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apic/Belgique Livre Blanc(Pape/Lettres

Bruxelles: 250 lettres de chrétiens de Belgique

et de France réunies dans un «Livre Blanc à Jean-Paul II» (061295)

Bruxelles, 6décembre(APIC) «L’exclusion de Mgr Gaillot a fait et continue

à provoquer un terrible «chambardement» au sein de notre communauté chrétienne, même au coeur de notre famille. Mes enfants ne parviennent pas à

comprendre la décision du Vatican… L’Eglise n’est-elle pas la mère de

tous?» Cette lettre d’une grand-mère, aurait pu être signée par nombre de

chrétiens, dont 252 lettres ont été rassemblées dans un «Livre Blanc à Jean-Paul II» (152 pages), qui vient d’être publié en Belgique.

Au lendemain de la destitution de l’ancien évêque d’Evreux, de nombreuses voix se sont fait entendre dans les différents diocèses pour exprimer

leur soutien à Jacques Gaillot et leur stupéfaction devant une décision jugée «autoritaire» et «révélatrice d’un manque de dialogue» de la part du

Vatican. Loin de se limiter à la seule affaire Gaillot, la prise de parole

a couvert une multitude de préoccupations portées dans l’Eglise. C’est dans

ce contexte qu’un groupe de la région de Rochefort, dans le diocèse de Namur, a eu l’idée de ce «Livre Blanc».

Le groupe à l’origine de ce livre, coordonné «à titre personnel» par

l’abbé Marcel Gravet, curé à Laloux (Rochefort), a encouragé tous ceux qui

le souhaitaient à s’exprimer «librement» et «sereinement». Les lettres sont

venues d’un peu partout en Belgique francophone, mais également de Flandre

et quelques-unes de France. Au total, 160 lettres individuelles (dont cent

sont signées par des femmes) et beaucoup de lettres collectives émanant de

communautés chrétiennes, de groupes divers, de prêtres, de couples…

Le cri d’un peuple

Les signataires, qui ont accepté la publication de leur lettre, sont

pour la plupart des adultes d’âge mûr. Beaucoup font référence à leurs enfants et à leurs petits-enfants. Le livre, souligne le Comité de rédaction,

est pour ses auteurs, «le cri d’un peuple, l’expression d’un mal-vivre». La

révocation de Mgr Gaillot a été «la goutte qui fait déborder le vase».

Un homme de 77 ans, marié et père de huit enfants, écrit: «Nous ne nous

retrouvons plus dans l’Eglise. Quand je pense aux espoirs qu’avait fait

naître la nomination du Pape, quelle désillusion aujourd’hui! Je le crois

de bonne foi, mais se prétendre le Serviteur des Serviteurs de Dieu, alors

qu’il confond fidélité et entêtement? Et qu’il continue à marteler ses vérités comme s’il était propriétaire de la Vérité?»

Pour une Eglise à l’écoute

Devant l’ampleur du courrier reçu (certaines lettres dépassaient les

vingt pages), le Comité de rédaction du livre a choisi de classer les contenus. Une trentaine de thèmes ont présidé au découpage des lettres pour la

publication des extraits. La première partie du livre exprime surtout les

attentes des uns et des autres à l’égard de l’Eglise. Beaucoup pourraient

signer cette supplication adressée au pape par des jeunes: «Vous êtes au

service du peuple de Dieu et vous ne nous écoutez pas beaucoup. Si nous

frappons à votre porte, c’est que nous voulons, nous aussi, travailler avec

vous.» D’autres semblent perdre patience: «Nous n’avons pas envie de nous

battre pour que «vive» une Eglise qui ne nous écoute pas».

La seconde partie du livre montre, lettres à l’appui, que de nombreuses

questions suscitent l’intérêt des chrétiens: l’annonce de l’Evangile, le

Concile Vatican II, l’ouverture au monde des différences, la liberté et

l’autorité, la fraternité et la solidarité avec les pauvres. Il s’en dégage

un «rêve d’Eglise». «Un Dieu qui n’inspire pas l’imagination est en danger», écrit un chrétien qui s’interroge sur l’éloignement du catholicisme

par rapport aux réalités humaines et sociales de tous les jours. La phrase

est reprise en écho dans la postface de Gabriel Ringlet, qui plaide pour

une Eglise où tous «les artistes du peuple de Dieu» puissent jouer leur rôle, car «il y a peu de pièces pour un homme seul au répertoire».

Appel au dialogue

Comme prévu, les lettres originales ont été confiées au nonce apostolique à Bruxelles, qui les a montrées à Jean-Paul II lors de sa venue en Belgique pour la béatification du Père Damien. Les lettres ont ensuite été

transmises à la Secrétairerie d’Etat du Vatican qui, par retour du courrier, a encouragé les signataires à continuer d’être, comme la plupart le

désirent, «des bâtisseurs de la vie et de l’Eglise», ainsi que des «témoins

de l’Evangile».

Le cardinal Danneels a lui-même reçu une copie des lettres désormais publiées dans «Livre Blanc à Jean-Paul II». Le Comité de rédaction compte à

présent sur les lecteurs du livre, depuis les simples fidèles jusqu’aux

évêques, pour «faire avancer le dialogue dans l’Eglise et l’exploration de

pistes nouvelles pour l’avenir». Il lance au passage un appel aux chercheurs qui voudraient étudier «le langagage employé» et «la richesse des

suggestions» proposées en vue de dégager ces pistes ou de les affiner.

(apic/cip/pr)

«Livre Blanc à Jean-Paul II», Bruxelles, éditions EPO, 1995, 152 p., Comité

de rédaction: abbé Marcel Gravet, rue St-Barthélemy, 8 – 5580 Laloux (tél.

084/37.73.41; fax 084/37.70.47).

6 décembre 1995 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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