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apic/Frei Betto/Eglise
«Si nous changeons la société, nous changerons l’Eglise», dit Frei Betto
Le syncrétisme a infiltré la pratique du christianisme? (140696)
Faux, répond le théologien brésilien
Sao Paulo, 14juin(APIC) «Si nous changeons la société, nous changerons
l’Eglise», affirme le théologien brésilien de la libération Frei Betto. Qui
n’est pas de l’avis de ceux qui déclarent que le syncrétisme a infiltré la
pratique du christianisme dans son pays. Le dominicain note qu’au XXe siècle, 90% des ruptures survenues dans l’Eglise sont venues de la droite.
Le syncrétisme, souvent mis sur la sellette par des chrétiens conservateurs, pour qui le terme a une connotation péjorative, est la fusion d’éléments religieux, culturels, de provenances diverses. Frei Betto, frère de
l’Ordre des dominicains, journaliste et écrivain, a déclaré au journaliste
de Latinamerica Press que la foi pratiquée par tout chrétien était syncrétiste.
«Il est impossible de trouver quelqu’un dont la foi ne soit pas syncrétiste», a-t-il fait observer. «Même le pape a une foi syncrétiste parce
qu’il croit en la propriété privée et pense que le capitalisme est mieux
que le socialisme. Il combine son idéologie avec sa foi en Jésus Christ.
Aucune foi n’est chimiquement pure, toute foi a une composante syncrétiste».
Frei Betto considère comme positive l’influence de la religion africaine
sur le christianisme brésilien: «Le syncrétisme dans l’Eglise brésilienne
n’a pas de connotation négative … c’est un fait de la vie.» Ainsi, les
santeria, religions influencées par l’Afrique, sont un élément très fort au
Brésil».
«De nombreuses personnes ne réalisent pas que le Brésil compte la deuxième population noire, après le Nigéria. Il y a 50 millions d’Afro-Brésiliens, et ceci a eu une influence importante sur notre culture et notre religion».
Malgré les pressions conservatrices du Vatican, a précisé Frei Betto,
«la théologie de la libération n’est pas une théologie qui existe en marge
de l’Eglise, mais elle est au coeur de l’Eglise. Il existe certaines différences entre la théologie de la libération et le pape, mais nous n’avons
jamais voulu une rupture avec l’Eglise catholique. Nous avons toujours voulu garder notre théologie dans le cadre de l’Eglise».
«Curieusement, au 20e siècle, 90 % des ruptures survenues dans l’Eglise
sont parties de la droite. Nous, qui nous situons à gauche, ne désirons pas
rompre avec l’Eglise. Pourquoi? Parce que notre objectif fondamental n’est
pas de changer l’Eglise mais la société. Si nous changeons la société, nous
changerons l’Eglise». (apic/eni/pr)