"Il ne faut pas oublier les femmes parmi les docteurs de l'Eglise." Stéphanie Bernasconi (Photo: DR)
Suisse

«Femme engagée en Eglise, je ne suis pas un prêtre manqué»

Engagée dans l’Eglise comme agente pastorale, Stéphanie Bernasconi est formatrice au Service catholique de catéchèse dans le canton de Vaud (SCCV). A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2017, elle présente sa vision du féminisme dans la société et dans l’Eglise. Interview

Qu’avez-vous prévu pour la Journée internationale des femmes?
Stéphanie Bernasconi: Rien de spécial.

Pour quelle raison?
C’est le genre d’événements que j’appelle «journées bonne conscience». La «lutte féminine» se travaille tout au long de l’année. C’est sur la durée que l’on peut déboucher sur de véritables partenariats. Si demain je portais du fuchsia, je mettrais certainement mal à l’aise une partie des gens qui me côtoient. Je cristalliserais le débat plus qu’autre chose. Mes collègues m’apprécient d’abord pour mes compétences personnelles, et non parce que je suis une femme.

Défendre les droits de la femme n’est pas une mince affaire?
Absolument, mais je pense qu’il existe des combats contreproductifs. Je suis personnellement très mal à l’aise vis-à-vis des actions féministes à outrance. A mon avis, elles ne servent pas à promouvoir une égalité de droit entre hommes et femmes.

Que préconisez-vous pour promouvoir cette égalité?
Je ne suis pas spécialement féministe. Cela ne m’a jamais perturbée d’être la seule femme au milieu d’hommes. Ces derniers temps, j’ai beaucoup réfléchi à la question, entre autres depuis que des amies politiciennes se sont confiées à moi. Elles m’ont avoué devoir systématiquement mettre le côté «femme» en avant, sous peine de ne pas se sentir suffisamment prises en compte.

Quel conseil donner aux femmes, en Eglise, et de manière plus générale?
Que les femmes cultivent une meilleure estime d’elles-mêmes. Qu’elles sachent se vendre. Qu’elles montrent de quoi elles sont capables. Sans que ce soit au détriment des hommes. Et en Eglise: qu’elles soient plus au clair par rapport à leur mission. Depuis que je suis engagée en Eglise, je n’ai jamais eu l’impression d’être un prêtre manqué.

N’est-il pas légitime que les femmes s’offusquent face au seul «métier» encore réservé aux hommes?
On entend beaucoup de femmes se plaindre du fait que la prêtrise soit réservée aux hommes. Ce n’est pas le cas de toutes. Il faut préciser que la prêtrise n’est pas une profession. Pour moi, les prêtres exercent un ministère [service ndlr]. L’accès à la prêtrise est une chose, mais ce n’est qu’une fonction particulière au sein d’un sacerdoce commun: le baptême, par lequel, tous les chrétiennes et chrétiens sont prêtres, prophètes et rois.

Développer une estime de soi en Eglise, n’est-ce pas plus difficile qu’ailleurs?
Oui, ça l’est. Je remarque que beaucoup de gens restent attachés à ce que «monsieur le curé a dit». Ils perçoivent le statut du prêtre comme supérieur aux autres. Et certains prêtres n’ont pas une vision très contemporaine des femmes. A côté d’eux, elles manqueront peut-être d’assurance et auront l’impression que leur parole vaut moins que la leur.

L’Eglise n’a-t-elle pas cristallisé le prêtre dans un rôle paternel?
C’est très probable. Notre institution n’a encore tout réglé, dans les rôles attribués aux femmes. Si la fonction du prêtre est réservée aux hommes, il y a encore beaucoup de pistes à explorer, notamment au niveau du service diaconal. L’Eglise primitive a compté sur le ministère de plusieurs diaconesses. Et il ne faut pas oublier qu’il y a des femmes parmi les docteurs de l’Eglise. (cath.ch/gr)



Les femmes de la Bible a l’honneur

Le Service Catholique de Catéchèse dans le canton de Vaud (SCCV) organise une exposition biblique intitulée: «Histoire(s) de femmes». Expo itinérante, elle donnera à découvrir comment la Parole accueillie par quatre femmes de la Bible nous travaille aujourd’hui. Une femme par lieu à découvrir:

  • Morges, Longeraie: conférence le 23 novembre et temps fort le 25 novembre 2017 (Rebecca)
  • Cossonay: conférence le 25 janvier et temps fort le 27 janvier 2018 (Ruth)
  • Lausanne: conférence le 15 mars 2018 et temps fort le 17 mars 2018 (Judith)
  • Bex, chapelle Nagelin: conférence le 7 juin 2018 et temps fort le 9 juin 2018 (Sara)

A noter que la session «Femmes de la Bible», organisée par l’Association Biblique Catholique de Suisse romande (ABC) se tiendra du 28 juin au 2 juillet 2017. Renseignements et inscription: http://www.abcbible.ch/session.php

«Il ne faut pas oublier les femmes parmi les docteurs de l'Eglise.» Stéphanie Bernasconi
7 mars 2017 | 17:58
par Grégory Roth
Temps de lecture: env. 3 min.
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