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apic/Décès du Cardinal Enrique y Tarancon/Madrid
Espagne: Décès du cardinal espagnol Enrique (281194)
y Tarancon, ancien archevêque de Madrid
Une figure de la transition démocratique postfranquiste
Madrid, 28novembre(APIC) Le cardinal Vicente Enrique y Tarancon, ancien
archevêque de Madrid, est mort lundi à l’âge de 87 ans dans une clinique de
la ville de Valence, en Espagne. Le cardinal Enrique y Tarancon, décédé des
suites de problèmes des voies respiratoires, passe pour l’une des figures
symboles de la transition démocratique et pacifique du post-franquisme.
Dès avant l’agonie de la dictature du généralissime Franco, le cardinal
Enrique y Tarancon conduisit l’Eglise catholique espagnole sur la voie de
l’opposition au régime, lui permettant de prendre ainsi ses distances avec
un passé pesant. En compagnie du roi Juan Carlos et de l’ancien premier
ministre Adolfo Suarez, celui qui fut de longues années durant président de
la Conférence épiscopale espagnole fait partie des personnalités qui ont
facilité l’abandon en douceur de l’héritage franquiste.
Le cardinal Enrique y Tarancon est né le 14 mai 1907 dans la localité de
Burriana, au nord de l’Espagne, dans une famille aux revenus modestes. Ordonné prêtre en 1929 après avoir fréquenté le séminaire de Tortosa, le jeune aumônier fut nommé conseiller de l’Action catholique en Espagne à partir
de 1933. Passant au début pour conservateur et favorable au régime, il fut
nommé évêque de Solsona, en Catalogne, en 1945, à l’âge de 38 ans.
Avocat des tendances réformistes au sein de l’épiscopat espagnol
Il restera sur le siège de Solsona 18 ans durant; entretemps, dès 1956,
au poste de secrétaire général de la Conférence épiscopale espagnole, il se
fit de plus en plus l’avocat des tendances réformistes au sein de l’épiscopat. Durant le Concile Vatican II, il fut appelé dans plusieurs commissions. Le pape Paul VI le nommera en 1964 archevêque d’Oviedo, d’où il favorisera l’engagement de prêtres ouvriers dans les fabriques et les mines,
n’hésitant pas à se déclarer solidaire avec les exigences des grévistes.
Sa nomination comme archevêque de Tolède en 1969 lui donnera le titre de
primat de l’Eglise espagnole et lui ouvrira en même temps l’accès au cardinalat. Après deux ans passés à Tolède, il fut transféré à Madrid où il fut
archevêque jusqu’à que le pape accepte sa démission en avril 1983, à l’âge
de 76 ans. Bien qu’il figurait pour le régime franquiste sur la liste des
personnalités «non grata» du point de vue politique, les évêques espagnols
l’élirent cependant comme leur président en 1972, fonction qu’il occupa durant dix ans.
Le cardinal travailla à une séparation entre l’Eglise et l’Etat et demanda une révision du Concordat de 1953, pour limiter les immixtions de
l’Etat dans les affaires de l’Eglise espagnole. Il milite pour le respect
des libertés démocratiques et pour les droits de l’homme dans la dernière
phase de la dictature de Franco. Au début des années 70, il bénéficie même
d’une protection policière en raison de menaces de l’extrême-droite. Immédiatement après la mort du «caudillo» en 1975, il accompagne le processus
de transition démocratique, considérant que l’Espagne est désormais mûre
pour la démocratie. Depuis sa retraite, le cardinal Enrique y Tarancon
s’adonnait à des tâches pastorales et à l’écriture de ses mémoires, tout en
intervenant à l’occasion pour dénoncer l’ampleur croissante de la corruption en Espagne. (apic/kna/be)