Homélie du Vendredi Saint 14 avril 2017 (Jn 18)
Abbé Martial Python et Pasteure Vanessa Lagier – Collégiale de Romont, FR
Passion selon Saint Jean 18, 1-19, 42
Abbé Python :
Cette Passion de Jean nous invite à la méditation. Elle nous interroge :
« Qui es-tu ? D’où viens-tu ? » Et nous voici au cœur du mystère. Un
homme se meurt sur une croix, mais qui est cet homme ? Et comment cet
homme peut-il affirmer qu’il est maître de sa propre mort ? Voire qu’il est
maître de toutes les puissances terrestres, y compris celle de l’Empire ? Il
le dit avec ce seul mot « Vérité ». « Je suis né, je ne suis venu dans le
monde que pour rendre témoignage à la Vérité. »
Un mystère de lumière
Jésus a donc ce pouvoir sur la Vérité. Mais il s’agit de la Vérité-Vitale dont
il témoigne, atteste. Celle d’un Dieu qui nous aime jusqu’au don de Lui-
Même, et qui fera que tout change à l’instant où nous entrons dans ce
mystère de lumière. Jésus n’est pas seulement venu dire la Vérité, mais il
est Vérité au sens qu’il est Lui-Même la preuve vivante de l’amour de Dieu.
Dynamisme de la Résurrection
Dès lors, la Passion de Jésus devient une traversée Pascale nous invitant
à nous mettre dans son sillage de Lumière. Par son témoignage, il vient
nous dire que tous nos combats existentiels avec leur lot de souffrances
et la mort qui s’ensuit n’ont plus le dernier mot sur la vie, parce que par
son témoignage, il les a remplis de sa présence pour les transfigurer dans
le dynamisme de sa Résurrection.
Une entrée dans la plénitude de l’amour du Père
C’est pourquoi tout est Vérité en Jésus. Il nous la révèle de par sa vie et
sa mort. Et même si des choses restent cachées au sujet de cette mort
sur la croix, nous sommes sûrs qu’elle nous sauve. À partir de sa mort,
toutes nos morts sont désormais épargnées du néant pour entrer dans ce
mystère de lumière celui de la plénitude de l’amour du Père.
Dès lors, on comprend pourquoi la méditation de la passion, présentée tel
un chemin de lumière, devient une source d’inspiration pour tant et tant
d’artistes comme Jean-Sébastien Bach….
Pasteure Vanessa Lagier :
Bach nous fait entrer en méditation avec la dernière parole du Christ en
croix.
« Tout est accompli ».
A qui Jésus dans son dénuement peut-il s’adresser? A Dieu ?
Aux hommes ? Qui peut entendre cette parole ?
Une parole qui a le goût de la victoire
« Tout est accompli ». Le Jésus de Bach le dit avec douleur et souffrance.
Il le dit aussi avec beaucoup de douceur, beaucoup de paix. Ces paroles
résonnent dans le silence et n’ont pas le goût de l’échec. Elles ont le goût
de la victoire. Le Christ est allé jusqu’au bout de sa mission sur terre. Il a
accompli, par son incarnation, tout ce que les prophètes avaient annoncé.
Jusqu’au bout, il a été Fils de Dieu, et a annoncé le Royaume de son Père.
Il a été béni pour porter une bonne nouvelle aux malheureux. Pour guérir
ceux qui ont le cœur brisé. Pour annoncer aux captifs la liberté.
A qui s’adresse Jésus ? Pour Bach, Jésus s’adresse aux affligés.
Une parole de confiance
« Tout est accompli ». La dernière parole du Christ est une parole de
confiance. Au cœur de la douleur, de l’abandon nous entendons la
mélodie de l’espérance. C’est la victoire pour les âmes souffrantes, les
âmes blessées, les âmes abandonnées. Elles peuvent désormais
continuer leur marche dans le désert avec la certitude que leur berger l’a
déjà traversé. Désormais, il les fortifie depuis la terre promise, depuis le
Royaume du Père.
Un aboutissement et un nouveau départ
« Tout est accompli ». Depuis le Royaume de Dieu, il est possible de voir
que désormais sur la terre des hommes, rien ne sera plus comme avant.
Nous sommes tous invités à y croire. La passion de Bach ne s’achève pas
sur la dernière parole du Christ en croix. Il nous emmène ailleurs, il nous
fait cheminer plus loin. La mort du Christ est ainsi un aboutissement et un
nouveau départ. Elle est le lieu d’une espérance inouïe pour toute
l’humanité.
N’est-ce pas ce que nous sommes ensemble, indépendamment de nos
confessions, invités à témoigner ?
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