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apic/Secte en Suisse
La Suisse, paradis des sectes? (201094)
Entre 30 et 85 sectes par million d’habitants: un record mondial
Lausanne, 20octobre(APIC) La Suisse pourrait bien être le paradis des
sectes. La liberté de croyance, l’indifférence, voire le secret bancaire
seraient à l’origine de l’implantation, en Suisse, de 200 à 600 sectes, selon des estimations que révèlent jeudi le quotidien lausannois «24 Heures».
Alors qu’aux Etats-Unis, on compterait 1,7 secte par million d’habitants,
en Suisse, cette densité se situerait quelque part entre 30 et 85 sectes.
Les massacres de Cheiry et de Salvan des adeptes, gourous ou autres faux
prophètes de la secte du Temple solaire avaient provoqué la crainte de certaines sectes implantées en Suisse sur les retombées possibles du drame à
leur encontre. Dans une rapide enquête menée par l’APIC auprès d’une dizaine d’entre elles, des responsables de l’Eglise de la scientologie et de la
secte Moon, entre autres, estimaient qu’une action répressive des pouvoirs
publics pourrait à l’avenir contrecarrer «leur mission».
Selon le pasteur Georg Schmid, professeur d’histoire des religions à
l’Université de Zurich, la Suisse abriterait environ 600 sectes. Un chiffre
que le spécialiste romand des religions, Raul Ranc, ramène nettement: guère
plus de 200. Chez «InfoSekta», point de contact et de conseil sur les sectes et les organisations analogues, Suzanne Schaaf penche elle aussi pour
un bon demi-millier, tout en insistant sur les problèmes de définition.
Si les chiffres avancés sont du domaine de l’évaluation, il est néanmoins possible d’esquisser un paysage, si lacunaire soit-il, du phénomène
secte en Suisse. En comparaison internationale, l’équipement de la Suisse
en sectes apparaît singulièrement privilégié. Selon une enquête de l’Institut pour l’étude des religions américaines, Rodney Stark, il y aurait en
Grande-Bretagne 604 sectes, soit 10,7 par million d’habitants, aux EtatsUnis 425, soit 1,7 million par habitants, et en Autriche 60, c’est-à-dire 7
par million habitants. Or en Suisse, selon les estimations évoquées, cette
densité se situerait quelque part entre 30 et 85 sectes par million d’habitants.
Le secret bancaire comme une invitation
Divers facteurs sont ainsi avancer pour expliquer la prolifération de
sectes en Suisse: la tolérance religieuse, dans un pays multiculturel et où
aucune religion n’est dominante; l’attachement à la liberté de croyance,
qui est, dit-on, la sacro-sainte condition d’une paix religieuse chèrement
gagnée dans les bagarres du Sonderbund; l’indifférence à la croyance d’autrui, l’épaisseur du secret bancaire, favorable aux transactions financières et l’absence de disposition légale ou réglementation aux trois niveaux;
enfin le monde politique qui ne verrait pas, dans cette situation, un problème.
De Berne à Genève, de Lausanne à Zurich, de Dornach à Thoune en passant
par bien d’autres villes, villages et régions, les sectes agissent et diffusent «leur message», plus ou moins ouvertement et avec plus ou moins de
discrétion aussi. Comme dans la région de Tramelan, au sud de Bienne, un
village qui a la solide réputation de cacher une foison de mouvements pas
très catholiques. Où mennonites et darbistes, par exemple, se bousculent
sans faire trop de bruit. (apic/24h/pr)