Père Lombardi: le scandale des abus sexuels est un «moment critique» pour l'Eglise    

La crise des abus sexuels et de leur gestion est un «test de la capacité de l’Eglise à se renouveler», a considéré le Père Federico Lombardi le 27 février 2019.

Modérateur du sommet sur la protection des mineurs organisé au Vatican, du 21 au 24 février, le Père Lombardi avait été invité par l’ambassade de France près le Saint-Siège à un échange public avec la journaliste Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef du quotidien français La Croix et ancienne vaticaniste.

Le sommet pour «contextualiser» le problème

Les abus sexuels, a considéré le jésuite italien, sont un «problème qui pénètre au fond de la conscience, de la manière d’être et des relations de l’Eglise». Pour lui, les chrétiens doivent affronter «sans peur mais avec longue haleine» cette problématique «très dure». En effet, a-t-il insisté, cette crise est «un moment critique, un test de la capacité de l’Eglise à se renouveler» pour l’annonce évangélique.

Le Père Lombardi est également revenu sur le discours du pape François de conclusion du sommet sur la protection des mineurs. Celui-ci avait étonné, voire déçu, en raison de l’absence d’annonce concrète et d’une approche considérée trop distante des problèmes au sein de l’Eglise. Selon le modérateur, les évêques présents ont au contraire été «très heureux» de cette intervention qui a permis de «contextualiser [le problème] et de poser la responsabilité et la mission de l’Eglise dans l’humanité entière».

«Agir avec les victimes»

Avant le sommet, a encore considéré l’Italien, beaucoup de présidents de conférences épiscopales n’étaient «pas encore vraiment conscients» de la réalité des abus sexuels. Si c’est désormais le cas pour eux, cela doit maintenant être «compris» par «tous les évêques et dans tous les mouvements ecclésiaux». La prévention des abus, a considéré l’ancien directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, passe notamment par une vision moins cléricale. Dans certains pays, a-t-il affirmé, existe un «accent excessif sur la dignité» sacerdotale, faisant de ce ministère «un pouvoir et non plus un service».

Pour sa part, Isabelle de Gaulmyn est revenu sur ‘l’affaire Preynat’ à laquelle elle a consacré un ouvrage en 2016. Grâce à la parole des victimes du Père Preynat, a-t-elle assuré, les évêques français «ont compris qu’il fallait agir avec les victimes». Si cela a été un «long cheminement», cette prise de conscience a abouti à l’audition de victimes par l’assemblée plénière de la Conférence des évêques de France en novembre dernier.

Par ailleurs, le Père Lombardi a estimé que depuis 2010, environ 75 évêques dans le monde avaient dû renoncer à leur ministère épiscopal en raison de leur mauvaise gestion des affaires d’abus commis par des membres du clergé de leur diocèse. (cath.ch/imedia/xln/rz)

28 février 2019 | 16:34
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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