Afrique: dévaluation de 50% du franc CFA (170194)

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Un coup dur pour 14 pays africains, malgré l’espoir de relance

San/Mali, 17janvier(Alexis Dembelé/APIC) La dévaluation de 50% du franc

CFA, monnaie en vigueur dans quatorze pays de l’Ouest africain, constitue

un événement historique. Malgré les espoirs de relance économique à moyen

terme, la perspective la plus immédiate laisse entrevoir une grave crise

économique et sociale. Nul ne se fait d’illusion, rien ne sera plus comme

avant malgré les mesures d’accompagnement annoncées à Libreville, Abidjan

ou Bamako.

Imaginez qu’un matin au réveil le contenu de votre coffre-fort n’a plus

que la moitié de sa valeur de la veille. Telle est la réalité vécue au matin du 12 janvier par les populations de quatorze pays africains, membres

de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) et de la Banque des Etats de

l’Afrique centrale (BEAC). Le franc CFA en vigueur depuis 1948 perd 50% de

sa valeur (50 francs CFA valaient 1 franc français). La décision prise par

le sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernements tenu à Dakar

était certes attendue mais redoutée et déjà plusieurs fois retardée. «C’est

un orage qui, fatigué de couver, finit par éclater», commente un journaliste de Dakar.

Dès l’annonce de la nouvelle, l’angoisse a gagné les capitales africaines concernées. Beaucoup de boutiques ont fermé leurs volets. Les marchés

bruyants et multicolores ont perdu de leur frénésie. Le mot catastrophe est

sur toutes les lèvres. Malgré les mises en garde du gouvernement, les prix

ont flambé.

Selon le communiqué officiel, cette mesure est dictée par toute une série de facteurs: la détérioration des termes de l’échange, les déséquilibres internes depuis les années 80, les faibles résultats d’une décennnie

d’ajustement structurel. Autres raisons du côté des pays concernés: améliorer le niveau de vie des populations, donner une impulsion au processus

d’ajustement et favoriser la reprise des investissements. Cette mesure

devrait ainsi contribuer à accroître la compétitivité de l’économie africaine sur le marché mondial. Une croissance soutenue et durable, la résorption du chômage qui frappe la couche la plus active de la population, la

relance des exportations, le retour des capitaux de l’étranger et l’encouragement de l’épargne sont d’autres effets connexes attendus par les gouvernements.

Mais économiquement et surtout socialement cette voie est de toute évidence périlleuse. Le succès de la politique de dévaluation dépendra des mesures d’accompagnement arrêtées avec les partenaires français et ceux du

Fonds monétaire international (FMI). Le FMI et la Banque mondiale (BM)

s’engagent à parachever dans les plus brefs délais les négociations pour

l’adoption de programmes de redressement économique et financier. En attendant, deux milliards de dollars seront débloqués pour soutenir dans l’immédiat les importations de produits de première nécessité et de médicaments.

La France de son côté a réaffirmé le maintien des accords de coopération

monétaire existants qui garantissent la convertibilité de la devise des

pays africains concernés.»

L’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) s’est immédiatement transformée

en Union monétaire et économique (UMOEA) dont le traité fondateur a été

adopté et signé. Ce nouveau cadre institutionnel devrait faciliter la réalisation des objectifs prévus. Le président du Mali, Alpha Omar Konaré,

après avoir remarqué que cette dévaluation révèle un constat d’échec d’une

politique économique et de coopération, a appelé à la réalisation d’une rapide et réelle intégration régionale capable de donner un poids suffisant

aux organisations communautaires africaines. (apic/ad/mp)

17 janvier 1994 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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