des conditions de la prison de Valère
Sion: député valaisan scandalisé (240694)
Sion, 24juin(APIC) «Après une visite de la prison de Valère, on n’est
plus le même. J’ai honte pour mon pays. Un sentiment de révolte mobilisatrice m’habite». Ce constat accablant, a été dressé par le député valaisan
Georgie Lamon, vice-président de la Commission parlementaire pour la surveillance des établissements pénitenciaires en Valais, lors d’une soirée
d’information de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture
(ACAT) tenue jeudi à Sion. Frédéric Maillard, coordinateur international
des groupes jeunes de l’ACAT, a présenté de son côté le travail de ce mouvement qui compte 30’000 membres dans le monde et 2’500 en Suisse romande.
Ecoeuré, Georgie Lamon a dit sa honte de voir des conditions de détention indignes de l’homme «dans un pays qui se réclame de valeurs chrétiennes». Affirmant que le «non-respect des droits de l’hommme est la suprême
violence», il a décrit le quotidien des prisonniers de Valère aux niveaux
des locaux et des personnes: cellules étroites et insalubres, lieux communs
exigus, ateliers inadaptés, locaux administratifs quasi-inexistants; violence très grande chez les prisonniers qui se traduit par des troubles
psyhologiques, l’auto-mutilation, les bagarres, le feu, manque de personnel qualifié et disponible, surcharge chez les gardiens.
Mais Georgie Lamon est convaincu que «quand on se mobilise, on peut faire changer les choses». Il a d’ailleurs relevé les progrès réalisés ces
dernières années à Valère: création de postes de travail pour l’infirmerie
et la cuisine.
Vers un nouveau pénitencier
Le député valaisan a évoqué la future construction en Valais d’un nouveau pénitencier. Il doit répondre aux exigences actuelles en matière de
sanctions et respecter les droits de l’homme. Il a souhaité que l’opinion
publique se mobilise pour que soient votés les crédits permettant de garantir la dignité des détenus, car de beaux murs, un espace moderne ne suffisent pas. Il faut encore leur donner une âme.
Psychothérapeute et membre du du Comité européen pour la prévention de
la torture (CPT) et du comité «Dignité en détention», Gisela Perren, médecin, a rappelé que «l’Etat a le devoir de traiter tout détenu comme un être
humain». Forte de son expérience – elle a visité les prisons dans le monde
entier – elle a souligné le rôle des ONG dans la défense des droits des
prisonniers: ils permettent plus de transparence et moins de dérapages.
Que faire pour améliorer les choses?, s’est interrogée Gisela Perren.
D’abord informer les détenus – pour la plupart étrangers, donc plus démunis
– et les gardiens sur les droits de l’homme. En même temps, former médecins, avocats, assistants sociaux et gardiens. Le médecin qui visite les
détenus doit être compétent et bénéficier d’une formation spéciale, adaptée
à l’univers carcéral: connaissances approfondies dans les domaines du sida,
de la drogue, de la délinquance, des troubles psychologiques. Le gardien
doit également acquérir une compétence professionnelle qui lui permettra de
gérer l’agressivité et de respecter les droits des détenus. En outre, médecins et gardiens doivent travailler sans préjugés et être convaincus de la
dignité des prisonniers. Améliorer les choses, pour Gisela Perren, c’est
aussi vouloir des médecins indépendants, des avocats et des citoyens qui
s’engagent pour faire pression sur les autorités. (apic/cor/ba)