France: l’abbé Pierre ne conduira pas la liste des Verts (260194)

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Le fondateur d’Emmaüs aurait préféré plus de discrétion

Paris, 26janvier(APIC) L’abbé Pierre, le fondateur d’Emmaüs, ne conduira

pas la liste des Verts aux européennes. Annoncée pour quasi certaine début

janvier par Yves Cochet, l’un des quatre porte-paroles des Verts, cette tête de liste hors du commun n’emmènera donc pas les Verts «au succès». l’abbé Pierre lui-même aurait préféré un peu plus de discrétion de la part des

écologistes.

C’est le 2 janvier qu’Yves Cochet avait rencontré l’abbé Pierre. Ce dernier lui aurait signifié son accord mais sous différentes conditions, exprimant de plus le voeu de réfléchir. L’abbé Pierre, selon le porte-parole

des Verts, s’est montré intéressé. Il a souvent croisé les écologistes dans

ses combats pour les mal-logés. Il partage leur volonté de rompre le nucléaire civil et militaire. On prévoit même que l’abbé, à cause de sa santé, ne participera à aucun meeting. En revanche son grand âge lui permettra

sans doute de prononcer, en tant que doyen, le discours inaugural au Parlement de Strasbourg. Il démissionnerait par la suite, écrit le quotidien «La

Croix».

Après réflexion, l’abbé Pierre a décliné l’offre des écologistes, affirme-t-on dans l’entourage de l’abbé. Révélant l’information samedi, Yves Cochet dira que ce désistement fait suite à un veto de sa hiérarchie. Une

version par la suite fortement contestée par l’abbé Pierre en personne, qui

indique qu’il tient simplement à rester au-dessus des partis. Regrettant de

plus que les Verts n’aient pas su, comme ils s’y étaient engagés, rester

discret sur cette rencontre.

L’abbé Pierre est incardiné comme prêtre diocésain à Grenoble depuis

qu’il a quitté l’Ordre religieux des capucins. Son évêque, Mgr Louis Dufaux, n’a pas été sollicité et n’est pas intervenu. Quant à Mgr Joseph Duval, évêque de Rouen – où l’abbé réside le plus souvent – et président de

la Conférence épiscopale française, on relève qu’il n’a pu lui donner qu’un

avis indicatif.

Contraire au Code de droit canon

Interrogé par l’agence APIC, le porte-parole de l’épiscopat, le Père

Jean-Michel di Falco, souligne que la vocation d’un prêtre est d’un autre

ordre que de briguer un mandat public. «Il est exclu qu’un accord de ce type soit passé. Le vrai problème est du reste de savoir pourquoi les Verts

en sont venus à solliciter une personnalité populaire comme l’abbé Pierre.

Et pourquoi il n’ont pas fait émerger de leurs rangs une personnalité suffisamment ’locomotive’».

Le Père di Falco rappelle en outre que le Code de droit canon de 1983

n’autorise pas les clercs «à remplir les charges publiques qui comportent

une participation à l’exercice du pouvoir civil».

Rappelons que l’abbé Pierre avait été élu en 1945 député «indépendant»

du Département de Meurthe-et-Moselle. Les évêques l’avaient «délégué» au

Parlement après qu’il se soit illustré comme aumônier dans la résistance.

Réélu sous les couleurs de MRP (Mouvement républicain populaire), il avait

rejoint les rangs de la Gauche indépendante et socialiste en 1950. Sa carrière politique s’était arrêtée un an plus tard.

Avant l’adoption du nouveau droit canon, l’Eglise de France a compté

dans ses rangs plus d’un député célèbre. Ainsi le chanoine Kir (1876 1968), à qui l’on doit le fameux apéritif, fut très longtemps maire de Dijon et le député de la Côte d’Or de 1946 à 1967. (apic/lc/jcn/pr)

26 janvier 1994 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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