Mexique: «Ambiance de lynchage» contre les Jésuites (030894)

La Compagnie de Jésus est accusée de pactiser avec la guérilla

Mexico, 3août(APIC) La Compagnie de Jésus est devenue depuis quelque

temps au Mexique la cible d’une véritable campagne d’intimidation menée par

certains médias, qui l’accusent de pactiser avec l’EZLN, l’»Armée zapatiste

de libération nationale», qui s’est soulevée le 1er janvier dernier dans le

sud du pays.

Les attaques de radios et de journaux mexicains contre les jésuites se

sont amplifiées, et la direction de l’ordre a également reçu plusieurs menaces d’attentat à la bombe. Les religieux se sentent désormais exposés à

«un climat d’hostilité» comparable à celui qu’a connu le Salvador des années 80, époque durant laquelle les «Escadrons de la mort» ont pu opérer

impunément.

De même que jadis au Salvador, la Compagnie de Jésus au Mexique est également accusée d’entretenir des contacts étroits avec des groupes subversifs. Les jésuites sont notamment accusés de jouer un rôle décisif au sein

de l’»Armée zapatiste de libération nationale» (EZLN) et d’être à la tête

de la lutte contre le gouvernement du président Salinas. Ces accusations

ont été portées à plusieurs reprises par deux quotidiens, «Summa» et «Tabasco hoy».

Un jésuite commandant de l’EZLN?

Le Père Jeronimo Hernandez Lopez, qui travaille depuis 1992 dans un camp

de réfugiés guatémaltèques et qui est enregistré officielllement auprès des

autorités locales, a été accusé entre autres d’être le chef de l’EZLN.

C’est lui qui se cacherait sous le pseudonyme de «Subcomandante Marcos».

Une «analyse scientifique», ainsi qu’un «agent spécial» infiltré dans

l’EZLN auraient conduit à cette découverte. Les journaux ont en outre affirmé que Mgr Samuel Ruiz Garcia, évêque du diocèse de San Cristobal de las

Casas, est membre de l’EZLN. Il agirait sous le nom de couverture de

«Comandante German».

«Accusations complètement fausses»

La province jésuite mexicaine a vivement dénoncé cette campagne de presse et a qualifié ces «informations» de «complètement fausses». Les jésuites

ont porté plainte contre les médias concernés. Des médias et quelques «tireurs de ficelles» cherchent à créer «un climat de justice sommaire contre

nous, les jésuites», a souligné le Père Hernandez dans une interview à la

revue mexicaine «Proceso».

Les théologiens de la libération sous haute surveillance

Dans l’Etat fédéral de Guerrero, tous les prêtres considérés comme sympathisants de la théologie de la libération sont l’objet d’une surveillance

renforcée, souligne «Proceso». Des agents du gouvernement ont été chargés

de surveiller, par exemple, les sermons de ces prêtres. 15 prêtres qui travaillent dans des milieux pauvres où sont actives des communautés de base,

sont sous haute surveillance. Ils ont été avertis qu’en cas de perquisitions, la police ne se laisserait pas arrêter par les portes des églises,

rapporte «Proceso», en s’appuyant sur des informations du vicaire général

d’Acapulco. (apic/kpr/fs/be)

3 août 1994 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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