plaident pour la solidarité et le droit au travail
Europe: les travailleurs chrétiens de dix-sept pays (070694)
Rome, 7juin(APIC) 70 délégués des 17 mouvements affiliés au Mouvement des
Travailleurs Chrétiens d’Europe (MTCE), parmi lesquels Vie Féminine et les
Equipes Populaires, se sont réunis à Rome du 1 au 5 juin. La rencontre
avait pour thème «Solidarité et droit au travail». Les participants y ont
plaidé pour une véritable politique de réduction du temps de travail dans
les différents pays d’Europe, seul moyen de garantir le travail rémunéré
pour tous.
La première journée fut consacrée à une analyse de la situation des travailleurs dans les différents pays d’Europe et aux diverses réponses face
aux défis du chômage. Constatation unanime: le chômage est partout de plus
en plus massif, le travail à temps partiel ou la flexibilité imposée sans
contrôle des travailleurs accroissent la précarité. Les conditions de travail se dégradent. Les principales causes en sont le développement des
technologies qui augmentent la productivité avec toujours moins d’emplois,
la mondialisation de l’économie basée sur le seul profit.
Rosa Pacheco, militante péruvienne, vice-présidente du Mouvement Mondial
des Travailleurs Chrétiens, a élargi l’horizon en brossant un tableau de la
situation de plus en plus dure des travailleurs et des sans-emploi dans le
Sud, et particulièrement au Pérou.
La deuxième journée fut centrée sur la proposition de la réduction du
temps de travail. Plusieurs mouvements du MTCE travaillent cette question
depuis plusieurs années déjà. Gabriele Olini, spécialiste de la question au
bureau d’études de la Confédération des syndicats italiens (CISI), a balisé
la recherche.
La matinée de la troisième journée fut consacrée à une réflexion théologique, menée à partir de la synthèse des enquêtes réalisée par David Mac
Loughlin, théologien, professeur au séminaire de Birmingham en Angleterre.
A la lumière des textes de l’Ancien Testament et de l’Evangile, ce dernier
souligna combien l’image d’un Dieu libérateur est au coeur de toute notre
tradition de foi.
Partager l’emploi, non la pauvreté
Dans les conclusions tirées dimanche matin, les participants soulignent
la nécessité d’une économie au service de tous et non au profit de quelques-uns. Ils revendiquent une Europe qui ne soit pas seulement une Europe
de la finance, mais une Europe sociale au service de tous. Une sécurité sociale efficace doit être assurée pour tous les travailleurs, estime le
MTCE. L’Europe, ajoute le mouvement, doit se construire en solidarité avec
les femmes et les hommes du Sud et dans la perspective d’un développement
durable qui respecte la planète pour les générations futures. Pour les participants, une véritable politique de réduction du temps de travail doit
être recherchée et mise en place dans les différents pays d’Europe afin que
l’emploi puisse être partagé et que soit assuré le droit au travail rémunéré pour tous.
Cette réduction du temps de travail ne peut être une manière de partager
la pauvreté. Elle ne sera un pas vers une société plus juste que si elle
s’accompagne d’une autre distribution des revenus. Plusieurs mouvements ont
présenté des pistes concrètes dans ce sens, comme une réforme en profondeur
de la fiscalité, afin que l’ensemble des revenus participent au financement
des dépenses publiques, ou encore un financement de la sécurité sociale par
une cotisation sociale sur la valeur ajoutée des entreprises. Cette réduction généralisée du temps de travail doit s’accompagner d’une politique de
la gestion du temps qui permette une meilleure conciliation entre le travail professionnel, l’engagement social et la vie familiale. Une politique
de création d’emplois dans le secteur non-marchand (services aux personnes,
environnement, vie associative…) doit également être poursuivie.
Parmi les nombreuses pistes d’action proposées, on signalera encore la
décision de communiquer les conclusions de la rencontre aux diverses instances européennes (politiques, syndicales, ecclésiales), ainsi qu’aux
nouveaux parlementaires européens. L’idée d’une pétition au niveau européen
en faveur de la réduction du temps de travail a également été émise. Elle
sera reprise et discutée par le groupe de coordination du MTCE, qui se réunira en septembre prochain.
Pour une Eglise solidaire des exclus
«L’Evangile de Jésus-Christ est une source d’inspiration et de sens pour
les mouvements du MTCE», ont affirmé les participants. Il ne fournit pas de
solutions concrètes pour résoudre les grands défis d’aujourd’hui, mais il
«donne des orientations et des critères pour vivre et agir aujourd’hui personnellement et collectivement». L’Evangile provoque à une solidarité et un
répartition juste et solidaire des ressources. (apic/jmg/ba)