Une membre du “groupe vert”, regroupant les jeunes militants pour la dépénalisation de l’IVG | © Keystone
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Argentine: l'apostasie collective a le vent en poupe depuis le vote sur l'avortement

De nombreux Argentins ont décidé de se faire «débaptiser» suite au fort engagement de l’Eglise catholique pendant la campagne sur la légalisation de l’avortement. Répondant à une campagne lancée par la Coalition argentine pour un Etat laïc (CAEL) à travers les réseaux sociaux, l’apostasie collective a le vent en poupe dans tout le pays.

Le projet de loi de légalisation de l’avortement en Argentine, adopté à une courte majorité par les députés en juin dernier, a été rejeté le 8 août 2018 par 38 sénateurs contre 31 et 2 abstentions. Mais face à l’IVG, la société argentine, traditionnellement catholique, est plus divisée que jamais. L’Eglise catholique, tout comme les évangélique, s’était mobilisée pour faire échec à la légalisation de l’IVG.

Rayés des registres de baptême

Bien que la CAEL ait été fondée il y a douze ans et ait organisé la première apostasie collective en 2009, l’intérêt pour la désaffiliation de l’Eglise catholique a augmenté ces dernières semaines pendant le débat sur l’avortement et surtout après que le Sénat ait rejeté le projet de loi pour le légaliser. Beaucoup de gens qui demandent de sortir de l’Eglise et d’être rayés des registres de baptême ont été baptisés pendant leur enfance, mais ne se reconnaissent pas comme catholiques pratiquants.

Selon la CAEL, le 9 août dernier, plus de 2’500 personnes ont signé un document de renonciation à leur baptême, dont près de la moitié à Buenos Aires. La polarisation de la société argentine en matière d’interruption volontaire de grossesse a conduit de tous côtés à de graves manifestations d’intolérance. Au lendemain du vote négatif du Sénat, des inconnus ont lancé de la peinture contre la paroisse de la Sainte-Famille de Cipolletti, dans le diocèse d’Alto Valle del Rio Negro.

Attaques contre des églises

Après le décès ces derniers jours de plusieurs femmes jeunes et pauvres, suite à des avortements clandestins (plus de 350’000 par an, selon le Ministère argentin de la santé, bien davantage selon d’autres sources) la tension est encore montée d’un cran. L’Eglise a une nouvelle fois été la cible d’attaques le 20 août 2018. Au moins trois églises de Buenos Aires, ce jour-là, ont été la cible des pro-avortements qui ont lancé de la peinture contre les façades et écrit des slogans en faveur de la décriminalisation de l’avortement.

La paroisse de Santa Maria de Betania, le sanctuaire de Jesus Sacramentado et l’église de Nuestra Señora de los Dolores, tous situés dans le quartier d’Almagro, ont été maculés de peinture. Les graffitis sur les murs ont scandalisé prêtres et fidèles, selon le quotidien Clarin du 20 août 2018. «Quand j’ai ouvert la porte ce matin, je suis tombé sur des affiches et une tache de peinture, que je croyais être du sang…», a déclaré le Père Salvador, vicaire de l’église de Santa Maria de Betania.

Menaces inquiétantes

Sur des affiches, accrochées à l’entrée de l’église, on pouvait lire: «La seule église qui éclaire est celle qui brûle» et «Les filles mortes ne reviennent plus, vous êtes responsables».

Dans le sanctuaire de Jesus Sacramentado, il y avait aussi des graffitis et des cintres suspendus, en allusion claire à l’instrument que beaucoup de femmes utilisent de façon dangereuse pour se faire avorter. Une autre pancarte réclamait la séparation de l’Eglise et de l’Etat.  (cath.ch/clarin/be)

Une membre du «groupe vert», regroupant les jeunes militants pour la dépénalisation de l’IVG | © Keystone
21 août 2018 | 13:54
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 2 min.
Argentine (180), Avortement (182), CAEL (1), Etat laïc (5), IVG (41)
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