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apic/Dernière messe de Mgr Gaillot/Evreux
Evreux: Dernière messe de Mgr Gaillot dans sa cathédrale (220195)
15’000 personnes pour dire adieu à l’évêque révoqué
Evreux, 22janvier(APIC) Pour la dernière messe de Mgr Jacques Gaillot
dans sa cathédrale d’Evreux, on attendait près de 50’000 personnes dimanche
après-midi dans la petite ville de Haute-Normandie. Si les journalistes et
les télévisions étaient bien au rendez-vous, venus des pays voisins, et même des Etats-Unis – une cinquantaine de radios et de chaînes de télévision
s’étaient accrédités – la foule massée à l’extérieur de la cathédrale bondée, sur la place et dans les rues avoisinantes battues par la pluie et le
vent, était quant à elle estimée à 15’000 personnes.
En raison du mauvais temps, une partie de la foule – qui était arrivée
par 14 trains spéciaux et près de 350 cars – s’est réfugiée dans les bistrots et a suivi la cérémonie grâce aux hauts-parleurs installés un peu
partout par la Ville d’Evreux. Les trains spéciaux arrivant à la gare
d’Evreux étaient même accueillis par le chef de gare, qui remerciait les
voyageurs «d’être venus saluer notre évêque Jacques Gaillot».
Plusieurs évêques avaient fait le déplacement pour manifester leur amitié à Jacques Gaillot et concélébrer la messe avec lui: notamment Mgr Jacques Noyer, évêque d’Amiens, Mgr Léon Taverdet, évêque de Langres, Mgr Michel Saudreau, évêque du Havre, Mgr Guy Deroubaix, évêque de Saint-Denis.
Plus d’une centaine de prêtres entouraient également l’autel. Etaient également présents le Père Zobel, Abbé de l’Abbaye du Bec-Hellouin, Guy Gilbert, le «prêtre des loubards», les prêtres et diacres du département, des
prêtres ouvriers ou diocésains par dizaines, des diacres, des moines et moniales, sans oublier les nombreux représentants des mouvements d’action
catholiques…
Stoïques sous la pluie, la foule bigarrée, composée de gens de tous âges
et de toutes conditions, jeunes et vieux, croyants et agnostiques, voire
athées, immigrés musulmans avec leur Coran, un certain nombre de marginaux
d’exclus et de sans domicile fixe, des Français, nombreux Belges également,
quelques Suisses… On pouvait même apercevoir dans ce rassemblement disparate une banderole de la Ligue Communiste Révolutionnaire d’Alain Krivine!
A son arrivée, Mgr Jacques Gaillot, radieux, a dit que c’était le plus
beau jour de sa vie d’évêque à Evreux. Dans son message relayé par hautsparleurs dans toute la ville, Mgr Gaillot a relevé que quand il a pris ses
fonctions, la foule des fidèles ne remplissait pas totalement la cathédrale, alors qu’aujourd’hui c’était strictement impossible de mettre tout le
monde à l’intérieur, «une foule immense, dont beaucoup ne se réclament pas
de l’Eglise».
Evoquant «une onde de choc extraordinaire», il a dit que c’était «comme
si désormais on ne pouvait plus décider ou choisir sans tenir compte de
vous», c’est-à-dire la société et les chrétiens de base. A son entrée dans
la cathédrale, dans la bousculade des photographes et les applaudissements
nourris, le service d’ordre a eu bien du mal à contenir la foule. La cérémonie se voulait placée sous le signe du refus de l’exclusion en Eglise et
du rappel du synode diocésain, marqué par la participation des laïcs et la
coresponsabilité.
Aux opprimés la libération
Régulièrement interrompu par les applaudissements des quelque 2’500 à
3’000 personnes qui avaient trouvé place dans la cathédrale d’Evreux, Mgr
Gaillot a demandé dans son homélie qu’il n’y ait pas de haine: «Pas de violence en nous, notre coeur n’est pas fait pour haïr». Faisant allusion à la
réalité du monde, il a encore déclaré: «Que la terre tremble au Japon, que
les hommes s’entredéchirent en Tchétchénie, que des jeunes sans travail errent dans les nuits fauves des banlieues suffit à la détresse de Dieu».
S’appuyant sur le prophète Isaïe, il encore a dit: «L’esprit du Seigneur
est sur moi, il m’a envoyé apporter aux opprimés la libération…»
A la fin de l’office, les laïcs qui ont des responsabilités dans le diocèse sont venus entourer Mgr Gaillot, main dans la main. Un prêtre animant
l’association «Evreux Sans Frontières», l’abbé Deloger, a ensuite fait une
déclaration disant que la sanction contre Mgr Gaillot était irrespectueuse
de la dignité de la personne et qu’elle compromet le dynamisme de ceux qui
vivent aux côtés des exclus: «Ne restez pas sourds à notre cri». Secrétaire
général du Conseil presbytéral du département de l’Eure, l’abbé Deloger,
curé de Gaillon, a demandé, dans un tonnerre d’applaudissements, que soit
redonnée à Mgr Gaillot une charge épiscopale réelle.
Le collectif «Evreux Sans Frontières» appelle à une «Marche pour le dialogue» qui partira lundi d’Evreux pour arriver à Paris le samedi 4 février.
Une malle contenant les messages et les pétitions en faveur de Mgr Gaillot
sera transmise d’étapes en étapes pour aller jusqu’à Paris, avant d’être
envoyée à Rome. (apic/jcn/dv/be)