Six licenciements

Caritas Fribourg dans une grave crise financière (110294)

Fribourg, 11février(APIC) Caritas Fribourg, faute de fonds propres, doit

abandonner brusquement une grande partie de son activité. Seul le secteur

réfugiés, subventionné presque entièrement par la Confédération, continuera

à fonctionner. Six personnes, directeur compris, sont licenciées. Cette

grave crise financière de l’oeuvre caritative de l’Eglise catholique du

canton de Fribourg, a été annoncée vendredi lors d’une conférence de presse

par le chanoine Jacques Banderet, vicaire épiscopal.

Le chanoine Banderet était entouré de l’abbé Thomas Perler, vicaire

épiscopal pour la partie alémanique du canton, d’Hubert Bausch de Caritas

Suisse, d’Elisabeth Koerfer, présidente ad-interim de Caritas-Fribourg, de

l’abbé André Vienny, aumônier de Caritas-Fribourg et de Nicolas Betticher,

membre du comité.

Après avoir fait un bref historique de Caritas Fribourg, le chanoine

Banderet a donné la cause principale de ce brusque arrêt. Caritas-Suisse

qui a pourtant manifesté souvent sa solidarité financière au cours des dernières années en épongeant parfois des déficits (310’000 francs en 1990),

ne peut ni ne veut continuer à couvrir le trou financier actuel (dû aux

dettes accumulées) qui se situe entre 400’000 et 500’OOO francs. Il faut

dire que Caritas-Fribourg est une association autonome au sens des art. 60

du Code civil suisse, avec un comité, une assemblée générale et une comptabilité indépendante. Caritas-Suisse constate et estime que l’Eglise catholique du canton de Fribourg n’a jamais accepté de prendre en charge financièrement son oeuvre de diaconie. Caritas-Suisse refuse donc de poursuivre

une aide qui ne fait que reporter le problème et qui empêche de trouver des

solutions viables. Le bureau des tâches supraparoissiales a bien versé

32’000 francs et le bureau interparoissial de la ville de Fribourg (BIP)

10’000 francs, mais c’est une goutte d’eau dans un budget qui avoisine les

430’000 francs. Par ailleurs, à cause de la crise économique, les dons des

particuliers et des paroisses ont diminué ces dernières années.

Situation catastrophique

Le chanoine Banderet n’a pas caché la gravité de la situation: «La situation financière actuelle est catastrophique. L’oeuvre d’entraide n’est

plus à même d’assumer ses différents services. Les employés concernés ont

été informés jeudi officiellement de leur mise en congé qui s’effectuera

cependant dans le délai prescrit pasr le contrat de travail». Six personnes

sont touchées, le directeur, trois travailleurs sociaux à temps partiel et

deux employés administratifs.

Le comité devra donc assainir la situation financière actuelle et chercher des fonds pour éponger les dettes actuelles et payer les factures

laissées en plan. A une question posée, Elisabeth Koerfer a aussi laissé

entendre que la gestion de cette dernière année n’a pas été satisfaisante

et que le comité a été surpris de l’ampleur du déficit.

Et l’avenir?

Caritas Fribourg va-t-elle reprendre ses différents services? La dimension caritative de l’Eglise catholique sera remise désormais entièrement

aux paroisses. L’abbé Vienny ne cache pas que cette tâche sera difficile à

reprendre surtout pour les petites paroisses. D’ailleurs toute l’Eglise

catholique est pour ainsi dire mise au pied du mur. La diaconie, liée directement à la pratique évangélique, sera -t-elle vraiment prise en charge

par toutes les paroisses du canton?

Les vicaires épiscopaux et les membres présents du comité posent la

question essentielle: «Les paroisses de notre canton, qui sont seules aptes

à prélever les impôts, se décideront-elles à adopter une authentique politique de financement en matière de diaconie?» Sauront-elles mettre un pourcentage de leur budget pour des personnes défavorisées, au lieu de les mettre trop souvent dans des dépenses somptuaires pour des locaux paroissiaux,

voire des restaurations d’église? Les vicaires généraux et le comité de

crise de Caritas-Fribourg mettent aussi leur espoir dans l’assemblée ecclésiatique provisoire pour doter l’Eglise catholique fribourgeoise d’un véritable organisme d’entraide financé d’une manière conséquente. Cet «électrochoc» réveillera-t-elle la conscience sociale des catholiques fribourgois?

Il faut le souhaiter. Pas seulement pour les personnes durement licenciées,

mais aussi pour les pauvres de ce canton, toujours plus nombreux, en cette

prériode de récession et de chômage.(apic/ba)

Encadré

L’association «Caritas Fribourg» n’est pas dissoute, mais ses activités

sont considérablement diminuées. Le licenciement forcé de son personnel en

fait dramatiquement foi. A part le secteur «réfugiés» qui reste en

fonction, c’est surtout le service social polyvalent qui voit son activité

brusquement mise hors course. Certains cas sociaux concrets seront remis au

service social de la ville de Fribourg, d’autres assumés par des paroisses.

Le service de désendettement et le secteur tiers monde sont aussi abandonnés. Le conseil juridique gratuit offert bénévolement par un avocat subsistera-t-il? Les responsables de Caritas-Fribourg souhaitent en tous cas vivement que le mouvement en faveur des personnes en fin de vie, concernant

400 personnes, pourra survivre. Comme ce sont des bénévoles, il faut espérer que la grave crise financière n’altérera pas ce service social et ecclésial fort apprécié et qui vient de prendre sa vitesse de croisière.

(apic/ba)

11 février 1994 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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