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Visite de Jean Paul II en Sicile: Le pape dénonce (061194)

à Catane la mafia et les «autres forces occultes»

Plus de place pour la peur, l’inertie et la lâcheté

Catane/Syracuse, 6novembre(APIC) Le pape Jean Paul II, à l’occasion de sa

quatrième visite pastorale en Sicile, a lancé ce week-end un nouveau défi à

la mafia dans les villes portuaires de Catane et de Syracuse, hauts-lieux

du crime organisé. A son arrivée, vendredi soir, il avait appelé la foule

rassemblée devant la cathédrale de Catane à se mettre debout contre le mal,

soulignant qu’aujourd’hui, pour les citoyens, il n’y a plus de place pour

la corruption, la peur, l’inertie et la lâcheté. Un discours salué par le

maire de cette ville qui a déjà enregistré près d’une centaine d’assassinats mafieux depuis le début de l’année.

Dans un déploiement de mesures de sécurité impressionnant, le Souverain

pontife a répété son message prononcé en mai 1993 dans la célèbre vallée

des temples à Agrigente, appelant les Siciliens à sortir de leur résignation ancestrale et à ne pas céder à la tention de l’inertie, de la paresse

et de la peur qui conduisent à rester sans réaction et à accepter de façon

fataliste le mal et l’injustice.

Invitation aux jeunes à construire «civilisation de l’amour»

Lors d’une rencontre avec les jeunes dans le stade «Cibali» de Catane,

il a invité les nouvelles générations à construire la «civilisation de

l’amour» qui mettra fin à la corruption, à la violence et à la mafia, «à

Catane, en Sicile, dans toute l’Italie et dans le monde». Le pape les a mis

en garde contre une société de consommation qui cherche à utiliser la jeunesse comme un moyen pour des intérêts économiques pas toujours légitimes.

Il a également attiré l’attention sur les dangers d’une société de compétition dans laquelle, certaines fois, le prochain n’est plus considéré comme

un homme mais comme un rival potentiel.

Jean Paul II, dans un message remis à une délégation de jeunes détenus,

– qu’il aurait dû visiter dans la prison de jeunes de «Bicocca» à Catane

lors de sa visite reportée du printemps dernier – avait auparavant souligné

l’urgente nécessité pour la Sicile d’être délivrée et libérée «spécialement

du pouvoir de la mafia et d’autres forces occultes». Le chef de l’Eglise

catholique a relevé que celui qui se rend responsable de violences et d’actes tachés de sang humain devra en répondre devant la justice de Dieu.

Le pape fait mémoire du prêtre anti-mafia Giuseppe Puglisi, assassiné

Samedi, à l’occasion d’une cérémonie solennelle, le pape a béatifié à

Catane une religieuse italienne de Don Bosco, soeur Maddalena Caterina Morano (1847-1908), qui a travaillé comme éducatrice dans la ville portuaire.

«Un remarquable exemple de fidélité dans la foi et de solidarité», a souligné Jean Paul II. Le soir, sur la place de la cathédrale de Syracuse,

cette fois-ci sans nommer la mafia, Jean Paul II a une nouvelle fois exprimé son souci face au crime organisé et au taux élevé de chômage qui frappe

la cité, qui connaît un pourcentage de 30% de sans-emploi.

Le pape a appelé les «citoyens honnêtes» et toutes les forces saines de

la société à s’unir et à se défendre efficacement contre le crime organisé.

A cette occasion, il a prié pour toutes les victimes de la haine et de la

violence, et évoqué la mémoire du prêtre anti-mafia Giuseppe Puglisi, assassiné à Palerme le 15 septembre 1993. (apic/cic/be)