Consistoire des cardinaux: un thème pour le jubilé de l’an 2000 (140694)
«Le Christ, hier, aujourd’hui et toujours»
Rome, 14juin(APIC) Les cardinaux réunis à Rome en consistoire extraordinaire les 13 et 14 juin se sont mis d’accord sur le libellé du thème du jubilé de l’an 2000: «Le Christ, hier, aujourd’hui et toujours».
Le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, Joaquin Navarro
Valls, a rendu compte mardi des premières conclusions de la rencontre, à
quelques heures de la clôture des travaux. Aucun des textes des interventions qui y ont été prononcées n’ont été publiées. Seules deux motions, adoptées à l’unanimité par les 144 cardinaux présents, ont été communiquées à
la presse, qui portent, l’une sur les «horreurs» du Rwanda, l’autre sur la
conférence du Caire.
Les cardinaux «sont tous d’accord» sur le thème du jubilé de l’an 2000:
«Le Christ, hier, aujourd’hui et toujours». J. Navarro Valls a précisé
qu»une discussion a eu lieu pour décider de l’accent plus ecclésiologique
ou plus christologique» de la célébration et que la «majorité unanime» a
choisi de centrer sur l’homme».
Les cardinaux se sont également accordés sur la préparation du jubilé.
On prévoit une période «anté-préparatoire» de deux ans, suivie de trois années de «préparation directe», dont la dernière (1999) serait une «année
mariale».
Les cardinaux ont souhaité voir se constituer «dès que possible» une
«commission spéciale et internationale» chargée de coordonner la préparation du jubilé «en association avec les Conférences épiscopales et avec
chaque diocèse en particulier». Ils ont aussi insisté pour que l’on fasse
du jubilé «un effort partagé par l’Eglise du monde entier».
Les erreurs de l’Eglise d’aujourd’hui
Sur l’analyse du passé, sept des huit groupes linguistiques de cardinaux
ont souhaité que la «reconnaissance courageuse des fautes» de l’Eglise envisagée par le pape dans son discours d’introduction soit «focalisée sur
les ombres de notre époque». Pourquoi cette limite dans le temps? Le groupe
linguistique anglophone l’a justifié ainsi: «On devrait se concentrer avec
beaucoup d’attention sur notre époque présente, car il est beaucoup plus
facile de déplorer les erreurs de l’Eglise dans les siècles passés que de
faire face aux erreurs du présent».
Dans cette perspective, a rapporté le porte-parole du Saint-Siège, la
plupart des groupes linguistiques ont insisté sur le thème de la liberté
religieuse et sur «l’appel universel à la sainteté». Beaucoup ont aussi
fait référence au Concile Vatican II.
Sur le choix des «fautes» de «notre époque», J. Navarro Valls a relevé
que «les analyses étaient différentes selon l’origine géographique des cardinaux». Un thème a néanmoins fait l’unanimité: «le mépris de la vie et le
manque de sens moral». Parmi les autres thèmes proposés, «l’escalade de la
pauvreté» et «le manque d’honnêteté publique» ont recueilli un large consensus.
Dans la liste des «ombres», le groupe francophone a émis ce constat:
«Nous assistons à un refus du message du Christ mais, plus que l’autorité
du pape, c’est l’autorité du Christ qui n’est plus acceptée aujourd’hui».
Un autre aspect a reçu l’assentiment de tous les participants: «la perte
de la réalité transitoire de la vie. La culture moderne fonctionne comme si
la vie de l’homme n’avait pas de fin».
La dimension interreligieuse du jubilé
Revenant à l’organisation du jubilé dans sa dimension interreligieuse,
les cardinaux ont estimé que «sa célébration, en raison même de sa nature,
revêt un caractère d’Eglise. En ce sens, elle n’est pas un événement oecuménique, même si la célébration du jubilé tient à cette dimension».
Sur cette lancée, le porte-parole a fait remarquer que les cardinaux ont
porté «un regard bienveillant sur l’Eglise orthodoxe». Certains ont suggéré
à ce titre que des personnalités de l’Eglise orthodoxe soient associées à
la préparation du jubilé et que soient prévues «des célébrations communes
avec les orthodoxes».
Sur les modalités pratiques de la célébration du jubilé, «tous les groupes ont apprécié l’idée d’une réunion pan-chrétienne à Bethléem ou à Jérusalem et d’une rencontre interreligieuse avec des chrétiens, des musulmans
et des juifs sur le mont Sinai». Ils demandent «que soient examinées les
conditions de réalisations, mais sans exclure pour autant d’autres possibilités qui pourraient se présenter».
La matinée de mardi a été consacrée à l’audition de trois conférences
«descriptives» consacrées respectivement à l’année de la famille (cardinal
Lopez Trujillo), à l’oecuménisme (cardinal Cassidy) et aux 900 évêques émérites en retraite dans l’Eglise catholique (cardinal Gantin).
Le pape, a indiqué J. Navarro Valls, a remercié les cardinaux pour «la
richesse des idées émises» pour la préparation du jubilé et les a reçus à
déjeuner pour un repas de conclusion de cette cinquième réunion plénière
des cardinaux de son pontificat. (apic/jmg/pr)