Pèlerinage des syro-orthodoxes à Einsiedeln à la mémoire des évêques enlevés en Syrie

Le 10 mai 2018, fête de l’Ascension, les chrétiens syro-orthodoxes de Suisse organisent un pèlerinage à Einsiedeln à la mémoire de deux évêques enlevés par des terroristes islamistes près d’Alep, au  nord-ouest de la Syrie, le 22 avril 2013, et portés disparus depuis lors.

Le pèlerinage d’une durée de cinq heures part de Lachen, au bord du lac de Zurich, dans le canton de Schwyz, pour rejoindre l’abbaye bénédictine d’Einsiedeln. La marche veut rappeler les menaces qui pèsent sur les chrétiens du Moyen-Orient, et le sort de l’archevêque syrien orthodoxe d’Alep, Mor Gregorios Yohanna Ibrahim, et de l’archevêque grec orthodoxe d’Alep et Iskenderun, Boulos Yazigi.

A Berne, les chrétiens de Turquie ont fait mémoire du génocide des Arméniens et des Assyro-Chaldéens en 2015 | © Jacques Berset

Kidnappés par des terroristes islamiques

Depuis leur enlèvement le 22 avril 2013, alors qu’ils se dirigeaient vers la frontière turque pour obtenir la libération de deux prêtres enlevés en février 2013, il n’y a plus eu aucune nouvelle d’eux. L’on craint qu’ils n’aient été exécutés par les terroristes.

Les fidèles veulent aussi faire mémoire du massacre des chrétiens araméens dans l’Empire ottoman lors de la Première guerre mondiale. Les chrétiens assyro-chaldéens ont été victimes en 1915, tout comme les Arméniens, d’un génocide commis sur ordre des «Jeunes Turcs», qu’ils appellent «Seyfo», littéralement «l’épée» ou «le sabre», en langue syriaque.

Abouna Kerim Asmar, prêtre syriaque orthodoxe, lors d’une manifestation en mémoire du génocide des Arméniens et des Assyro-Chaldéens en 2015 à Berne | © Jacques Berset

Le massacre des chrétiens de Turquie en 1915

A Einsiedeln, les pèlerins célébreront un service orthodoxe en rite syriaque dans une chapelle de l’abbaye bénédictine.

Outre les métropolites Gregorios Yohanna Ibrahim et Boulos Yazigi, kidnappés il y a cinq ans par les djihadistes, d’autres prêtres ont été enlevés en Syrie et sont toujours portés disparus. Les chrétiens, qui formaient le 12% de la population syrienne, ont été réduits de plus de la moitié depuis le début de la guerre, mais les musulmans qui le pouvaient ont, eux aussi, quitté le pays en masse.

«Il est très important pour nous de ne pas oublier ces évêques», a déclaré à kath.ch Jakob Halef, chrétien syro-orthodoxe et responsable de l’organisation, ainsi que tous les chrétiens persécutés au Moyen-Orient. L’événement commémoratif aura lieu cette année pour la cinquième fois et l’organisateur attend quelque 200 participants.

Œcuménisme

L’Eglise syro-orthodoxe (ou syriaque) en Suisse est membre de la Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse (CTEC CH) depuis 2015. L’Eglise syriaque a son siège à Arth, dans le canton de Schwyz, où se trouve le monastère Saint-Avgin (Saint-Eugène en araméen), un ancien couvent des capucins. Selon la CTEC, environ 10’000 chrétiens syriaques orthodoxes vivent en Suisse. 70 à 80 % d’entre eux viennent de Turquie, le reste d’Irak, de Syrie et du Liban. (cath.ch/be)

Mgr Gregorios Yohanna Ibrahim, archevêque syriaque orthodoxe d'Alep, et Mgr Boulos Yazigi, archevêque grec orthodoxe d'Alep et Iskenderun | © DR
7 mai 2018 | 11:43
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
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