Photo:evangile-et-peinture.org
Homélie

Homélie du 23 avril 2017 (Jn 20, 19-31)

Abbé Célestin Kabundi – Eglise St-Nicolas de Flüe, Lausanne

 

Frères et sœurs bien aimés de Dieu,

Je vous souhaite une cordiale bienvenue dans notre paroisse Saint Nicolas de Flue.

Nous célébrons la fête de la miséricorde de Dieu, une fête très chère à Saint Jean-Paul II qui répondait à une demande de la sainte Faustine. Il s’agit d’une première célébration après la clôture de l’année jubilaire, où jusqu’au 20 novembre dernier, nous avons pu méditer ce grand mystère de la miséricorde.

La miséricorde, nous dit le Pape François, est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours, malgré les limites du péché. C’est également la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun, lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère, la sœur, qu’il rencontre sur le chemin de la vie.

Proximité miséricordieuse de Dieu

Oui bien aimés dans le Christ, cette fête est très importante pour nous car elle nous permet de prendre conscience de notre mission, comme enfants du Père, et voir comment répondre à l’invitation du Christ : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6 :36).

Dieu est proche de chacun de nous et en Jésus, il est visible et nous invite à accueillir son message d’amour, de tendresse, à nous laisser caresser par Lui. Cette expérience de la proximité miséricordieuse de Dieu est première et nécessaire pour devenir des êtres de miséricorde. Elle est bien présente dans l’Evangile que nous venons d’entendre.

Joie d’être sauvés

« La paix soit avec vous », dit Jésus. Jésus, ce crucifié-ressuscité vient au milieu de ses disciples. Souvenons-nous : ils avaient douté, trahi, fui le Seigneur lors de la passion et de la mort. Le Christ est là, bien présent, alors que les portes du lieu où se trouvent les disciples sont fermées à clé, par peur.

– Peur et fermeture vont ensemble,

– La paix et l’ouverture également.

Il ne leur reproche rien. Au contraire, il leur souhaite la paix. Cette salutation est un don et fruit de Pâques, elle est une expression rare, liée à la personne du Ressuscité et à l’envoi de l’Esprit Saint.

A la vue du ressuscité, les disciples sont remplis de joie, d’une joie profonde. Une joie qui vient lorsque tout semble mal tourner, avec la souffrance, la maladie, l’angoisse, la peur, le désarroi. C’est la joie fondée sur la confiance que nous avons en Jésus mort sur la croix et ressuscité le jour de Pâques. Cette joie apporte avec elle une paix profonde, c’est la joie d’être sauvés.

Oui soyons dans la joie, bien aimés, car le Christ est ressuscité. Il est vivant à jamais, Alléluia !

Chercher des preuves

Il y a aussi un visage, un nom que nous condamnons souvent à tort, car il nous ressemble : C’est Thomas. Il n’était pas là lors de la première apparition du Seigneur. On lui en a bien parlé, mais lui reste sceptique. « Si je ne touche pas, si je ne vois pas, je ne croirai pas ». Il ressemble à nos contemporains. Il nous arrive aussi de chercher des preuves. Le monde d’aujourd’hui nous y pousse.

Le Christ accède à la demande de Thomas, cependant il l’invite à aller plus loin. L’Evangile ne dit pas que Thomas a mis ses mains dans les plaies du Seigneur : La reconnaissance de la présence du Christ a fait tomber toutes ses revendications des preuves. Thomas va professer sa foi en disant tout haut: « mon Seigneur et mon Dieu ». Non seulement il a vu le Seigneur, mais surtout, il se sent connu de Jésus : en effet, celui-ci l’appelle par son nom et reprend toutes les paroles que Thomas a dites 8 jours plus tôt, à la face des autres  disciples, comme s’il avait été là. Une telle connaissance est celle qui n’existe que dans un amour profond. Oui Jésus nous aime malgré notre péché. Mystère d’amour et de miséricorde.

Envoyés en mission

Frères et sœurs bien aimés du Père, malgré les trahisons, les doutes, la fuite des disciples, le Christ leur fait confiance, – comme il le fait avec chacun de nous en ce moment – et leur confie sa mission. Il nous demande également à lui faire confiance : « Jésus j’ai confiance en toi ». Il leur dit en effet: « Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie, recevez l’Esprit Saint ».

Mais ne l’oublions pas : Avant d’être des envoyés, frères et sœur bien-aimés, nous sommes tous des fruits de la miséricorde !

Cette mission s’articule dans trois dimensions :

– Annoncer la Bonne Nouvelle du Christ,

– Témoigner que Jésus, le Christ, est « le Chemin, la Vérité et la Vie » dans le monde (Jn 14,6),

– S’ouvrir à la relation aux autres, dans un esprit de dialogue et de partage.

Par cette mission, le Christ nous invite à créer avec lui un monde nouveau, un monde de paix, un monde fraternel, un monde d’amour. Car nous sommes porteurs de son souffle, de son Esprit, de ses valeurs.

L’Esprit consacre chacun

Par notre baptême, tout chrétien est appelé à prendre part à la mission du Christ là où il se trouve, quel que soit son état de vie. Il s’agit d¹une mission qui doit être vécue non seulement à l’Eglise le dimanche comme ce matin, mais dans la vie de tous les jours, à la maison, au travail, avec les amis, en vacances, en temps de prospérité comme en temps de crise, de maladie, de catastrophe. Chacun de nous a reçu le don de l’Esprit Saint pour être envoyé vers ses frères et sœurs, leur annoncer la Bonne Nouvelle qui libère, qui fait vivre, qui fait grandir, qui procure la vraie paix.

C’est considérable, mes bien aimés : chaque fidèle du Christ est appelé à participer à la mission de salut du Seigneur. Et pour cela, nul besoin d’autorisation, d’appel hiérarchique, d’envoi, de reconnaissance institutionnelle. Votre lettre de mission, c’est l’Evangile !  Et par la grâce du baptême et de la confirmation, l’Esprit Saint consacre chaque fidèle du Christ pour participer à l’œuvre du Christ.

A l’occasion de cette fête, implorons la grâce du Seigneur afin que nous puissions prolonger la mission que le Père avait confiée à Jésus, faire de notre vie un lieu d’amour et de miséricorde, pour que nous devenions des messagers d¹espérance et de vie nouvelle, dans notre monde d’aujourd’hui, au beau milieu de la course effrénée de notre siècle. C’est ensemble que nous sommes conduits àvivre la mission, ici ou là-bas, co-responsables : ministres ordonnés (évêque, prêtre, diacre), laïcs, religieux ou religieuses. Chacun à sa place, déploie la diversité des ministères et des charismes, pour aller à la rencontre de Celui qui nous précède dans les aréopages d’aujourd’hui, afin que le monde croie. Amen.


DIMANCHE DE LA DIVINE MISÉRICORDE 

Lectures blbiques : Actes 2, 42-47 ; 1 Pierre 1, 3-9 ; Jean 20, 19-31 – Année A


 

 

Photo:evangile-et-peinture.org
23 avril 2017 | 09:23
Temps de lecture: env. 5 min.
Partagez!

plus d'articles de la catégorie «Homélie»