Philippe Morard, vice-commandant de la Garde suisse pontificale | © Katarzyna Artymiak - Garde suisse
Suisse

Philippe Morard: «Pas de plus noble mission que de servir l’Eglise ici»

Chaque 25 décembre au soir, les hommes de la Garde suisse pontificale se retrouvent pour un dîner de Noël, ensemble, ›en famille’. En effet, pas question pour eux de rejoindre leurs villes d’origine à la fin du mois de décembre, la protection du Souverain pontife devant être renforcée à cette période.

I.MEDIA a rencontré Philippe Morard, vice-commandant de cette garde militaire où la foi est au cœur de la mission.

Christof Graf, commandant de la Garde suisse pontificale, avec Philippe Morard,  vice-commandant de la Garde suisse. | © Katarzyna Artymiak – Garde suisse pontificale

Le ton est calme, la voix posée. On devine pourtant une grande maîtrise chez ce jeune officier âgé de 45 ans, soldat du pape depuis deux ans. Depuis ce jour de janvier 2015, où le Commandant partant lui a offert un couteau suisse en lui demandant: «Pourquoi pas toi ?»

Une carrière dans la police

A l’époque, il ne remplit pourtant pas toutes les conditions pour répondre à l’appel. Philippe Morard a plus de 40 ans, il fait sa carrière en Suisse dans la police, après avoir servi deux ans comme hallebardier, et il a trois enfants. Ce qui veut dire que si candidature il y a pour le poste, ce sera une candidature «en famille».

 

Le chapelain de la Garde Thomas Widmer avec le commandant de la Garde suisse Christoph Graf | © ZvG

Onze mois plus tard, le voici débarquant à nouveau au Vatican, dans le quartier de la Garde suisse pontificale, avec une certitude en tête: «Il n’y a pas de plus noble mission que de servir l’Eglise ici au Saint-Siège». De fait, ce n’est pas uniquement la population du Vatican qui est placée sous la protection des soldats helvètes, mais l’Eglise universelle. Conformément d’ailleurs à la double ›nature’ du Vatican, à la fois Cité-Etat et abritant un sujet de droit international: le Saint-Siège.

Une chance unique pour la foi

C’est dire la mesure de la responsabilité de ces soldats dont un œil de touriste peu averti pourrait ne distinguer qu’un simple folklore. En réalité, les gardes suisses sont bien entraînés, raconte leur Vice-commandant. Sous leur uniforme inspiré – selon la tradition – de Michel-Ange, se cache de redoutables hommes préparés aux évolutions du monde qui les entoure. Surtout avec un pape qui ne veut pas qu’on l’enferme dans une cloche de verre, qui veut être au contact de ›son’ peuple.

Mais ce n’est pas tout. Leur engagement militaire, les longues heures passées à veiller dans les couloirs du Palais apostolique se doublent aussi d’une période propice au retour sur soi. Comme un «balancier», souligne Philippe Morard. Les jeunes arrivent avec un bagage militaire performant. Sur le plan religieux, en revanche, seul le baptême est exigé. Et puis le ratio s’équilibre: leur formation spirituelle s’affine, par la messe hebdomadaire, les confessions et les entretiens avec l’aumônier en titre, Don Thomas Widmer. C’est une chance unique qui s’offre à eux, précise le Vice-commandant.

La discrétion suisse au service du pape

Vis-à-vis de ses soldats, on le sent aussi très attentif à la dimension éducative de son rôle d’officier. Pour leur enseigner la patience, par exemple, afin de supporter le rythme si particulier du Vatican – il a l’éternité devant lui – quand la jeunesse voudrait changer toutes les règles non-écrites de la cité papale.

L’autre valeur incarnée par ce corps militaire, c’est également la discrétion. Vertu éminemment suisse. Elle s’exerce en particulier auprès du pape, la mission consistant à ne pas le «surcharger» par leur présence.

Personnellement, Philippe Morard «ne s’habitue pas» à cette impression de vivre des moments historiques, de contempler l’histoire et de la voir défiler sous ses yeux. Lorsque par exemple, les chefs d’Etat pratiquent le passage quasi-obligé par le Vatican, et défilent pour consulter l’autorité morale qu’est le Souverain pontife.

Nécessaire abnégation

Evidemment, la contrepartie est une certaine «abnégation», commente-t-il sobrement. L’engagement est intense, les horaires larges. Les week-ends sont souvent pris par le travail, les grandes fêtes religieuses supposent une mobilisation plus importante des 110 gardes. Alors, il y a des gratifications, comme cet échange de cadeaux prévu le 25 décembre au soir, en famille…

Et puis il y a l’esprit de corps, ce souvenir, célébré chaque année, de ce fameux 6 mai 1527, pendant le «Sac de Rome». Lorsque 147 gardes suisses sont morts pour défendre le pape Clément VII. C’est ce jour-là que, chaque année, sont assermentés les ›nouveaux’, qui jurent d’être prêts «à perdre la vie pour défendre le Saint-Père». Ce n’est pas rien…

«Je serai garde suisse !»

Chaque automne, une semaine d’information est organisée pour les jeunes suisses âgés entre 16 et 18 ans intéressés à intégrer les rangs de la Garde suisse pontificale. Plus d’infos sur le site www.guardiasvizzera.va  (cath.ch/imedia/ap/be)

 

Philippe Morard, vice-commandant de la Garde suisse pontificale | © Katarzyna Artymiak – Garde suisse
25 décembre 2017 | 18:50
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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