réparer le mal qui a été fait», souligne Réjean Lussier. (cath.ch/prox/arch/rz)

 

 

Traduire la Bible en langues inuites est un défi considérable
11 février 2017 | 11:04
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture: env. 2 min.
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