Prague: Interview de Mgr Tomasek, primat de Tchécoslovaquie (050488)

«Le gouvernement ne peut pas faire ce qu’il veut avec les catholiques»

Prague/Vienne, 5avril(APIC) Selon le primat de Tchécoslovaquie, le cardinal Frantisek Tomasek, le gouvernement tchécoslovaque «a encore plus perdu

de sa crédibilité» avec l’intervention de la police contre la manifestation

de Bratislava en faveur de la liberté religieuse, le 25 mars dernier. Dans

une interview accordée au quotidien autrichien «Kurier», l’archevêque de

Prague qui est âgé de 89 ans, parle de «faux-pas évidents» des autorités

lors de la manifestation de Bratislava.

Mgr Tomasek avait compté avec une opposition des autorités, mais pas

d’une façon si extrême. Une telle intervention de la police serait, selon

le cardinal, «impensable à Prague». «Les Slovaques sont plus émotifs que

les Tchèques», a ajouté le cardinal.

«La manifestation de Bratislava est un pas pour plus de liberté religieuse que le gouvernement doit prendre en considération», affirme Mgr Tomasek

qui n’exclut pas d’autres manifestations. Le gouvernement devrait «agir à

l’avenir avec plus de prudence», estime le prélat qui affirme sa conviction

que le gouvernement ne peut pas faire ce qu’il veut avec les catholiques de

Tchécoslovaquie. Au sujet de l’initiative des laïcs catholiques qui agissent pour une pleine liberté religieuse en Tchécoslovaquie par le biais

d’une vaste pétition nationale et de manifestations, le primat déclare:

«L’Eglise n’est pas une création du pape, elle est composée de 99% de

laïcs. La voix des laïcs doit être entendue. C’est le devoir des laïcs de

manifester pour leurs droits.» L’affirmation par les médias tchécoslovaques

que la manifestation était «dirigée de l’étranger» a été qualifiée par le

cardinal de «mauvaise excuse de quelques représentants du parti.»

La nouvelle rencontre entre le gouvernement tchécoslovaque et le SaintSiège qui commencera le 11 avril à Rome, fait remarquer le cardinal Tomasek, ne tiendra pas compte dans la négociation de l’Eglise qui est en

Tchécoslovaquie : «Le gouvernement négociera à Rome sur nous, mais sans

nous», a-t-il déclaré. Le cardinal émet l’espoir que quelques uns des sièges épiscopaux vacants de son pays pourront être occupés. «En Hongrie, en

Yougoslavie, en Pologne et en Allemagne de l’Est, tous les diocèses sont

occupés, pourquoi pas chez nous», s’est demandé Mgr Tomasek. (apic/kpr/bd)

5 avril 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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